« Légendes ! », anthologie dirigée par Jacques Fuentealba

legendes_anthofuentealbaPour nous autres, amateurs de tous les genres de l’imaginaire, les Légendes sont notre drogue quotidienne. La couverture d’Olivier Derouetteau représentant une maisonnette à la fois accueillante (seul havre aux allures bienveillantes dans un monde miné), mais trop pleine de fenêtres dérobées pour être complètement honnête, avec cette silhouette styxienne qui nous attend dans sa barque et malgré un trait légèrement humoristique, cette couverture reflète bien le contenu de l’ouvrage : l’univers même des légendes !

Sous la houlette de Jacques Fuentealba (prom-auteur entre autres de micro-nouvelles – voir Présences d’Esprits n°70), commandité par les Éditions Céléphaïs (responsables de la revue Black Mamba), voici un recueil particulièrement réjouissant qui présente 21 auteurs. 21 façons de nous éclairer ou de nous perdre dans les méandres des légendes d’ici et d’ailleurs, d’avant-hier et d’après-demain.

Réjouissant d’abord pour son universalisme : les écrivains viennent tout aussi bien d’Europe que d’Amérique du Nord ou du Sud, sont aussi bien jeunes ou vieux, amateurs ou professionnels, femmes ou hommes !

Réjouissant surtout pour sa diversité. Ici, le « Il était une fois… » se trouve comme amplifié, tout en étant presque mis de côté, de par son évidence même. Toutes les époques, tous les styles, toutes les légendes s’y retrouvent, pour la plus grande joie du lecteur innocent, un peu pris au dépourvu dès les premières nouvelles : foin des Blanche-Neige ou des Petits Poucets, et cependant, les ombres de Perrault, des frères Grimm, hantent les lieux, mêlées aussi bien à celle de Robert Howard qu’à celles de Bram Stoker ou de Jack Vance. Sur mer, sur terre, dans les airs, sédentaires ou nomades, les personnages sont confrontés à un très large éventail d’évènements.

La surprise des situations, des héros, des circonstances : il faut la laisser aux curieux et ne pas vous la déflorer inutilement. Cette mosaïque d’imaginaires suit une progression, sinon une logique, qui permet au lecteur de s’enfoncer dans des arcanes tantôt convenues ou prévisibles, tantôt totalement surprenantes.

La qualité des textes est très majoritairement excellente. Plutôt courtes, ne dépassant pas 20 pages, ces nouvelles offrent une multitude de pistes menant vers des contrées dont certaines mériteraient d’être explorées plus profondément.

En fin de volume, un dictionnaire des auteurs permet, en quelques lignes, de croquer un peu les coupables de ces bien sympathiques légendes. Auteurs qu’il est ardu de citer tous et desquels il est délicat d’extraire l’un aux dépens des autres. Cependant, pour attiser un peu votre curiosité, nous nous focaliserons brièvement sur trois textes particulièrement attrayants par leur style, par le suspens entretenu jusqu’à leur conclusion, ou tout simplement par leur sujet même.

« Esprit des Saules » de Nicole Cavazza, pour son approche de la rédemption, prouvant s’il en est besoin que la mort n’a que l’importance qu’on veut bien lui accorder.

« Du bon pied » de Santiago Eximeno qui relie dans un modernisme effrayant légendes humaines et urbaines.

Et puis, à tout seigneur… un des piliers de Présences d’Esprits : l’ami Yohan Vasse. Sa « London Faerie Blitz » sonne bien pleine de références littéraires classiques et modernes, et prouve que, comme d’autres participants de cette anthologie, les amateurs peuvent rivaliser d’audace face à des professionnels.

Il convient de saluer le travail très soigné des Éditions Céléphaïs, tant pour la qualité physique de l’objet que pour celle des traductions effectuées ou revues pour l’occasion – l’ensemble à un prix très abordable.

Lisez-les vite, braves lectrices et lecteurs, ces légendes ne vont pas vous attendre. Elles sont bien vivantes. Ce recueil témoigne efficacement de leur vitalité.

Pour la commander chez l’éditeur : www.celephais-editions.com

 

Éditeur Céléphaïs
Anthologiste Jacques Fuentealba
Pages  292
Prix 12€

Nous en pensons ...

Notre avis

4.1

La qualité des textes est très majoritairement excellente. Plutôt courtes, ne dépassant pas 20 pages, ces nouvelles offrent une multitude de pistes menant vers des contrées dont certaines mériteraient d’être explorées plus profondément.

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A propos de vincent

Tout autant amateur de SF que de Bourrée (3temps !), de Fantastique que de Violon, Vincent lit (comme on fait son) et visionne pour PdE avec un plaisir non dissimulé !

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