C’est compliqué le temps. Celui qui passe, celui que l’on ressent, celui dont on se souvient, celui que les physiciens mesurent… souvent on nous en parle comme d’un fleuve dans le courant duquel on est tous emportés.
Et si il y avait une ville au bord de ce fleuve, qui en seraient les habitants ?
- Grâce et disgrâce sur Topia FM
- Kumité
- Le jour où le temps a disparu
- Genèse
- Je vous parle du Sirocco
| Contrainte objet / personnage | Onze bagues de fiançailles |
| Contrainte temps / lieu / événement | Dans la salle de cinéma |
Grâce et disgrâce sur Topia FM
« Et on souhaite la bienvenue au serveur [TRUE]Histo-XVII-EUR ! Il faut croire qu’on peut se lasser même des bals indécents et de la syphilis, au point d’échouer à Topia, la ville de tous les excès… Vous cherchez à rencontrer un vrai-faux dinosaure reconstitué à partir de l’ADN de douze espèces de grenouilles disparues ? Ou alors votre came, c’est plutôt d’assister à l’explosion du soleil sur la planète alpha du centaure ? Vous avez choisi le bon endroit. Sur Topia, vous ne pouvez pas faire de mauvais choix, vous pouvez juste découvrir des activités que vous ne saviez pas encore que vous aimiez ! Rendez-vous à l’hôtel de ville pour la visite guidée en 843 étapes organisée par… »Sofia coupa la radio de sa décapotable pour faire taire Hugo, l’insupportable présentateur de Topia FM.
Peut-être qu’elle l’aurait trouvé moins insupportable s’il n’avait pas récupéré son créneau préféré, entre 18 et 22h tous les soirs, lorsque les scores d’audience explosaient tous les compteurs. Peut-être aussi qu’il serait moins agaçant s’il n’avait obtenu les félicitations de son chef Guy, celui-là même que Sofia essayait de dérider depuis au moins des siècles. Quelques années en temps réel, certes, mais des siècles en ressenti. Et l’important, c’était le ressenti.
Peut-être surtout qu’elle n’aurait pas eu envie de le trucider en entendant sa seule voix, s’il ne lui avait pas brisé le cœur. Si elle ne s’était pas brisé le cœur toute seule en le quittant, au motif qu’il ne lui consacrait pas assez de temps, qu’il parlait à trop de gens, qu’elle ne parvenait pas à trouver sa place dans le cercle étendu de ses fréquentations… Parce que le scandale l’avait brisée. Parce qu’elle avait besoin de lécher ses plaies comme une âme en peine.
Elle accéléra pour mettre à distance sa rancœur, filant sur la piste multicolore d’un célèbre circuit automobile, mais son émotion était une créature tenace. Sofia savait qu’elle ruminerait ce soir-là encore, jusqu’à ce que la fatigue ait raison d’elle. Elle aurait pu juste se déconnecter, accepter sa défaite et retourner à sa morne existence loin des paillettes de Topia. Sa mère lui avait parlé récemment d’un poste de comptable qu’elle avait vu passer sur le serveur Emplois faciles. Sofia avait creusé un peu la question. Il semblait que l’occupant précédent se soit fait virer après avoir détourné une somme plus que conséquente pour se payer des vacances virtuelles sur Scrabble et mots croisés.
Voilà qui promettait des heures de fun !
La route arc-en-ciel laissa place à un chemin de terre plus lisse sous ses pneus qu’aucun asphalte. Dans cette nouvelle rue, les arbres portaient de lourdes pommes charnues, au goût si artificiel qu’elle avait failli vomir la première fois qu’elle les avait goûtées. Sofia avait eu la chance de grandir dans les dernières campagnes habitables, loin au nord du pays. Elle gardait un souvenir tendre de l’odeur des herbes coupées, du meuglement des vaches dans le lointain et de la fraîcheur des orages estivaux sur sa peau, après la touffeur de la canicule.
Sofia avait cru pouvoir retrouver l’une ou l’autre de ces sensations en devenant une idole de Topia FM, comme si la célébrité pouvait avoir le goût des fruits mûris sur l’arbre ou le parfum de la terre après la pluie. Tout ce que Sofia en avait réellement retiré, c’étaient des nuits d’insomnie et des ulcères. Qui aurait pu croire que le public d’une ville virtuelle serait aussi dur à convaincre ?
Elle tira le frein à main une fois arrivée sur le boulevard d’Hollywood. Sa voiture décrivit un demi-cercle parfait, jusqu’à se garer précisément là où elle l’avait prévu. Le module de pilote que Hugo lui avait dégotté fonctionnait à merveille. Comme tout ce qu’Hugo entreprenait. Cet homme avait une facilité avec la vie qui défiait toute rationalité.
