Bon, je pourrais vous raconter les grands traits de l’histoire, mais il ne faut pas lire ce bouquin pour son intrigue car celle-ci est parfaitement tirée par les cheveux et bourrée d’invraisemblances. Ecrit à l’intention d’un public jeune pour dénoncer les dérives auxquelles peut conduire un machisme extrême mais malheureusement réellement présent dans notre monde, il donne sa propre solution, tout cela dans un contexte assez new-age (la chamane aux douze enfants mérite à elle seule la palme du meilleur fumage de moquette). Son originalité est qu’il met vraiment les « poings » sur les i sur la condition féminine.
En effet des choses qui jusqu’ici n’avaient jamais été dites, ni même pensées, sont exposées ici clairement et sans détour. A travers ce combat d’une femme pour sortir de sa condition (soumission aux hommes, voile et cuisine à vie, polygamie, marquage au fer rouge comme du bétail !!!), on voit apparaître des choses dont votre servante n’aurait jamais cru possible de les voir exprimées un jour dans sa jeunesse : la transmission du nom par la mère, le partage des tâches – le vrai, pas celui où l’homme « participe » – et même une androphobie violente de la part de l’héroïne, étape nécessaire vers sa libération intérieure.
Tous les intégrismes possibles sont évoqués puis dénoncés: soumission totale de la femme à l’homme au début de l’histoire, puis l’excès inverse. L’auteur propose une 3e voie possible pour le couple de héros dont aucun n’aurait pu exister dans la réalité parce qu’on ne se libère pas comme ça de ses conditionnements culturels et des pressions de la société dans laquelle on vit, et que les ovnis n’existent pas à l’état naturel. Autrement dit, Sohane n’aurait jamais pu s’exprimer aussi librement que dans l’histoire si son monde existait réellement. C’est pareil pour Elam (« mâle » à l’envers, hasard ou coïncidence ?) qui profite de ce monde et fait pourtant sa part de chemin depuis l’opposé tout aussi « naturellement ».
Tout n’est pas à jeter, loin de là. Il faut retenir de ce livre malgré ses maladresses qu’il met à plat tous les aspects de la condition féminine laquelle inclut le douloureux fardeau que porte Sohane et dont Elam, dans une belle preuve d’amour, l’aidera à se soulager. Les solutions sont gentilles à défaut d’être crédibles car vivre uniquement d’amour et d’eau fraîche est bien tant qu’on n’a pas de rage de dents mais qu’il n’existe pas de dentiste pour cause de civilisation un peu primitive, mais bon… Il reste intéressant à placer entre les mains de jeunes des deux sexes et de toutes origines afin qu’ils apprennent à se poser les bonnes questions et à apporter un jour la réponse adaptée à notre monde qui en aurait bien besoin. Et surtout, qu’ils entament enfin un dialogue sans tabou sur un sujet un peu trop systématiquement passé en profits et pertes : celui de la femme…
Chronique de Corinne ‘97’ Bousquet
Éditeur | Mango |
Auteur | Eric Simard |
Pages | 190 |
Prix | 9€ |
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Notre avis
3.0
Malgré ses maladresses qu’il met à plat tous les aspects de la condition féminine