Si la revue Mythologica, dans son numéro 0, fait naître la fantasy avec un titre paru en 1872, La Princesse et le gobelin, de l’écossais George McDonald, dans la première collection de fantasy (j’écrirais « féérie ») moderne, Lin Carter citait comme créateur du « genre » William Morris, mort en 1896. Ses romans publiés entre 1890 et 1897 (The Wood beyond the World, The Well at the End of the World et le dernier, Le Lac aux Îles enchantées, posthume) présentent un monde féérique et moyen-âgeux à mille lieues du romantisme « gothique » des décennies antérieures. Ils précèdent les œuvres connues de Dunsany, et d’autres.
Enfant volée par une sorcière qui habite à la limite d’un bois maudit, la Male Selve, et d’un gigantesque lac d’eau douce sur lequel ne navigue que la sorcière avec un bateau magique, Petite Grive va s’enfuir avec le dit bateau pour découvrir le monde. Son errance sur le Lac l’amènera à découvrir de nouveaux amis, les chevaliers du Château de la Quête, puis à entreprendre sa propre quête.
Et même si cette féérie médiévale ne se réduit pas à la sempiternelle lutte du Bien contre le Mal pleine de bruit, de fureur et de monstres de l’héroic fantasy à la mode, quêtes et guerre contre le Chevalier Rouge, donnent à l’intrigue la part d’héroïsme sans laquelle la féérie ne serait peut-être pas complète.
J’ai peur que, pour trop de mauvaises raisons, la découverte par les Français de l’œuvre de William Morris reste limitée à quelques groupes trop restreints et séparés d’amateurs de différentes formes d’art ancien, au nombre desquelles une certaine féérie qui, sans avoir totalement disparu de la littérature, reste rare. Et précieuse. Si vous avez aimé Perrault, Grimm ou Thomas Burnett Swann, ne manquez pas l’occasion de découvrir William Morris.
Nous en pensons ...
Notre avis
4.0
Si vous avez aimé Perrault, Grimm ou Thomas Burnett Swann, ne manquez pas l'occasion de découvrir William Morris.