J’aime Topia, lui avait-il révélé un soir qu’ils avaient été assister au chant des baleines dans le quartier des espèces disparues, car tous nos espoirs y vivent encore. Dehors, on a tout foiré, mais ici, le temps n’a plus de prise. On peut être fâchés hier mais heureux demain. Il n’y a qu’à trouver le chemin vers le bon quartier.
Elle claqua la portière, fit claquer ses talons sur le trottoir, claquemura son cœur dans un buisson de ronces pour ne plus avoir à souffrir. Ce soir, elle pouvait récupérer sa place. Il suffisait qu’elle convainque Guy qu’elle valait mieux que son présentateur vedette, idole des foules et personnalité préférée de l’econet ces trois dernières années. Rien de plus simple, finalement.
Sofia inspira un grand coup, revêtue de sa robe de soirée / armure de combat. Le vêtement, un modèle de luxe offert par un de ses derniers fans, conférait à son avatar une légère aura scintillante censée rehausser son teint. Elle avait longuement testé l’effet devant le miroir, avant de conclure qu’il ne cacherait sans doute pas les économies auxquelles elle avait dû se résoudre depuis que ses sponsors l’avaient abandonnée.
La salle de cinéma de Topia organisait chaque soir des projections de films et séries à l’ambiance délicieusement désuète. Plus rarement, elle offrait des œuvres plus récentes, fruit de la créativité de ceux qui ne s’étaient pas abandonné à l’oisiveté et au désespoir. Les topéiens s’y retrouvaient pour frissonner au souvenir d’époques et de lieux qu’ils n’avaient pas connu autrement que dans l’éconet. Ce soir-là, un film retraçant l’existence d’Hugo mêlant images fictionnelles en animation, vieux extraits récupérés sur smartphone et témoignages. On avait demandé à Sofia de participer, et elle avait bien entendu accepté. Il aurait fallu être fou pour refuser. Sofia était sans doute stupide à bien des aspects, mais folle, elle ne croyait pas l’être.
La réceptionniste du cinéma présentait l’un des avatars par défaut que l’on pouvait sélectionner en rejoignant le serveur de Topia. Elle l’avait tout de même habillé de vêtements payants, une petite robe noire que Sofia possédait aussi, l’un de ses premiers achats sur le serveur. La jeune femme la conduisit dans l’immense salle où des milliers de sièges s’alignaient en ordre de bataille. Des gens y étaient déjà installés, et les lieux bruissaient du souffle de leurs conversations. A sa plus grande déception, Sofia ne fut abordée ni par un fan, ni par Guy, invisible de là où elle se trouvait. Elle hésita longuement entre se planquer dans une travée anonyme et affronter le grand public malgré sa disgrâce.
Et elle se souvint de toute l’énergie qu’elle avait investie dans ses tentatives pour devenir une influenceuse sur l’éconet. Elle se rappela les heures que sa maman avait consacré à l’écouter présenter ses plans, ses espoirs, ses rêves. Elle revit le sourire de Hugo. Le menton haut, elle descendit les escaliers avec grâce jusqu’à atteindre le premier rang.
Personne n’avait osé s’y installer. Alors, malgré les murmures qui cherchaient à la tenir à distance, elle s’installa au milieu, juste sous l’écran immense où sa douleur allait être rejouée jusqu’à l’écœurement.
Les publicités défilèrent, entre antiquité romaine et conquête des étoiles, puis les lumières se tamisèrent. Personne ne l’avait rejointe. Le film se lança.
La vie d’Hugo défila. On raconta sa jeunesse, avec les photos d’un bambin blondinet vêtu de tenues démodées. Puis à l’adolescence, c’est son avatar qui prit le relai, l’homme que tout le monde connaissait déjà. Très tôt il avait adopté son image de chevalier moderne, sa coupe undercut et ses épées à chaque oreille, ses marques de kohl sous les yeux et ses pulls en cottes de maille. Il avait créé son avatar avant que les personnalisations ne deviennent onéreuses, à l’époque où l’econet jouissait de plus de liberté.
La projection émut Sofia. Sa propre prestation à l’écran lui parut terriblement fausse, bien loin de la candeur spontanée d’Hugo, si loin de la douceur qu’elle se représentait auprès de lui. Elle se répétait qu’elle n’avait pas eu le choix, qu’elle avait joué le rôle que l’on attendait de l’ex hystérique, mais ses mots froids lui paraissaient si éloignés de la chaleur qu’il y avait dans son ventre à la seule évocation d’Hugo.
Alors que les premières larmes perlaient à ses yeux, un homme apparut à l’écran, dans une pièce blanche, terne, sous une lumière triste. D’âge moyen, il arborait encore, en plus adulte, les traits du bambin blondinet. Nulle cotte de maille, aucune épée, juste un humain dans le vrai monde, avec ses insuffisances et ses failles.
