Les Imaginales, c’est un festival créé en 2002 par la ville d’Épinal, devenu l’un des incontournables pour les amateurs des littératures de l’imaginaire. La thématique de l’année 2017 était Destinations, une invitation au voyage s’il en est ! Elle a été déclinée en trois axes : destins, nations et destinations. On note une entrée en force de la science-fiction dans l’anthologie, traditionnellement (pour celles que j’ai lues) plus tournées vers la fantasy. Il y en a donc pour tous les goûts cette année !
L’ensemble s’avère inégal, avec quelques nouvelles plus faibles à mon sens, soit dans leur thématique, soit dans leur traitement. Mais certains textes sont remarquables, et valent largement le détour ! À commencer par le premier, Bucéphale au cœur des ombres, d’Aurélie Wellenstein, où un chevalier au cœur pur croise le chemin d’un cheval maudit. C’est formidablement bien construit, le récit happe le lecteur pour ne plus le lâcher, servi par une écriture très visuelle. Une superbe entrée en matière !
Signalons aussi La voix des renards pâles, de Charlotte Bousquet, une très belle histoire de liberté et de responsabilité, au ton juste ; c’est poétique, plein d’émotion, mais sans jamais sombrer dans le pathos. Changement de registre – pour le meilleur – avec Chakouar III, de JeanFrançois Thomas, une nouvelle très drôle, bien menée, jusqu’à une chute brillante. Cet ambassadeur imbu de lui-même est particulièrement bien troussé. Un vrai plaisir de lecture !
Deux textes de space opera sont particulièrement réussis : Essaimage, de Loïc Henry, qui renouvelle assez bien la classique histoire de colonisation d’une nouvelle planète suite à l’agonie de la Terre et Hoorn, d’Estelle Faye, raconté sous forme des petits récits entrecroisés de plusieurs protagonistes. On s’amuse aussi beaucoup à la lecture de L’Aiguillon de l’amour, de François Rouiller, un bon texte (même si je ne vois pas très bien le rapport avec le thème de l’antho !) où un vilain voyeur, qui utilise toutes les technologies possibles pour satisfaire son vice, sera pris à son propre jeu.
Enfin, si cette anthologie s’ouvrait sur un excellent texte, elle se termine également sur une nouvelle formidable. Une forme de démence, de Lionel Davoust est un petit bijou ! Un écrivain vieillissant tente de faire le point sur l’univers qu’il a imaginé tout au long de sa vie et de son œuvre, aidé par une jeune femme. Servi par une écriture toute en subtilité, le récit évoque le procédé créatif, s’interroge sur l’écriture et la réalité de ce qui est créé, tout en abordant avec finesse le thème de la vieillesse et de la perte de ses facultés. Destinations est une anthologie de belle facture, qui recèle quelques vraies perles, qui valent à elles seules la lecture !
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère