(La présente critique concerne en fait deux recueils, La Station de l’agnelle et Dix Jours sans voir la mer )
À travers la vingtaine de nouvelles contenues dans ces deux recueils, le lecteur assiste avec plaisir au cycle de reproduction des pères Noël ou aux derniers débats des dinosaures. C’est bien par ces textes totalement absurdes, entremêlant différents niveaux de compréhension que l’on apprécie le plus J.-C. Dunyach… Malgré le cynisme et le désespoir sous-jacents dans la plupart des récits, on rit énormément à leur lecture. On peut ainsi citer les textes de loin les plus appétissants : Mémo pour action, En attendant les porteurs d’enfants ou Rapport sur les habitudes migratoires des pères Noël.
Des textes comme La station de l’Agnelle où même Les parallèles ont au contraire un côté beaucoup plus solennel et poétique. Le premier, très beau et triste donne d’ailleurs à juste titre son nom au premier recueil de nouvelles.
Au niveau de la variété de ton -sur un même accord cynique quand même ! – on est gâté. À la poésie émouvante de Dix jours sans voir la mer, Les parallèles ou encore de La station de l’Agnelle -qui décidément a une place à part- répondent des textes de pure horreur comme Sucre filé ou L’heure des vers….sans oublier Des gens qui cliquettent . Le délire est pour sa part très bien représenté à travers des textes complètement loufoques, ou diverses trouvailles comme la chenille pondeuse de cabines de communication.
Malheureusement ces deux recueils ont aussi leurs points faibles. La diversité évoquée précédemment signifie aussi que l’on trouve du bon et malheureusement du moins bon. J’ai personnellement trouvé la moitié des nouvelles inintéressantes et désagréables à lire. Cela doit tenir au style si particulier de J.-C. Dunyach qui est très cynique. On se trouve assez souvent à suivre une histoire dans une atmosphère dépressive qui mène à une conclusion programmée encore plus désespérante. Beaucoup de textes se résument à une simple idée, souvent intéressante mais « lancée » à la figure du lecteur sans – je trouve – avoir été vraiment exploitée. Les récits horrifiques sont un assez bon exemple pour expliquer la déception éprouvée :
J.-C. Dunyach distille – par exemple dans L’heure des vers – une atmosphère oppressante, stressante mais le format court de la nouvelle fait que, comme la fin n’a pas grand chose de particulier (ce n’est pas une « chute », il est à ce propos amusant de noter qu’une des nouvelles s’intitule Histoire d’amour avec chute pour bien marquer sa particularité ) tout le récit se joue sur un ton monocorde. On peut apprécier un tel ton pendant tout un chapitre d’un roman, mais pas forcément comme un récit en soi.
Comme il serait dommage de terminer sur une note pessimiste, je dirais que comme pour tous les recueils de nouvelles, on choisit ces livres pour leurs meilleurs textes, et ces deux tomes contiennent des perles. Quant au style de J.-C. Dunyach, vous vous découvrirez peut-être un goût pour une poésie douce-amère assez désespérée…
Chronique de Noël ‘1150’ Perrier
Éditeur | L’Atalante |
Auteur | Jean-Claude Dunyach |
Pages | 124 et 127 |
Prix | 49F |
Nous en pensons ...
Notre avis
4.1
Malgré le cynisme et le désespoir sous-jacents dans la plupart des récits, on rit énormément à leur lecture.