Loin des vampires glamours très à la mode actuellement, notamment au cinéma, notre vampire ordinaire considère l’être humain comme du bétail. Il est obligé de se mêler aux hommes pour passer inaperçu et pour pouvoir les approcher et prendre sa dose de sang. Il n’a pas de croc, mais un appendice sous la langue qui laisse peu de trace. Il prélève le sang sans tuer. Il ne peut pas transformer un être humain en vampire. À vrai dire, il ne sait pas lui-même d’où il vient. Il a toujours été seul. Ce qu’il sait, c’est que « l’homme étant l’animal le plus dangereux, le destructeur ou dévoreur de tous les autres », le vampire est par définition au sommet de la chaîne alimentaire. Peut-être n’est-il que le résultat de l’évolution, peut-être unique. Dans le début du livre, il a pour « couverture » une chaire de professeur d’université. Sa spécialité : les rêves. Quelle merveilleuse occasion : son sujet, endormi, ne peut s’étonner de se faire prélever du sang par le grand professeur.
En cinq tableaux, nous suivons les tribulations de ce vampire : sa découverte par une immigrée sud-africaine, son emprisonnement pour être utilisé comme attraction, sa tentative de psychanalyse, son amour de la musique. Mais ses tribulations le font rencontrer des êtres humains auxquels il pourrait s’attacher et c’est le grand piège de son existence : rester un prédateur et ne pas devenir trop « humain ». Il ne peut pas se lier à son cheptel, sinon comment pourrait-il continuer à se nourrir ?
Les 356 pages de ce roman se lisent parfois laborieusement. L’ouvrage aurait beaucoup gagné à être condensé même si le traitement du sujet est prenant. Une analyse clinique du mythe vampire dans notre monde d’aujourd’hui : le produit d’une anomalie de l’évolution et ses conséquences pour la survie de l’individu concerné.
Chronique de Estelle ‘1427’ Dupont
Éditeur | Robert Laffont |
Auteur | Suzy McKee Charnas |
Pages | 356 |
Prix | 21€ |
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Notre avis
3.1
Une analyse clinique du mythe vampire dans notre monde d’aujourd’hui