« Sofia, je sais que tu me détestes, mais je voulais te dire que je suis désolé. »
Des exclamations étouffées jaillirent derrière elle. Sofia ne les entendit pas. Son corps tout entier tendait vers l’écran devant elle, vers cet Hugo tellement plus accessible.
Une main se posa sur la sienne, elle croisa le regard ourlé de kohl, et avant qu’elle puisse dire quoi que ce soit, les lieux changèrent autour d’eux.
« Attends avant de dire quoi que ce soit ! la coupa-t-il. S’il te plait, attends. »
Dans l’appartement virtuel d’Hugo où ils avaient passé tant de temps, ils surplombaient Topia et ses quartiers mouvants. La téléportation désorienta Sofia, mais les doigts chauds d’Hugo la maintinrent avec lui.
« J’ai essayé de te contacter par tous les moyens, mais tu m’avais bloqué partout. J’ai même cherché à te joindre hors de l’econet, mais toutes les pistes qui menait à toi m’ont mené dans une impasse.
— Je protège ma vie privée.
— Je sais. Pardon, je ne voulais pas m’imposer mais… »
Il soupira. S’agenouilla. Sans lâcher ni sa main ni son regard.
« Tu me manques. Tu n’imagines pas comme tu me manques. J’ai beaucoup, beaucoup pensé à toi ces derniers temps… Je vais passer pour un mec bizarre, mais je m’en fous, parce que putain tu me manques. »
Il inspira profondément. Sa paume tremblait.
« Sofia, veux-tu m’épouser ? »
Elle voulut ouvrir la bouche, mais il s’était déjà relevé.
« Non, attends, attends ! Attends. »
Il tira de ses poches une dizaine de boites, dont certaines tombèrent au sol. Une bague s’échappa de l’une d’elles, scintilla dans la lumière d’une étoile filante.
« Je n’ai pas su choisir quelle bague te plairait le plus… Il y en a une avec une pierre qui contient un fossile de nautile cristallisé. Une autre vient du serveur historique de l’âge de bronze, avec un éclat de silex véritable. J’en ai une qui a emprisonné une poussière d’étoile, une qui représente la constellation de la vierge, ton signe astrologique, une qui contient une émeraude, une qui contient un sablier, une en forme de baleine… et… je ne sais plus les autres, parce que je perds le fil alors que tu me regardes là avec tes beaux yeux… Mais il y en a onze, qui représentent chacune ce qu’on a pu faire ensemble à Topia. »
Il baissa le regard, le visage de son avatar bizarrement empourpré. Une émotion que Sofia ne lui connaissait pas.
« Sofia, j’aimerais beaucoup qu’on se rencontre, en dehors de l’econet. Et qu’on se marie. Si tu le souhaites, évidemment. »
Sofia demeura coite un moment. Dans sa tête, c’était le vide, et l’excitation, et le feu d’artifice, et elle voulait répondre, mais de ses lèvres ne sortirent que des bêtises.
« Seulement si tu me rends le créneau de 18 à 22h.
— Je te donnerai tous les créneaux du monde si tu acceptes de me garder dans ta vie.
— Je plaisantais. Je… Oui. »
Ainsi renaquit une star de Topia FM, ainsi naquit le mariage le plus suivi de Topia, la ville de tous les excès, la ville au bord du temps.
| Contrainte objet / personnage | Un faux mendiant |
| Par l’Octogone |
Kumité
Le vieux cargo descendait à la verticale vers la plateforme de plastacier rouillée de l’astrodrome d’un monde de seconde zone. En descendant, on voyait à perte de vue les squelettes d’anciennes usines corrodées dans la lumière bleue d’un soleil froid. L’équipage était composé de Kraikanniens, des xénoformes qui rappellent les cafards terriens et leur chargement n’était d’ailleurs qu’un ramassis de débris métallique à décharger. Je payais ainsi mon voyage, déchargeant à la mains les machines hors d’état pour une usine de recyclage. L’argent n’était pas vraiment le problème mais je voulais surtout arriver discrètement. J’étais là pour une raison bien précise et je préférais être pris pour un clochard galactique, un mendiant allant d’astroport en astrodrome, de planète en astéroide, de satellite en station spatiale plutôt qu’être reconnu comme un grand aventurier ou un héros de la voie lacté.Mon visage et mes exploits étaient trop connus. Sur cette planète insignifiante allait se tenir dans quelques jours un important tournoi d’art martiaux, un kumité sans règles où toutes les formes de vie allaient s’affronter, depuis la colonie microbienne intelligente Gluméruse au Cérébrosaure géant de Xandax VII en passant par les différents types d’humains, cyborg, xénos et formes de vie artificielle qui peuplent le bras d’Orion.
