» Tu chercheras un pays qui est appelé Northumberland. Il se trouve que cette terre est si pleine de grandes forêts qu’elle est peu connue de ceux-là mêmes qui y vivent : il y a des régions où personne n’a encore pénétré.
C’est là que tu habiteras ; quant à moi je te rendrai visite et je te conterai tout ce qui sera nécessaire pour continuer ce livre que tu as commencé. Et tu auras bien intérêt à t’y appliquer, car tu en recevras un bon salaire : de ton vivant un sentiment d’accomplissement et, après ta mort, la joie éternelle. En outre ton œuvre sera désormais, aussi longtemps que le monde durera, racontée et appréciée. »
Paroles de Merlin à Blaise, son scribe (extraits du Merlin de Robert de Boron)
Le prix Merlin récompense depuis 2002 un roman et une nouvelle de fantasy ou de fantastique parus l’année précédente. Il n’y avait pas en France de prix du public pour la fantasy francophone. Merlin nous a semblé être le personnage idéal pour en être le patron.
Il représente toutes les facettes du genre : c’est un » démon « , un prophète et un enchanteur. Il est à lui seul un type littéraire, un motif maintes fois revisité dans les récits médiévaux et, plus tard, dans les récits de fantasy. La figure qu’il incarne est universelle.
Merlin est à l’origine de toute idée de quête, il initie la quête, il la justifie par ses prophéties en lui conférant une nécessité. Merlin rêve le rêve et ordonne sa réalisation. Et si ça ne suffit pas, il le fait mettre par écrit. Dans tous les récits il est celui qui pose les fondations d’un monde qu’il a rêvé, tout comme l’écrivain commence par imaginer un univers. Il fut une figure de l’écrivain dans les romans en prose du XIIIe et, de nos jours encore, la fonction que remplissent ses différents avatars dans la narration demeure essentielle : de Gandalf à Allanon en passant par Belgarath, la figure de Merlin, quelle que soit son incarnation, est de toutes les époques et participe de tous les récits. Elle est fondatrice d’un imaginaire littéraire.