« Orient-Extrême : Collectif ImaJn’ère – 2021 »

De nombreux festivals littéraires publient leur propre anthologie. C’est le cas de l’association ImaJn’ère depuis une dizaine d’années, à l’occasion de son salon organisé à Angers.

L’originalité de cette publication est de rassembler à la fois des lauréats d’un appel à textes (six dans cette édition 2021) et des auteurs « de cœur » de la sphère de l’Imaginaire francophone (ici au nombre de huit).

Après avoir abordé précédemment des sujets aussi variés que les frontières, l’insurrection, l’Antiquité, les monstres ou encore le Western, l’édition2021 est consacrée à l’Orient. Voilà l’occasion de s’évader géographiquement dans un périple de récits qui ne se limitent pas au Japon, mais gravitent en Mongolie, en Chine ou encore au Vietnam et au Laos.

Les champs SFFF habituels de l’Imaginaire sont peu marqués ici, hormis pour le texte Infaillible d’Audrey Pleynet, plaidoyer sur la nécessité de l’interdit dans la domination des masses (et en passant allégorie sur le prix à payer pour gravir l’ascenseur politique ?), le délirant Go East d’un certain Philippe Caza, récit du tour du monde déjanté de deux candides néo-néandertaliens, et le choc culturel entre la Russie et la Chine remarquablement concentré par Jean-Bernard Pouy dans Yong.

La dimension imaginaire des autres nouvelles est moins flagrante, mais peu importe, au vu de l’indéniable qualité d’écriture de l’ensemble des textes. Au terme d’une très belle immersion dans l’Empire de la dynastie Tang, le gymnaste spécialiste des chutes contrôlées Philippe Ward parvient à glisser un clin d’œil à notre situation sanitaire.

Parmi les lauréats, Gwen Dubois décrit, malheureusement sans un seul dialogue, mais de très belle manière, l’exploitation d’un peuple du Kamtchatka dans Le dernier de l’espèce et Hélène Cruciani (remarquée pour le roman 11 septembre 2061 réédité il y a peu aux éditions Rroyzz) offre un texte complexe sur le deuil et l’oubli intitulé Omamori.

Les autres guides de l’Orient-Extrême qui vous attendent dans ces pages sont Eloïse Chanie (texte K-pop esclavagiste), Martin Samper (nouvelle noire dans le quartier chaud de Tokyo), Wilfried Renaut (récit initiatique et onirique), Laurent Whale (plongée musclée au sein de la Grande Armée napoléonienne en déroute), Martin Long (fascinant récit noir), Benoît Patris (touche fantastique sur fond d’oppression chinoise), Jérémy Bouquin (le dernier jour d’un seigneur de la guerre au Laos) et Francis Carpentier (aventure au Sud Vietnam).

Au final, si l’objectif de cette anthologie était de réveiller la fascination pour l’Orient, le job est accompli. De quoi inciter à la découverte des précédentes anthologies d’ImaJ’nère. Reste à espérer qu’elles ne sont pas toutes épuisées.

Chronique de Xavier ‘1762’ Fleury

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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