« Dans la maison du Ver » de George R.R. Martin

Les yaga-la-hai, les enfants du Ver, vivent heureux dans des tunnels interminables aux parois chargées de tentures pourrissantes. Certains de leurs terriers supérieurs disposent de meurtrières qui laissent entrer la lumière de leur soleil mourant, cette boule de cendre sillonnée de quelques fleuves rougeoyants. Leurs autres galeries, quant à elles, nécessitent l’utilisation de torches pour se déplacer. Mais dans les souterrains les plus profonds, elles ont disparu.

Car dans le repère des grouns, l’obscurité est reine. Ces êtres aux yeux qui percent la noirceur des tunnels ne supportent pas la lumière. Ces deux peuples, celui des enfants du Ver et celui des grouns se vouent une haine mortelle et la chair de leurs adversaires se révèle pour chacun un mets succulent. Tous les quatre ans, les yaga-lahai bien nés se réunissent dans la Chambre d’obsidienne pour contempler leur astre périclitant et fêter la Mascarade solaire, une sorte de gigantesque bal masqué agrémenté d’un opulent festin.

C’est durant cet événement que les lecteurs vont rencontrer le héros de cette histoire : Annelyn, un yaga-la-hai des plus arrogants. Ce dernier va se faire publiquement humilier par un être grossier : le Viandard. Son surnom, il le doit à ses chasses prodigieuses à la suite desquelles il rapporte toujours un groun tandis que de nombreux traqueurs reviennent bredouilles ou ne reviennent pas du tout…

Pour se venger de cet affront, Annelyn fomente un plan. Avec ses amis, ils vont suivre le Viandard lors de l’une de ses chasses, dans les galeries profondes, afin de l’éliminer. Mais malheureusement, tout ne va pas se dérouler comme ils l’escomptaient, et d’assassins ils vont bien vite se changer en proies…

Les premières pages de ce roman décrivent un univers dans lequel il est difficile d’entrer tant le monde dépeint est loin de ce que l’on connaît. Qui est le Verhomme ? Pourquoi les prêtres-chirurgiens modifient-ils cet homme pour que son apparence se rapproche le plus possible du Ver blanc?

Pourtant, au fur et à mesure que le lecteur avance dans cette histoire, il ne peut qu’être happé par cette étrange atmosphère remplie de mystères. Mystères qui vont s’élucider au fil des découvertes d’Annelyn. George R.R. Martin a l’art et la manière de transformer un personnage exécrable en héros attachant et c’est ce qui va se passer pour Annelyn. Durant sa fuite dans les souterrains sans lumière, le jeune homme va évoluer. Le courage qui lui faisait tant défaut sera sa seule arme pour affronter les ténèbres. En ressortira-t-il vivant? Ce court roman est ici publié dans une version illustrée par John Picacio. Ces quatre magnifiques dessins en noir et blanc accompagnent agréablement le texte et offrent ainsi aux lecteurs des aperçus de la maison du Ver.

Chronique d’Agathe ‘1808’ Tournois