Contrairement à ce que pourrait laisser penser tant l’apparence de l’ouvrage que la quatrième de couverture, Pavane n’est pas vraiment un roman, mais un ensemble de nouvelles situées dans le même univers : l’Angleterre de 1968, mais une Angleterre où l’Invincible Armada n’a pas été vaincue.
L’Europe entière est un système féodal, gouverné par l’Église catholique romaine qui en a banni tout progrès scientifique. Les locomotives sont à vapeur sur des routes pavées, des sémaphores géants tiennent lieu de moyens de communication et les découvertes scientifiques, telle l’électricité, sont considérées comme impies. On brûle encore les sorcières, dans cette Europe-là !
Une uchronie donc, mais à laquelle se mêlent des relents de Fantasy (le petit peuple et les fées font de courtes mais fortes apparitions) et dont les fondements historiques ne semblent pas très réalistes. Même si la face du monde eût certainement été changée par la victoire de l’Espagne en 1588, une absence totale de progrès scientifique n’est guère expliquée, sinon à soutenir la thèse que seul le protestantisme a permis la révolution industrielle. Laissons aux historiens le soin d’en débattre, mais signalons seulement la difficulté d’adhérer à cette thèse, sans compter quelques réflexions qui laissent parfois le lecteur dubitatif : « l’Église savait que l’on n’arrête pas le progrès ; mais on peut le ralentir, le retarder […] pour donner à l’homme le temps de s’élever un peu vers la vraie raison […]. Elle a pendu et brûlé ? Oui, un peu. Mais il n’y eut pas de Belsen, pas de Buchenwald. ». Admettons…
Ces – longues – nouvelles restent toutefois bien écrites, et fort bien construites. Parues en 1968, elles construisent un monde riche et cohérent (une fois acceptées les prémisses) que Keith Roberts sait parfaitement faire partager. Ses personnages ont du corps et de la présence, leur quotidien et leurs sentiments sont décrits avec une finesse et une tendresse qui les rendent attachants. Ceci explique pourquoi de nombreux critiques ont fait de Pavane un classique de l’uchronie !
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère
Éditeur | Le Livre de poche |
Auteur | Keith Roberts |
Pages | 314 |
Prix | 6,50€ |
Nous en pensons ...
Notre avis
4.1
Parues en 1968, elles construisent un monde riche et cohérent (une fois acceptées les prémisses) que Keith Roberts sait parfaitement faire partager.