Dragon de glace est la première des quatre nouvelles de ce recueil éponyme. Son héroïne, Adara, est une petite fille qui semble ne pas ressentir les morsures de l’hiver. Son rêve est de monter sur le dos du dragon de glace et de s’enfuir avec lui.
On découvre au fur et à mesure du récit les raisons qui la poussent à vouloir quitter les siens. Mais la guerre qui fait rage va chambouler sa vie. Finies les songeries, elle devra faire des choix et affronter ce que renferme son cœur. De nombreuses longueurs alourdissent le début de cette nouvelle qui derrière son ton léger cache de profondes émotions. C’est le récit le moins passionnant de l’ouvrage.
Il est vite évincé par Dans les contrées perdues dont l’atmosphère mystérieuse ne pourra laisser personne indifférent. Les deux premières phrases de la nouvelle la résument parfaitement : « Chez Alys la Grise on peut se procurer tout ce dont on a toujours rêvé. Mais il vaut mieux ne jamais pousser sa porte. » Pour éviter toute déconvenue, Dame Mélange a chargé son champion Jerais de rendre visite à Alys pour qu’elle lui fournisse le pouvoir de se transformer en loup à volonté. Ne refusant jamais un client, elle accepte. Toutefois, sa tâche va se trouver compliquée, car Jerais a aussi une demande à formuler : il souhaite qu’Alys échoue dans son entreprise. La sorcière, devinant les raisons profondes de sa requête, lui garantit qu’ils auront tous deux ce qu’ils désirent… Comment va-t-elle réussir ce miracle ? L’auteur va habilement distiller au fur et à mesure de son récit les informations qui vont mener à sa conclusion. Une nouvelle qui se lit d’une traite tant elle est captivante !
Changement de décor radical avec L’Homme en forme de poire, œuvre qui a reçu le prix Bram Stoker en 1987. Le texte est contemporain. On suit Jessie, une jeune artiste peintre qui vient d’emménager. Tout pourrait aller pour le mieux si elle n’avait pas pour voisin un homme en forme de poire. Ce dernier vit au sous-sol de son immeuble et ne cesse de l’épier. Cet individu à la bouche humide et à la voix grinçante la terrorise. Crises de panique et cauchemars récurrents rythment son quotidien. Qui se cache derrière cet homme dont personne ne connaît le nom ? Pourquoi Jessie est la seule à être terrifiée ? Quel est le lien entre ces deux personnages ? Pour le savoir, il faudra oser se plonger dans cette nouvelle qui glace le sang…
Enfin, le recueil se termine par Portrait de famille qui a reçu le prix Nebula en 1985. Richard Cantling est un romancier à succès. Absorbé par l’écriture, il a délaissé son épouse qui l’a quitté. Il ne lui reste que sa fille, mais une terrible dispute les a séparés. Alors, quand il découvre un tableau devant sa porte, il est soulagé de voir que sa fille, artiste peintre, souhaite renouer avec lui. Cependant, il va rapidement déchanter. Chaque jour, il va déballer une œuvre représentant un de ces personnages emblématiques et chaque nuit ledit personnage va s’incarner pour venir lui parler et le faire réfléchir à sa vie et aux choix qu’il a pris. Cette nouvelle au rythme haletant et au suspense insoutenable chamboule nos émotions. Au fur et à mesure des pages, on a de la peine pour Cantling, puis il nous répugne, on le déteste, puis on a pitié de lui… La chute inattendue conclut à merveille ce récit des plus palpitants.
Chronique d’Agathe ‘1808’ Tournois