Un père mort alcoolique. Une mère hôtesse au club Bel Ami. Plus la maladie du sommeil. Comment Naruhiko pourrait-il réussir sa vie ? Quant à la jeune M*, elle voit son père assassiné, perd la mémoire, se fait kidnapper et la police laisse tomber l’enquête…
Le récit va et vient entre ces deux jeunes que tout semble séparer. L’un « voit » l’avenir, mais se trouve coincé entre sa mère qui lui reproche d’être inadapté, un psychiatre qui le bourre de médicaments et un agent de change qui l’exploite. L’autre, captive et esclave sexuelle, désespère de retrouver sa liberté et son identité… Quand le garçon part enfin en Hokkaïdo pour devenir chaman comme sa grand-mère, et que la fille tue son geôlier et s’enfuit, sous le nom d’Arisa, pour retrouver sa mère, les épreuves continuent. L’initiation de Nahuriko est douloureuse et des « esprits malins » essaient de le détourner de sa mission : « guérir le monde ». Arisa est réduite à tuer, encore et encore, pour échapper aux réseaux de prostitution de Tokyo.
Nahuriko, qu’elle rencontre dans un rêve, promet de l’aider, mais sera-t-il assez fort pour la sauver ? Sanada, professeur réputé étrange, pourra-t-il lui rendre la mémoire ? Ne va-t-il pas plutôt la livrer à la police qui recherche un mystérieux tueur en série ?… Et même si ces trois loosers arrivent à s’allier, que peut-il en résulter ?
Mashiko Shimada est professeur universitaire et écrivain engagé. Ses livres sont difficilement classables, comme celui-ci qui mêle polar noir, érotisme sulfureux, plongée dans le fantastique et l’ésotérisme. L’auteur dresse un portrait effrayant du Japon moderne où tout est sacrifié à l’argent. Quelle issue reste-t-il aux victimes de ce monde hyper violent, corrompu, déshumanisé ? Suicide ? Terrorisme ? Ou retour à la nature et au chamanisme, comme semble le prôner l’auteur ? En définitive, ce texte ne s’apparente-t-il pas au surréalisme ?
Chronique de Marie Renée Lestoquoy