« Sur la route d’Aldébaran » d’Adrian Tchaikovsky

La Terre, quelques siècles dans le futur. La civilisation n’a pas suffisamment évolué pour mettre fin aux guerres et querelles mesquines entre grandes ou moyennes puissances, mais assez pour commencer à explorer le système solaire.

Dans un contexte politique plutôt instable, une première sonde est envoyée explorer la ceinture de Kuiper, au-delà de Pluton, puis sur la route d’Aldébaran.

Cette exploration permet de découvrir un curieux objet céleste, bien trop dense pour sa taille et capable de défier les lois de la physique puisqu’aux multiples drones et capteurs d’image qu’on envoie à son assaut, il présente toujours la même face, quel que soit l’angle sous lequel on le regarde.

La vague ressemblance de cette face avec celle d’un batracien lui vaut le surnom de Dieu Grenouille. Les révélations choquantes et existentielles s’accumulent, mais chacune, paradoxalement, ne fait que rendre plus épais le mystère enveloppant l’objet.

Une expédition est lancée, vingt-neuf hommes et femmes à bord du Don Quichotte sont envoyés pour comprendre. L’histoire est racontée à la première personne, du point de vue de l’un des membres du Don Quichotte, Gary Rendell, un astronaute britannique enjoué et gouailleur. Elle commence in medias res quand on le découvre piégé dans les Cryptes, à l’intérieur du Dieu Grenouille, incapable de comprendre le mystère qu’il a pourtant pénétré de l’intérieur.

Un chapitre sur deux est consacré à cette errance, le reste ce sont des flash-back sur l’expédition spatiale qui l’a amené à une telle situation. Horreur cosmique et humour grinçant sont savamment dosés en un cocktail parfois rafraîchissant, parfois un peu trop détonant.

L’auteur nous invite à réfléchir au thème de l’alien (étymologiquement parlant : l’autre). Cet alien, ce n’est pas seulement une aberration physique perdue au-delà de Pluton, c’est aussi les autres membres de l’équipage du Don Quichotte, que leurs différences, de nation ou de genre, peuvent facilement pousser à l’altercation.

L’usage de l’anglais ou du danois, la pertinence du pronom iel, peuvent être aussi effrayants que des griffes ou des tentacules pour ceux qui ne les comprennent pas. En errant dans les Cryptes, Rendell rencontre de nombreuses et différentes races aliens : des fleurs fluorescentes, des mille-pattes en combinaison synthétique, des œufs pensants, des prédateurs en forme d’intestin…

Toutes ces espèces, si différentes de lui sont pourtant confrontées à la même incompréhension de leur environnement. Rendell essaie de communiquer avec elles, dans un effort souvent pathétique et peu convaincant, se découvrant dans leurs yeux aussi étranger voire plus qu’eux ne le sont aux siens.

La familiarité boute-en-train avec laquelle il traite le lecteur (qu’il appelle « Toto ») est un masque qui finira par se fissurer, révélant que l’étrangeté, la monstruosité, l’aberration se développent souvent aux côtés de la normalité. Au final, l’alien, le monstre, n’est jamais celui que l’on croit.

Chronique de Louise ‘1822’Janin

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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