« Trop semblable à l’éclair » d’Ada Palmer

En 2454, Mycroft Canner est un paria, suite à un crime horrible qu’il a commis lors de son adolescence. Mais ses talents uniques en font le confident des puissants, et un serviteur aussi utile que discret.

Alors, quand est volée la liste des Sept-Dix, un document politique essentiel, c’est à lui que l’enquête est confiée. Mais rapidement Mycroft se retrouve embarqué dans un complot politique d’une ampleur inédite, difficilement pensable dans une société utopique d’où le crime a presque été banni.

Et il protège lui-même un secret explosif : un enfant capable de miracles, dont l’existence même remet en cause l’abolition des religions, autre aspect inédit lié aux réformes mondiales qui ont suivi les guerres du XXIIe siècle.

Ce roman est la première partie d’un récit couvrant les sept jours qui bouleversent cette société futuriste, essentiellement vue à travers le journal de Mycroft (dûment archivé par l’administration des Maçons), plus quelques documents officiels.

Les thèmes abordés sont profondément marqués par les réflexions d’historienne de l’autrice, spécialiste du XVIIIe siècle, comme la réhabilitation des criminels (Ada Palmer est contre la peine de mort) ou encore le vivre-ensemble : les nations n’existent plus, remplacées par sept Ruches que chacun choisit, lorsqu’il devient majeur, en fonction de ses affinités. La famille a elle aussi été redéfinie, laissant place au concept de bash.

Même le genre est désuet dans cette société individualiste au sens le plus strict du terme. L’aspect le plus amusant du journal de Mycroft est son refus de se conformer à l’étiquette non-genrée (la traductrice a choisi « on » et « ons » pour rendre « they », une excellente idée). Mais Mycroft genre les personnages en se basant sur leur comportement, d’où un changement de genre à mi-parcours pour l’un d’entre eux !

Concernant la place des croyances dans la société, il est interdit de débattre de religion entre plus de deux personnes, et toutes les religions constituées ont été abolies, considérées comme de l’obscurantisme. Si trois personnes ou plus veulent débattre de spiritualité, elles le font en présence d’un sensayer, sorte de censeur à qui il est interdit de faire la promotion d’une religion donnée. Mais les pouvoirs miraculeux de l’enfant protégé par Mycroft risquent de remettre cela en cause, car ils évoquent ceux du Christ ou d’un demi-dieu…

Tous ces thèmes sont également importants dans l’actuel débat politique américain, voire occidental. C’est un excellent texte  ! Et une nouvelle autrice à suivre ! En prime, elle est aussi chanteuse et compositrice de Sundown, un cycle a capella sur le thème de la mythologie nordique (Voir sassafrassmusic.com). Une version scénique a été montée à la convention Balticon 2013.

Chronique de Béryl ‘1873’ Asterell

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

Consultez aussi...

« Widjigo » d’Estelle Faye

Justinien de Salers, un noble breton ivrogne et dépravé, fuit Paris pour l’Amérique du Nord. …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

WP2Social Auto Publish Powered By : XYZScripts.com