Quand on pense « zombie », on pense invariablement à The Walking Dead, à ses créatures décérébrées, obsédées par l’envie de dévorer de l’humain, à la démarche cahotante. Longtemps cantonnée à un public de seuls amateurs, la figure du zombie a gagné en audience et se retrouve utilisée à toutes les sauces, sans que la qualité ou l’originalité soient toujours au rendez-vous.
Mais quand seize nouvellistes de talent s’attaquent au sujet, on peut avoir quelques (bonnes) surprises ! Le sérum de Catherine Loiseau emporte l’adhésion grâce à son atmosphère soignée et surannée, très « fin de siècle », où le spiritisme se mêle habilement au thème, et une montée en puissance dans l’horreur bien maîtrisée.
1977 d’Estelle Valls de Gomis est une bien jolie nouvelle, empreinte de tendresse malgré la violence des situations, avec des personnages attachants. Ça commence classiquement, avec deux adolescents, protégés par Reiko des hordes de zombies. Petit à petit, on comprend que Reiko est un peu spéciale…
Autour du lac de Gulzar Joby prend le pari de plonger le lecteur dans la peau d’un zombie. Pari risqué, mais parfaitement maîtrisé, tant on ressent les difficultés et la détresse de la créature. L’écriture est soignée, très poétique, une belle surprise ! L’incontournable Bruno Pochesci est également au sommaire avec Mondo zombi, qui entretient le suspense avec un art consommé, jusqu’à un final réjouissant. On reconnaît le style de l’auteur fait d’une langue joyeusement triturée. Une gourmandise !
Un léger vent de panique de Nicolas Ancion multiplie les points de vue devant l’apocalypse zombie : adolescents coincés dans une grande roue, ouvrières d’usine abruties par le travail, père de famille paniqué, vieillards imperturbables, chacun réagit selon son histoire, ses ressources dans cette situation extrême. Nicolas Ancion passe de l’un à l’autre, tout en gardant une cohérence qui emporte l’adhésion du lecteur.
Petit Papa errant de Denis Labbé joue avec talent de la corde sensible avec ce récit d’un homme qui essaie d’organiser un vrai Noël pour une petite fille, malgré le chaos d’un monde aux prises avec les morts-vivants. La plume fluide de l’auteur offre un texte touchant et très agréable à lire. L’autre d’Aurélie Mendonça est remarquable par sa fin inattendue, particulièrement bien amenée et servie par une écriture limpide. Enfin, Pour l’éternité d’Alexandre Ratel dresse le portrait émouvant d’un père de famille mordu qui tente de sauver les siens avant de perdre toute humanité. Une belle analyse du moment de la transformation !
Cette anthologie offre quelques pépites et des angles de vue vraiment originaux sur un sujet sur lequel on pense avoir déjà tout lu. Amateur ou non de morts-vivants, le lecteur trouvera son compte dans cette lecture !
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère
Nous en pensons
Notre avis
3,9
Cette anthologie offre quelques pépites et des angles de vue vraiment originaux sur un sujet sur lequel on pense avoir déjà tout lu. Amateur ou non de morts-vivants, le lecteur trouvera son compte dans cette lecture !