Ayant fini mon travail, je saluais mes compagnons d’équipage avant d’aller me perdre dans la foule des employés de l’astroport. Je connaissais par cœur les coulisses de ce genre d’endroit et je réussis à éviter tous les contrôles. Je rejoignis un groupe de nettoyeurs dont les vêtements crasseux et la forme humanoïde s’accordaient à mon apparence. J’embarquais finalement avec eux sur la plateforme d’un véhicule antigrav qui nous conduisit en ville. Dès les premiers faubourgs, je sautai au sol et partis en direction d’une station de transport en commun. J’achetai un ticket dans un guichet automatisé et je pris une bande téléporteuse qui conduisit instantanément mes molécules vers une autre station à la limite du centre-ville. Je mis quelques instant à me repérer puis je partis en direction du Poulpoïde Volubile, un rade crasseux et glauque, rempli d’ouvriers venus oublier leur semaine dans les substances euphorisantes et les rituels reproductifs sexués.
L’endroit était plein à craquer et j’eus du mal à me frayer un chemin vers le bar, où je criai littéralement le code à un employé.
« Dites à Branko que son Aldébaran Fruit Meat est acétique ! »
L’employé que j’avais choisi, un humanoïde bleu avec une crête sur le crane, me fit répéter trois fois la phrase avant de sortir du bar malgré l’heure de pointe et de me traîner à travers la foule jusqu’à une porte de l’autre coté de la salle. Il me fit entrer dans une salle d’attente où une dizaine de personnes de toutes races et de tous genres attendaient. Il me désigna le dernier siège et je me mis assis, étudiant les autres combattants. A priori, c’était du menu fretin mais je devais me méfier, certains cachaient peut être comme moi leur véritable nature. Une très belle humanoïde à la peau irisée sortit d’une autre porte au fond de la salle et sans rien dire, retourna dans le bouge, un cyborg tout en muscle se leva et alla la remplacer. Nous entendîmes quelques cris étouffés, la lumières de plusieurs flashs d’arme à rayon passèrent les encadrures de la portes et quelques instants plus tard la porte s’ouvrit à nouveau pour faire entrer un autre candidat.
Mon tour arriva environ une demi-heure plus tard. Je passai la porte pour me retrouver dans un bureau où une xeno, sorte de mante religieuse d’un mètre cinquante, et un xéno mi-anthropoïde mi-arachnide m’accueillirent chaleureusement. Leur deux voix sortaient d’un traducteur universel posé sur la table.
« Bonjour et bienvenue, veuillez décliner votre identité ?
– Prince Langar Sarati Uwumalpanian Bladivalitzh Orgopan de la dynastie Poulamian d’Astanisma VI.
– Nous sommes enchantés d’accueillir ici une personne noble d’une telle envergure. Votre réputation et vos exploits vous qualifient d’office pour le Kumité. Si vous voulez bien nous permettre de prendre aléatoirement un échantillon de vos informations génétiques pour vérifier votre identité ?
– Tout à fait, je vous en prie. »
L’arachnide ouvrit d’une patte un petit récipient de verre bombé d’où un petit drone insectoïde s’envola pour venir tourner autour de moi avant de se poser sur mon épaule pour ponctionner une goutte de sans dans ma carotide. L’insecte robotique retourna sur sa base et procéda à l’analyse de mon ADN, confirmant mon identité. Ce fut la voie féminine de la mante qui reprit la conversation.
« Puis-je m’enquérir d’où vous avez obtenu vos informations sur le kumité ?
– Les archives et les bibliothèques de ma famille contenaient des informations sur ce tournoi secret. Je les ai découverts en faisant des recherches sur l’immortalité. Une légende disait que toute quête menant au kumité devait commencer au même endroit, la statue du combattant aux mille bras sur Anthénépolis IX. J’ai trouvé les indices et suivi les pistes jusqu’ici.
– Félicitations. En tout cas, vous voici inscrit au grand tournoi. A 20h ce soir, veillez demander la chambre 2049 à l’hôtel Impérial. Vous pourrez demanderé tout ce qu vous voulez dans l’hotel. L’octogone se trouve dans ses sous-sol. Le kumité sera rendu public ce soir à minuit, pour permettre aux mécènes et aux public de venir y assister. Le premier combat aura lieu à 14h demain. Si vous ne vous présentez pas, vous serez automatiquement éliminé.
– Le premier prix est bien toujours le même ?
– Si vous l’emportez, vous serez conduit à la Ville au bord du Temps, où vous accéderez à l’immortalité.
Mon cœur se serra un instant lorsque j’eus la confirmation que j’étais presque au bout de ma quête. Je remplis rapidement les papiers en y apposant ma signature et mon sang et je repartis dans les rues en direction de l’hôtel. J’étais quasiment sûr de remporter la victoire même si je savais que mes adversaires seraient fabuleux.
