« Widjigo » d’Estelle Faye

Justinien de Salers, un noble breton ivrogne et dépravé, fuit Paris pour l’Amérique du Nord.

Alors qu’il traîne, en pleine déchéance, à Port-Royal, il est ramassé dans la rue et embarqué dans une expédition destinée à retrouver la trace d’une mission scientifique disparue sur les côtes de Terre-Neuve.

Le navire fait naufrage, et l’unique salut pour les rares rescapés est de rallier l’un des bivouacs éphémères abandonnés par des pêcheurs de morue, situé bien plus au nord. Le groupe de survivants, hétéroclite, comprend un pasteur intégriste accompagné de sa fille, un soldat anglais, un chasseur de fourrures, une coureuse de piste au sang mêlé et un jeune ayant survécu (nul ne sait par quel miracle) à la précédente expédition.

Ces protagonistes que tout semble opposer vont s’entre-déchirer pour survivre sur cette côte désolée où semblent encore régner les démons d’anciennes tribus indiennes. Romancière accomplie, Estelle Faye offre avec Widjigo une réelle évasion parmi les étendues sauvages du nord-est de Terre-Neuve, aux côtes balayées par les vents glacials de l’Atlantique et aux terres intérieures couvertes de forêts, marécages et tourbières hostiles.

Le tout dans le contexte historique trop peu traité en littérature (et bien oublié des Français) des derniers jours de l’Acadie. Le cadre pose d’emblée une ambiance propice à un univers fantastique, sombre et surnaturel à souhait, qui ravira les amateurs de Terreur (de Dan Simmons) ou encore du classique Frankenstein.

Bien que récurrents en fantastique, les procédés utilisés par l’auteure, tels que le témoignage du survivant, l’expédition perdue dans un monde sauvage et la confusion mentale du narrateur, égaré entre la réalité et sa psychose, ne desservent absolument pas le récit.

Si les personnages feraient belle figure dans un jeu de rôle, ils sont sans doute ici un peu trop hors normes pour être crédibles, mais peu importe car Widjigo est un roman agréable à lire. Il compte sans doute quelques pages de trop (sur la bien longue errance du groupe et dans le chapitre final explicatif), ce qui n’est pas bien important, tant le cadre et l’époque vont comme un gant au climat fantastique omniprésent de la première à la dernière page.

Chronique de Xavier ‘1762’ Fleury

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L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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