Au sommaire de ce nouveau numéro de Bifrost, on a droit à du très lourd puisque ce n’est pas moins que le King qui est convoqué, Stephen de son petit nom. S’il est le maître incontesté de l’horreur et du fantastique, il est aussi peut-être l’un des plus grands écrivains au monde encore vivant.
Après l’habituel éditorial d’Olivier Girard, ce n’est pas moins de quatre nouvelles proposées au sommaire de ce numéro, dont deux de Stephen King (l’une d’elles est même inédite en France). Place au King, donc, avec Mauvaise herbe, nouvelle inédite qui date de 1976 et qui avait été adaptée dans le film à sketches Creepshow. Cette partie-là avait été mise en scène par un certain George Romero. Un paysan (joué dans le film par Stephen King himself) du New Hampshire assiste à la tombée d’une météorite sur son terrain. Après l’avoir touchée, une transformation va s’opérer en lui… Loin du chef d’œuvre, cette bluette se lit sans déplaisir, et ce n’est déjà pas si mal.
Vient ensuite une nouvelle de Ken Liu, le phénomène des littératures de l’Imaginaire outre-Atlantique qui commence une timide percée par chez nous. Chaussures de course nous raconte l’histoire d’une (très) jeune ouvrière vietnamienne dans une usine de chaussures qui subit les brimades d’un contremaître violent. Avec seize heures de travail quotidien, Giang est épuisée et est à deux doigts d’abandonner. C’est là qu’elle se transforme en… non, si vous voulez savoir en quoi, il vous faudra lire cette nouvelle, qui se situe plus au niveau de la fable fantastique que du récit de SF. À découvrir.
Originaire des Philippines par sa mère, Alyssa Wong nous offre une nouvelle troublante où une jeune fille, qui pense que sa mère était un poisson, part à la pêche avec son père. Leur but : ramener le plus de sirènes possible. La Reine pêcheuse est un récit envoûtant comme un chant de sirènes, plein de poésie et qui ne laisse pas le lecteur indifférent, longtemps après qu’il a fini sa lecture. Une belle découverte que cette auteure, nouvelle venue sur nos rivages SFFF.
Pour clore la partie des nouvelles, on a droit à un nouveau texte de Stephen King qui met en scène la guerre entre deux hommes dans le milieu du cirque, vu par un jeune manœuvre. Nouvelle bradburienne s’il en est. Stephen King met dans La Nuit du tigre tout son talent de conteur pour combler le lecteur. Une réussite, assurément.
Dans un cahier critique plus court que d’habitude (34 pages), l’équipe de Bifrost nous propose toute une flopée de critiques de romans, de revues (dont Présences d’esprits) et même d’une monographie sur Philip K. Dick. Ensuite, dans la rubrique Paroles de libraire, c’est à Anne Chauvel, responsable du rayon SFFF de la librairie Mollat, à Bordeaux, qu’Erwann Perchoc pose ses questions.
Vient alors l’épais dossier Stephen King. Pas moins de soixante-dix sept pages sur l’auteur né en 1947 en Nouvelle-Angleterre. Au menu, une courte biographie signée Pierre-Paul Durastanti, un article de Gregory Drake sur la vraie place de King, un autre article de Mélanie Fazi sur la figure de l’écrivain chez Stephen King, un autre encore de Gregory Drake & Olivier Legendre sur l’enfance dans son œuvre, un nouvel article de Mélanie Fazi sur Carrie. C’est ensuite au tour de Pierre-Paul Durastanti de nous proposer tout un article sur le cycle le plus impressionnant de l’écrivain étasunien, c’est-à-dire La Tour Sombre. Thomas Day nous offre une analyse du Stephen King nouvelliste. Xavier Mauméjean nous sert de guide à Castle Rock, la ville imaginaire de King. Le dossier se clôt par un cahier critique spécial King et une bibliographie exhaustive signée Alain Sprauel.
Dans sa rubrique ScientiFiction, le professeur Lehoucq laisse la place au biologiste J.-Sébastien Steyer qui, aidé du paléoartiste Marc Boulay, nous dresse un tableau des animaux du futur. Après quelques news d’Org, Pierre-Paul Durastanti revient avec sa rubrique « Dans les poches » qui, comme son nom l’indique, propose un panorama des meilleures sorties du moment au format poche. Ou comment donner très envie d’acheter et de lire des bouquins en seulement quelques lignes !
En conclusion, voici un excellent Bifrost, que ce soit au niveau des nouvelles proposées que du dossier où l’on apprend encore des choses sur un auteur que l’on croyait connaître. La diversité et le talent des intervenants contribuent à donner un numéro particulièrement recommandable, que l’on soit déjà fan du King ou qu’on ait juste envie de le découvrir.
Chronique d’Antoine « 1589 » Chalet
Nous en pensons
Notre avis
4,2
Voici un excellent Bifrost, que ce soit au niveau des nouvelles proposées que du dossier où l’on apprend encore des choses sur un auteur que l’on croyait connaître. La diversité et le talent des intervenants contribuent à donner un numéro particulièrement recommandable, que l’on soit déjà fan du King ou qu’on ait juste envie de le découvrir.