***
« Visiteurs du bras d’Orion et des régions du centre, bienvenue au grand Kumité ! Dans quelques instant, notre premier combattant va permettre de départager nos 444 concurrents par l’Octogone ! Dans la structure centrale, nos participants auront une heure pour tuer un maximum d’adversaires tout en survivant eux-même pour voir la suite des épreuves. Préparez vous à un massacre extra-ordinaire ! »
Cette épreuve n’en était pas une pour moi. Au contraire, elle allait me permettre de faire éliminer tous ceux qui aurait pu me vaincre en combat singulier. Mais je ne suis pas seulement un grand combattant, je suis aussi un meneur d’homme, un tacticien et c’est là que je vais exceller.
Lorsque les portes s’ouvrent, nous sortons de nos box pour nous ruer vers l’Octogone. Une seule règle : il faut avoir fait quatre pas dans l’Octogone avant de commencer à ce battre, avec interdiction d’affronter un adversaire qui n’a pas fait ses quatre pas.
Je fais deux pas, je m’arrête et j’observe les opposants. Il y a des xénos pareil à des kaijus, des formes de vie synthétique de grande taille et puissamment armées, des êtres volants ou maîtrisant des pouvoirs parapsychiques.
Plutôt que d’attaquer les adversaires à ma taille, je cours vers les monstres les plus impressionnant, en chemin, je protège quelques combattants de coup mortels et je les recrute pour mener l’assaut contre les créatures réellement dangereuses. Rapidement, je me trouve à commander une troupe qui grossit à chaque pas et encouragé par leur nombre, ils ne se rendent pas compte qu’ils se sacrifient pour moi et abattent les combattants les plus dangereux. Lorsque je vois qu’un ennemi ne tombe pas, je m’engage personnellement et je l’abats, prenant toujours garde de ne pas me faire prendre en traître. Parfois, j’attends qu’il y ait un maximum de perte avant d’intervenir. Au bout d’une heure, il ne reste que 92 combattants en état de poursuivre la compétition. Et plus aucun n’a apparemment le niveau pour me vaincre
***
Les tirages au sorts me sont favorables. J’enchaîne les combats singuliers pendant les jours qui suivent. Je comprends aussi que les combats les plus spectaculaires offrent plus de repos et de meilleurs tirages. Même contre un adversaire faible, je ne baisse jamais ma garde mais je laisse durer les combats, laissant parfois croire à mon adversaire que je suis en difficulté. Le public et les organisateurs sont ravis. Pendant une semaine, les combats s’enchaînent et je tue des cyborgs de combat, des quadrupèdes sauvages, des artistes martiaux xénos. Mon combat le plus difficile m’oppose à un rongeur capable de se téléporter et d’utiliser la télékinésie. Alors qu’il s’amuse à me faire flotter dans les airs, je réussi à lui envoyer la broche de ma cape dans l’œil, me permettant de me libérer de son étreinte pour lui fracasser le museau avant de briser sa colonne vertébrale.
Finalement le septième jour, mon dernier adversaire, d’un niveau proche du mien me concède la victoire avant que je ne lui arrache la vie. Le jury accepte ma victoire et je sors de l’Octogone sous les hourras du million de spectateurs dans la salle.
***
Cela fait déjà une semaine que j’ai obtenu ma victoire. Le lendemain, j’ai embarqué discrètement dans une navette qui a quitté le toit de l’hotel pour rejoindre un antique croiseur de combat réaménagé en yacht spatial. J’ai passé le voyage à travers l’hyper-espace et les diverses étapes dans un luxe insensé, profitant sans compter de tous les plaisirs de la vie. Le septième jour, je fus invité sur la passerelle pour voir notre destination.
Lorsque nous sortîmes de l’hyperespace, l’écran frontal laissa apparaître un gigantesque trou noir. Devant nous, minuscule, à la limite de son disque d’accrétion et de son horizon d’évènement, une magnifique cité spatiale flottait entre les deux.
Le capitaine du vaisseau, un humanoïde synthétique blafard et aux longs membres se tourna vers moi :
« Votre destination, mon Prince : la ville au bord du temps ! »
Je restai sans voix devant tant de beauté. Le vaisseau s’approcha au plus près, malgré les forces gravitationnelles effrayantes. Le croiseur vint se poser sur une longue plateforme et lorsque les étançons touchèrent le sol, je fus conduit à un sas qui me permit de sortir.
« La plateforme est instable, me lança le capitaine, courez vers la cité ! Adieu mon Prince, profitez de l’éternité ! »
Je me retournais une dernière fois pour lui faire signe de la main puis sur ses conseils, je me mis à courir vers la ville. Je vie au loin des formes qui semblaient m’attendre et je m’empressais de les rejoindre. Mais plus je m’approchais, plus mes mouvements semblaient lents. Et finalement lorsque je fus à leur hauteur, mon corps et mon esprit se figèrent, alors que le temps s’arrêta autour de moi. Je vis les autres formes, figées dans leur course. Et le temps cessa vraiment de s’écouler, sur la frontière entre deux univers, ne sachant vers lequel s’écouler.
| Contrainte objet / personnage | Une arme honnie |
Le jour où le temps a disparu
Laisse-moi te conter ce moment charnière de notre Histoire, le jour où Siècle changea pour toujours. S’il peut te paraître absurde, aujourd’hui, d’imaginer notre belle cité se déchirer, je te prie de me croire sur parole quand je t’assure que passé, présent et avenir se mêlaient en nos murs, et que chacun luttait pour sa propre existence.Je n’étais alors qu’une jeune fille. Ne me regarde pas comme ça. Toi aussi, un jour, ton visage se parcheminera. Ce ne sont pas de mauvaises choses. Je suis belle, comme toi tu l’es, et comme tu le seras à mon âge, petite insolente.
