David Mingolla est un jeune Américain engagé dans une guerre ancestrale opposant deux familles d’Amérique latine. Dans un coin du Guatemala surnommé La Fourmilière, il rencontre une jeune femme, Debora, qui lui demande de la suivre jusqu’à Panamá. Ne voulant pas déserter, il refuse.
Très vite, il se fait remarquer par les « Services Psy. » de l’armée parce qu’il possède un don, celui d’influencer (ou même de détruire) les esprits par la pensée. Don qui peut même être renforcé par l’absorption massive de drogues. Il sera envoyé en formation, puis en mission…
Si ce petit résumé peut paraître abscons, c’est que l’abord de ce livre est loin d’être évident. Desservi par une traduction parfois aléatoire (des mots tels que « ballon de base-ball » dans la bouche du personnage principal – américain – m’ont choqué, et je ne cite là que l’exemple le plus probant), et par une couverture mensongère (la guerre n’est ici qu’un décor plus ou moins proche), La Vie en temps de guerre est pourtant un grand roman.
Brassant des thèmes chers à Lucius Shepard, comme la drogue (et son fameux Sammie, qu’il reprendra plus tard dans la novella Aztechs, parue aux éditions Le Bélial’ en 2005) ou la spiritualité, ce roman est tout sauf un livre où les aventures s’enchaînent à un rythme effréné. Il s’agit plutôt d’une longue réflexion sur ce qu’est la vie, ou plus exactement sur ce que représente l’existence des êtres humains pendant ces moments si particuliers que sont les temps de guerre. En ne nous montrant que le résultat des combats, Shepard nous livre une réflexion sur l’absurdité de la guerre en général. Ainsi, lorsque la vendetta familiale et ancestrale qui oppose les Madradona et les Sotomayor semble sur le point de se résoudre enfin, elle reprend de plus belle à la moindre occasion.
Bien que nécessitant à certains moments un peu de concentration, la lecture de ce roman demeure tout le temps fort agréable. Porté par une plume splendide, le récit qui nous est donné ici est d’une densité incroyable, avec des moments à la limite de l’hallucinatoire, de l’incantatoire parfois aussi.
Datant de 1987, ce roman n’a rien perdu de son acuité, ni pris la moindre ride. La dernière édition française de La Vie en temps de guerre remontait à 1996 (Livre de Poche), rendant son accessibilité assez réduite. Saluons donc l’initiative des éditions Mnémos de le rééditer dans sa collection Dédales, permettant à tous de découvrir un auteur exigeant, pas toujours aisé à lire, donc, mais totalement indispensable.
Chronique de Antoine ‘1589’ Chalet
Éditeur | Mnémos |
Auteur | Lucius Shepard |
Pages | 368 |
Prix | 22€ |
Nous en pensons ...
Notre avis
3.9
Lucius Shepard nous livre une réflexion sur l’absurdité de la guerre en général.