« Le Baiser du Rasoir » de Daniel Polansky

lebaiserdurasoir_danielpolanskyLe narrateur, ancien Prévôt de la Couronne reconverti en dealer, compose comme il peut avec son lourd passé. À vrai dire, il consomme presque autant de souffle de farfadet qu’il n’en vend, et ce n’est pas seulement pour oublier sa sale gueule bardée de cicatrices. Il a été soldat. Il a servi la Couronne de bien des manières, après s’être élevé tout seul dans la rue. Il a tout vu ou presque, mais la découverte du cadavre massacré d’une petite fille le pousse à enquêter, alors même qu’il a dit à l’Agent Crispin, son ancien second, qu’il ne résolvait plus les crimes.

Mais il connaît Basse-Fosse comme sa poche, et très vite il remonte la piste jusqu’à un ouvrier kirène. Seulement ce dernier, alors qu’il le piste, se fait assassiner par une créature abominable qui manque de détruire aussi le narrateur. L’Agent déchu a des ennemis haut placés qui rêvent d’avoir enfin sa peau, en particulier à Maison-Noire où il officié comme tortionnaire. Si bien que lorsqu’on le retrouve évanoui près de ce deuxième cadavre, les ennuis lui tombent dessus comme une volée de bois vert…

Encore un de ces romans d’heroic fantasy qui prend l’héroïsme à contrepied, façon roman noir, en nous plongeant dans un univers sordide où le crime est roi et la misère sa concubine, où les antihéros sont obligés de se démener pour garder la tête au-dessus de l’eau des égouts. Il s’inscrit dans la lignée des « Salauds Gentilhommes » de Scott Lynch, de « L’Ange de la Nuit » de Brent Weeks, des aventures de Hawk & Fisher de Simon Green, de la « Chronique du Tueur de Roi » de Patrick Rothfuss ou même, plus récemment, de la série de « L’Empire brisé » de Mark Lawrence, qui suivent eux-mêmes la voie tracée par Fritz Leiber avec son Souricier Gris et par Robin Hobb avec son Assassin royal.

On a donc une enquête policière qui oscille entre le thriller et l’action pure dans un cadre urbain médiéval-fantastique où la magie joue un rôle secondaire, comme une menace qui plane au-dessus des têtes… Bref, cela se lit tout seul et c’est le but : pas de temps mort, une intrigue aux petits oignons, des personnages tourmentés et attachants. Ce n’est pas pour rien que ce roman a remporté le trophée du Meilleur roman étranger au Prix des Imaginales 2012. C’est très bien fait, on passe un très bon moment… et on oublie assez vite, quand même !

 

Éditeur Bragelonne (traducteur : Patrick Marcel)
Auteur Daniel Polansky
Pages 377
Prix 20€

A propos de François

Infatigable, inaltérable, François est responsable des ateliers d’écriture du Club Présences d’Esprits depuis 1998. Ses relations privilégiées avec les auteurs lui permettent de parfaitement connaitre cet univers. Il a aussi commis et participé à quelques anthologies dont le Club n'est pas peu fier, et se retrouve régulièrement de l'autre côté avec quelques nouvelles publiées.

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