« Les Adversaires » de Fabien Clavel (Le Pré aux Clercs)

Les adversaires-Fabien ClavelAyati est une jeune fille sans histoire qui travaille dans le restaurant indien de ses parents. Un soir, elle assiste malgré elle à un étrange duel à l’épée. Les deux adversaires sont un ange et un démon sous leur apparence humaine.

Driss est un petit dealer de banlieue. Poussé par l’ambition, il se met au service du parrain de la pègre locale, un certain Sammaël et devient l’hôte d’un démon mineur.

Tumaël est un ange qui a choisi délibérément de perdre ses ailes pour devenir humain et tenter ainsi d’avoir une descendance. Obéissant aux ordres de l’implacable ange Noguel, il prend la jeune Indienne sous sa protection. Tous auront fort à faire, car l’Apocalypse est en marche et la lutte fait rage entre les forces de l’Ordre et du Chaos. Surtout quand l’archange Metatron vient truquer les règles du jeu.

Premier contact avec le livre : sa couverture qui montre un duel à l’épée. Curieuse illustration évoquant Star Wars dans l’attitude des protagonistes et qui m’a un peu inquiété. La mention « anges et démons, il ne peut y en avoir qu’un » me faisait craindre une sorte de clone du film Highlander délicatement saupoudré d’occultisme. En réalité, le livre est bien différent.

L’histoire est racontée depuis plusieurs points de vue, alternant les chapitres (que l’auteur a choisi de renommer « psaumes »), même si les personnages des deux jeunes – embrigadés un peu malgré eux chacun dans un des deux camps – sont privilégiés. On y trouve bien moins de combats à l’épée que ce que la couverture laissait présager, mais une bonne ration de représentants des cohortes célestes et infernales.

L’auteur a choisi de ne pas donner dans le manichéisme, on est bien plus proche de l’ambiance du roman Night Watch, Les Sentinelles de la Nuit, de Sergueï Loukianenko (adapté en film avec le diptyque Nightwatch/Daywatch). Certains anges, parmi les plus hauts gradés, ne sont pas les plus fervents défenseurs de la justice et de la morale, et ils ne font pas l’unanimité, même dans leurs propres rangs, déchirés par des luttes de clans et des querelles intestines. Du côté des forces du mal, si on retrouve les brutes habituelles, on découvre avec surprise quelques personnages attachants, et que même le Diable en personne peut faire preuve d’une certaine forme de droiture et d’humanité.

Il en résulte une ambiance assez originale, renforcée par les lieux de l’action, situés presque tous dans la banlieue sud de Paris, à Villejuif notamment.

Là où le bât blesse un petit peu, c’est au niveau des protagonistes, bien moins réussis que les personnages secondaires et qui manquent un peu de relief. L’intrigue, quant à elle, est simple sans être simpliste, et elle fonctionne plutôt bien grâce à la trame teintée d’occultisme qu’elle utilise avec efficacité.

En résumé, un livre sympathique et original, même si ne s’agit clairement pas du livre de l’année.

Chronique de Philippe Deniel

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