« Axis » de Robert Charles Wilson

Axis-robert-charles-wilsonPort Magellan est la capitale cosmopolite du nouveau monde, Equatoria, cette planète accessible grâce aux immenses arches installées sur Terre par les Hypothétiques. C’est là qu’est venue Lise Adams, jeune femme à la recherche de son père disparu. Grâce à Turk Findley, un pilote d’hélicoptère avec qui elle a eu une aventure dans le passé, elle semble tenir une piste. C’est alors que s’abat sur la ville une pluie de cendres des plus étranges…

Après le splendide Spin,et avant le très attendu Vortex (sorti fin août 2012), il y a eu Axis, roman publié chez nous voici quelques années déjà (2009 pour être précis). Contrairement à son habitude et à ce qu’il avait prévu initialement, Robert Charles Wilson nous sert ici une trilogie. Or, trop souvent avec les trilogies, le roman du milieu n’est qu’une sorte de ventre mou, tandis que le premier expose la réalité du monde à un lecteur pendu aux mots de l’écrivain, et que le dernier explose tel un feu d’artifice. Ceci n’est bien sûr pas une règle absolue. Cependant, Axis ’y échappe pas.

Spin, Robert Charles Wilson nous narrait une histoire incroyable : dans un futur proche mais indéterminé, la Terre se retrouvait recouverte d’une sorte de membrane qui l’isolait du reste de l’univers. Outre le chaos dans lequel se trouvait plongée l’humanité (avec son lot de suicides, d’émeutes, et autres joyeusetés), l’auteur canadien nous montrait comment un homme ordinaire (le « héros » type chez Wilson), Tyler Dupree, tentait de comprendre ce qui (lui) arrivait. Et comme le Spin en question était apparu alors qu’il était enfant, on prenait le temps de découvrir qui il était vraiment, sa psychologie, ses doutes, etc. On avait surtout le temps de s’y attacher (ainsi qu’aux personnages secondaires, comme les jumeaux Diane et Jason Lawton, par exemple), de s’identifier à lui. Et comme il s’agit d’un bouquin écrit de façon magistrale, cela peut (peut-être) expliquer le succès rencontré par ce livre, meilleure vente à ce jour de la collection Lunes d’encre chez Denoël.

Axis, dont l’action se déroule trente ans après la toute fin du précédent, on perd l’émerveillement de la découverte. L’ensemble du roman se passe sur Equatoria, la planète qui est reliée à la Terre par les arches gigantesques que les Hypothétiques – ces êtres extra-terrestres dont on ne sait au final pas grand-chose (d’où leur désignation si bien trouvée) – ont placées pour permettre aux humains de quitter leur planète menacée par le Soleil devenu énorme. Cependant, l’effet de merveilleux s’érode quelque peu. Cette intrigante pluie de cendres qui tombe sur Port Magellan au tout début du roman (il y en aura d’autres) pourrait être une des clefs du mystère des Hypothétiques. Les descriptions sont dantesques, mais la résolution, ou le début d’explication, tombe un peu à plat.

Dans Axis, on découvre aussi les Quatrièmes Âges, qui ne sont autres que des humains âgés ayant subi un traitement martien qui « nettoie » leur ADN et leur permet d’acquérir une longévité supérieure. Ils sont poursuivis par une Agence spéciale parce que ce traitement, essayé la première fois par Jason Lawton dans Spin, lors de sa rencontre avec Wun Ngo Wen, le martien, est interdit.

Malheureusement, ces événements ne sont pas suffisants pour donner à l’intrigue un semblant de punch. Le lecteur ne se trouve pas autant embarqué que dans le premier opus. Peut-être aussi parce que l’effet d’attachement aux personnages, si prégnant dans Spin, est ici absent, parce que Turk Findley, aussi sympathique soit-il malgré sa part d’ombre, n’est pas Tyler Dupree. On ne le suit pas depuis l’enfance, mais seulement durant les quelques semaines de cette histoire.

Malgré ses défauts, Axis s’avère tout à fait recommandable. Car, à mon humble avis, un roman de Wilson un peu « mauvais » (du moins, pas aussi bon que les autres) reste tout de même un livre se situant dans le haut du panier de la science-fiction mondiale. Il supporte peut-être mal la comparaison avec Spin, mais il demeure indispensable pour la compréhension finale de cette trilogie. D’ailleurs, à peine posé celui-là, je me lançais déjà dans la lecture de Vortex.

Chronique de Antoine Chalet

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