Je ne peux prétendre, qu’à cette âge-là, je comprenais les remous qui agitaient la politique de Siècle. Pourquoi le faubourg des Jours à venir avait-il soudain décidé d’organiser cette grande exposition retraçant les plus grands moments de son existence ? Si je crois le comprendre désormais, je n’en avais cure à l’époque. Je vivais alors dans un petit immeuble de Maintenant, à la lisière de la rive d’Hier. Ma mère, ton arrière-arrière-arrière et sans doute de nombreux autres arrière venait de là. Mon père, quant à lui, avait émigré du passé. Si leurs différences temporelles prêtaient parfois à sourire, jamais elles ne les ont empêchés de s’aimer.
Enfin, jamais jusqu’à ce foutu vernissage. Mes parents, en tant que symbole d’unité, y avaient été invités. Quel honneur pour notre petite famille modeste ! Je me souviens bien de ma tenue, des parfums de champagne et de savon, d’huile et d’encens, de poussière et de neuf, et du goût de ce fruit si rare par chez moi, et dont on me promettait que, lorsque mon âge avancerait, je serai en mesure de manger à volonté.
Il était curieux, même pour moi, enfant de Mi-Temps, de côtoyer le futur. Les artistes, historiens, notables et autres députés s’adressaient à moi dans une langue qui me paraissait si éloignée de la mienne, et pourtant emprunte du respect que je réservais moi-même à mes aînés. Je gloussais, la main dans celle de ma mère. On m’a présenté à une fillette de mon âge, née exactement quatre-vingt-treize ans après moi. Nous nous sommes observées avec une méfiance polie, que nos parents si différents ont mis sur le compte de la timidité.
Tout se passait bien, de mon point de vue. Mes parents souriaient, et les rires feutrés des convives accompagnaient la visite des galeries. J’y admirais des photos de mon école en ruine, les pièces de monnaie dont je me servais pour acheter le pain, et même les vêtements que je portais au quotidien, exhibés derrière des vitrines, commentés et admirés par les inconnus de demain.
Que dis-tu ? Non bien sûr, il n’y avait pas que nous. Papa, Maman et moi n’étions que quelques-uns des membres des délégations d’hier et d’aujourd’hui. Les choses n’auraient pas pris une tournure aussi dramatique, s’il n’y avait eu que nous. Nos propres hauts-placés suivaient la projection de leur avenir au passé avec un intérêt poli, et sans doute une forme de malaise. Il est curieux de découvrir ce qu’il adviendra de demain, même lorsque, comme moi, on se moquait un peu de toutes ces choses.
Mais comment oublier le silence, face à la pièce maîtresse, l’horreur, la sidération ? Je sens encore la tension dans les doigts de mon père et j’entendrai pour toujours le sanglot de ma mère.
Je réalise que je ne t’ai pas encore parlé du Tyran, mais cette personne ne mérite guère d’attention. Sache seulement que c’était son arme, celle qui a oblitéré passé et présent, que l’avenir a choisi de retrouver, de présenter et d’offrir à la vue de tous. Cette chose-là, qui causerait la mort de mes deux époques, trônait au centre d’un rayon de lumière, sacrée, déifiée.
Ah, qu’ils étaient fiers, ceux-là du futur qui n’en avaient rien à craindre ! Ils parlaient, inconscients, des techniques archéologiques, et des fouilles, et de la maîtrise des artisans magiciens qui ont restauré le sceptre honni, quand les miens contemplaient leur propre mort. Oh, il y avait bien un écriteau pour mettre en garde les curieux. Attention à la haine de cet homme qui tuera – ou qui avait tué, selon la naissance – le Temps lui-même, et toutes celles et ceux qui en subissaient les aléas.
Mais comment ne pas s’indigner face à cette mise en scène ? À cette chose qu’on protégeait de cordons de soie, quand elle assassinerait tant d’hommes, de femmes et d’enfants ?
