Enfin arrive à son terme l’épopée troyenne, dont les deux premiers tomes ont été présentés sur notre site. Et encore une fois Gemmell nous ravit par sa façon de jouer avec un mythe connu de tous, sans oublier bien sûr ni l’action, ni l’intrigue, ni la poésie, et par-dessus le marché son art de nous faire entrer en empathie avec les personnages.
On le sait, bien sûr, Troie va tomber grâce à la ruse d’Ulysse. Gemmell n’évite pas ce dénouement. Il le transforme. C’est bien grâce au Cheval de Troie qu’elle tombe, mais en l’occurrence il ne s’agit pas du tout d’un cheval de bois en offrande supposée aux dieux. Et surtout, jubilation intense, Gemmell arrive à frustrer Agamemnon de sa victoire au moment même où il pense la tenir ! Et si, comme dans Eschyle, Cassandre meurt en même temps que lui, c’est d’une façon beaucoup plus spectaculaire ! On retrouve même de façon tout à fait inattendue le personnage d’Iphigénie dans la peau d’une vieille prêtresse, et si Agamemnon est responsable de sa mort comme dans le mythe, c’est d’une façon beaucoup plus directe et odieuse.
On l’aura compris, Gemmell n’aime pas du tout Agamemnon, et en a fait le Vilain de l’histoire, à faire passer le Richard III de Shakespeare pour un ange ! D’ailleurs, il le fait intervenir avec perfidie dans le fameux duel entre Achille et Hector, qui ne se déroule pas du tout de la manière dont on le raconte dans l’Iliade. Et le sacrifice d’Hector va sauver une partie de la population troyenne.
Autre jubilation pour le lecteur. Quant au destin d’Andromaque et d’Astyanax, qui, rappelons-le, passe pour le fils d’Hector alors qu’il est dans cette version celui d’Hélicon, alias Énée, il diverge totalement de celui qu’avaient prévu les auteurs grecs, mais nous n’en dirons pas plus ! Et nous restons dans le doute concernant le destin d’Ulysse, que Pénélope attend toujours… Quant à Gershom, alias Prince Ahmosis, son histoire se rapproche de plus en plus de certain épisode connu de la Bible, qu’on s’étonne de ne pas voir davantage développé.
Alors que le cœur du récit est traité avec le rythme juste, ni trop rapide, ni trop lent, le dénouement paraît non pas bâclé, mais hâtif. Mais il serait malvenu d’en faire un reproche aux auteurs. C’est sans doute Stella Gemmell qui a assuré seule la rédaction des derniers chapitres après la mort de son mari, et d’après ses notes. Et il faut avouer que l’avant dernier chapitre injecte au lecteur pas mal d’adrénaline et que l’épilogue dégage une extraordinaire émotion. Nous disons adieu à la fois à un personnage et à un auteur aimés. En résumé, donc une fin brillante pour une saga qui nous a fait, comme on le dit à plusieurs reprises, cheminer – avec exaltation – dans la voie des héros.
Chronique de Marthe ‘1389’ Machorowsk
Nous en pensons
Notre avis
3,8
Alors que le cœur du récit est traité avec le rythme juste, ni trop rapide, ni trop lent, le dénouement paraît non pas bâclé, mais hâtif. Il faut avouer que l’avant dernier chapitre injecte au lecteur pas mal d’adrénaline et que l’épilogue dégage une extraordinaire émotion. Nous disons adieu à la fois à un personnage et à un auteur aimés. En résumé, donc une fin brillante pour une saga qui nous a fait, comme on le dit à plusieurs reprises, cheminer – avec exaltation – dans la voie des héros.