Je dois te le confesser, ma mémoire me fait défaut. Je peux affirmer me souvenir de la pierre noire, qui ornait ce bâton de mage, et de ce qu’il s’est passé après la dispute. Je dis dispute, mais tu imagines bien que je pèse mes mots. Après la stupeur de la découverte – car personne, en dehors des organisateurs, ne savait l’existence de cette relique retrouvée –, passé et présent ont éclaté dans une rage comme je n’en ai plus jamais vue au cours de ma très longue existence. Je ne sais plus qui de mon père ou de ma mère m’a prise dans ses bras et arraché à la gronde. Je ne sais plus si j’ai assisté, oui ou non, aux premiers échanges de coups. Il me semble voir, avec précision, le poing de ce politicien aux cheveux roux s’enfoncer dans la mâchoire de cet autre aux dents blanches. Mais peut-être n’est-ce qu’une chimère ? Une fausseté de ma cervelle, reconstituée bon gré mal gré par les livres d’histoire, les discours, et le devoir de mémoire que je me suis par la suite infligée ? Comment le savoir, désormais, tant le passé me paraît lointain, et inaccessible ?
Tu n’as pas besoin de m’entendre radoter. Tu sais très bien, ce qu’il advient par la suite, n’est-ce pas ? Les débats houleux, l’escalade, le sang. On aurait pu croire que passé et présent s’associerait et que futur s’excuserait pour son insensibilité – oui, je pèse à nouveau mes mots. Ce n’était pas une insensibilité ; ce n’était pas une maladresse. C’était une déclaration de guerre. Une déclaration de guerre inconsciente, peut-être, mais l’étourderie peut-elle excuser la souffrance infligée ?
On aurait pu croire que passé et présent s’associeraient. Que futur s’excuserait, ferait disparaître pour toujours cet artefact stupide de la trame de l’univers. C’est ce que font les gens raisonnables. Mais les choses de la vie ne le sont pas, elles ne le sont jamais.
Mon père et sa mère se disputaient, pleuraient, débattaient. Ma mère, bien sûr, craignait pour moi, craignait pour nous. Cette arme, c’était aujourd’hui, c’était demain. Pour mon père, ce n’était qu’une menace lointaine, quoique concrète. Je crois que, pour la première fois, réellement, j’ai saisi ce qui les distinguait, et dont je pensais que c’était un lien, plutôt qu’un gouffre.
C’est bien sûr le Tyran, qui a tiré profit de toute cette situation. Le Tyran lui-même qui, comme le dictait son avenir, a fédéré les foules vengeresses. Cet homme ambitieux, pétri de haine et avide de pouvoir, magicien de talent mais humain sans valeur, a accepté son destin.
Il a créé ce sceptre, cet arriviste qui voulait que jamais on ne l’oublie. Il a modelé l’arme avec patience à partir de la relique conservée au musée des Jours à venir et, comme tu le sais, s’en est servi. Alors passé et présent ont disparu. Mon père et ma mère, balayés dans un souffle.
Pardonne-moi. Ces moments restent difficiles à évoquer, quand bien même je le dois.
En détruisant ceux qui le précédaient, futur s’est lui-même condamné. Je dis futur, même si personne ne sait bien plus d’où venait le Tyran. Le fait est que, s’il a alimenté les flammes, il n’est pas celui qui a alimenté la braise. J’accuse les Jours à venir, oui, mais peut-être parce qu’il est aussi plus simple pour moi de les blâmer eux. Je ne suis, après tout, qu’un produit du passé, désormais.
Non, je ne crois pas que les enfants de Mi-Temps ont eu de la chance. Je remercie l’univers de m’avoir permis de te rencontrer, adorable impertinente, mais ceux comme moi qui vivent désormais hors du temps – car dans leur sang se confondent demain, hier et aujourd’hui – se doivent, chaque jour, de se rappeler cet instant perdu. Punis d’une immortalité qui n’en est pas une, affligés d’une existence qui tarde à s’achever, nous nous sommes fondus dans ce futur devenir présent puis passé. Siècle a disparu. Siècle est revenue. Différente. Elle n’est pas moins belle, tout comme je ne le suis pas moins qu’à l’époque, même si ce nouveau visage est né dans la douleur, les larmes et la mort.
Voilà l’histoire de la ville au bord du Temps, ma chérie, et si je te la conte à nouveau, c’est que j’espère que, jamais, tu ne feras l’erreur qui a fait un champs de bataille de la ville au bord du Temps.
| Contrainte objet / personnage | Reine esclave |
| Contrainte temps / lieu / événement | Conseil de guerre |
Genèse
texte à ajouter mais pb de mise en page temporaireJe vous parle du Sirocco
On y arrivait par la rue d’Escouar, en empruntant la contre-allée. Personne ne nommait plus ce passage. Mais avant, cela avait dû être fait.Quelque part avant la Faille.
Aujourd’hui, ça n’avait plus de valeur. Une moitié d’Éa ayant disparu, les gens qui sattardaient à aller contempler la Faille étaient soit des touristes, soit des adolescents.
En plein jour, le monde s’arrêtait comme ça. Derrière les boutiques de manière un peu bistre. Il y avait un bout de ruelle et puis le firmament. C’était le soir que cela devenait intéressant.
Lorsque le soleil se couchait, l’azur se parsemait d’étoiles. À son apogée, après le Sirocco, quand l’autre moitié se fut évanouie, les astronomes y venaient. Les chercheurs aussi. Afin d’observer les astres de notre système dans leur inertie et leur immensité.
Un matin, les habitants de Tarsis s’était réveillés et la Faille était là, scindant la ville en deux. Pas que la ville, la planète. Mais ramené à leur échelle, cela n’avait pas de sens. Les habitants de Tarsis s’étaient donc levé un matin et une barrière invisible les séparait de la banlieue est.
Je vous parle de ça, d’avant la grande guerre d’Éa. Je vous parle de quartiers divisés, de couples séparés. Je vous parle de mains d’enfants apposées sur une faille temporelle que personne ne pouvait traverser.
Alors, oui, passer le choc, la sidération, la colère, le déni on avait tenté de s’entraider. Mais contourner la Faille s’était avéré fort coûteux puisque sa circonférence s’étendait par delà la stratosphère.
Le marché de la banane en avait pris un coup, ça je peux vous le dire. Alors on avait fini par faire sans.
Et puis était venu le problème du nom.
Maintenant que chaque hémisphère avait convenu de rompre toute forme de communication, lequel pouvait décemment prétendre s’appeler Éa? Personne ne souhaitait changer ses habitudes. Je vous parle d’une période rustre ou chaque mur de part et d’autre de la Faille s’avérait couvert de graffiti et d’affiche clamant: “ÉA C’EST ICI”
Planétarisme de bas étage. Le degré zéro de la pensée politique.
On y trouvait à l’époque des ultra de chaque camp beuglant sur des opposants, de l’autre côté de la Faille, dans une langue qu’ils n’auraient même jamais pu comprendre. Des gens ordinaires qui trois générations auparavant avaient été cousins, voisins, peut-être même frères.
Et puis les posters s’étaient étiolés. Leurs couleurs délavées. On ne trouva plus au bord de la Faille que des designers en quête d’innovation. Des modes se développèrent en parallèle comme si jamais plus nos chemins ne durent se croiser. Je pense que cette indifférence fut pire que le mépris de nos aînés.
Car c’est dans les évents de cette insouciance que disparut le quartier est de la ville et finalement cette moitié de planète voisine. Jumelle et pourtant alien.
Si quelqu’un d’autre qu’une poignée avait regardé ce qu’il se passait de l’autre côté, peut-être aurions-nous pris conscience de l’arrivée du Sirocco. L’on aurait décelé dans la diminution de leur trafic aérien cette absence de mauvaise augure du vol des oiseaux. Peut être aurions nous pris conscience que leurs infrastructures se délitaient. Que leur part du monde se mourrait.
Eux ne l’auraient pas montré, pour sûr, comme le mendiant après une longue journée d’été se refuse à alpaguer.
Mais nous l’aurions vu.
Je ne pense pas qu’on les aurait aidé.
Jusque très tard, le père d’Ahmed a juré y avoir assisté. Au Sirocco. Il prétendait que les cases de leur côté s’étaient égrenées, mais vers le ciel, formant des tornades inversées semblables aux nuées de sauterelles.
Ça avait pris des jours. Peut-être des mois. Le Sirocco. Leur moitié de planète en train de se déliter.
J’imagine la Faille assiégée. Les mains décharnées. Tous les corps affamés que quartier est se pressant contre cette frontière invisible à mesure que leur monde, leur vie, leurs enfants disparaissaient.
Et puis les corps gelés lorsque l’atmosphère se rompit à l’instar d’une bulle de savon. Mannequins de glace s’éparpillant dans l’espace.
Je ne pense pas que Toine pense à ça lorsqu’il se rend là-bas. Quand, de ses doigts graciles, il balaie la poussière avant de s’asseoir. Avant que Torres ne le rejoigne, qu’ils s’emmêlent, jambes contre jambes, dos contre torse, barbe contre barbe.
Eux n’ont jamais connu une Éa complète, des voisins haïssables ou un passé. Lui et les jeunes se rendent auprès de la Faille comme d’autres jeunes, en d’autres lieux, d’autres époques attendaient la marée.
Ils entendent leurs longues jambes dans la morsure du soleil au-delà de l’ombre des toits. Parmi les canettes et les papiers froissés.
Les jeunes d’aujourd’hui regardent cette fenêtre sur l’univers non pas comme une absence mais comme ce qu’elle est. Peut être notre devenir. Un avertissement, qui sait?
Un panorama de notre galaxie dans son immensité.
Dans leurs yeux et leurs baisers, un cadeau de toute beauté.
Tarsis est une ville au bord de la Faille. Une ville blessée. Un passé divisé.
Je suis fier d’y habiter.
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