L’anthologie réunit douze histoires, s’échelonnant de l’Antiquité romaine à des auteurs contemporains. À travers ces récits qui montrent l’évolution de la représentation du monstre, une question ne cesse d’être posée : qui est le monstre ? Celui qui paraît différent de nous ou nous-mêmes qui faisons preuve de cruauté envers tous ceux qui sont différents ?
La première histoire est extraite du Satiricon de Pétrone (1er siècle après Jésus-Christ). À l’occasion d’un banquet chez un parvenu, Trimalcion, chaque convive raconte une histoire étonnante. Ici, l’invité a assisté à la métamorphose d’une femme en loup. Dans Le Lai de Bislavret, Marie de France (XIIe siècle), raconte l’histoire d’un baron breton que sa métamorphose en loup n’empêche pas de garder son honneur de chevalier et qui est trahi par sa femme.
Dans La Mère aux monstres, Maupassant (XIXe siècle) dénonce une femme qui met au monde des enfants contrefaits et les revend à des montreurs de foires. Avec Le Uhu de Jean Ray (extrait des Derniers contes de Cantorbéry, 1944), c’est la peur qui domine. Un monstre apparaît quand on prononce son nom. Le narrateur l’a-t-il vraiment vu ou l’a-t-il imaginé sous l’influence de l’alcool ? Dans À monstre, monstre et demi, de Marc Brandal, auteur britannique (1919-1994), un homme, qui a vendu son âme au diable, n’a plus d’ombre. Il rencontre une femme sans ombre. L’âme sœur ? Au lecteur de découvrir la surprise finale !
Avec Mon oncle (1959), Bruno Vincent utilise le thème du savant fou capable de se transformer, mais aussi de transformer les autres en monstres. Avec Le Palais des Monstres, Alain le Bussy (auteur belge, 1947-2012) nous amène, lui aussi à nous demander qui est monstrueux : les êtres au physique étrange, ceux qui les montrent ou les spectateurs ? Dans La Sirène, extrait des Pommes d’or du soleil (1950), Ray Bradbury confronte un survivant de la Préhistoire à la sirène d’un phare, sous l’œil intéressé des gardiens dudit phare.
Les quatre dernières histoires sont dues à des auteurs contemporains. Le Langage des Pierres, de Manon Fargetton (qui a remporté de nombreux succès auprès du public jeune et a gagné le Prix Imaginales 2016 pour adultes) nous offre une belle histoire d’amitié entre une humaine persécutée par ses condisciples à l’école et un monstre qui lui rend le goût de vivre. Pierre Bordage dans La Perle du Sagittaire propose une aventure spatiale et fait se rencontrer Terriens et E. T. : deux civilisations qui s’étonnent de leurs différences !
Avec Peau de Zombie, Charlotte Bousquet nous montre une jeune fille victime des persécutions de sa classe, qui finit par ressembler à l’image monstrueuse que se font d’elle ses condisciples. Jour de Gloire, de Victor Dixen nous présente une nouvelle version du Minotaure combattant dans l’arène un héros tueur de monstres. Mais rien ne se passe comme prévu.
Une anthologie que j’ai lue avec passion et qui m’a conduite à m’interroger sur la nature humaine. Il y a en effet de quoi méditer sur notre fascination pour le monstre. À en juger par tous ces textes, non seulement nous sommes fascinés par ceux que nous appelons « monstres », mais nous avons de quoi douter de nous-mêmes : ne sommes-nous pas tous des monstres, nous qui traitons si cruellement ceux qui nous semblent différents de nous ?
Chronique de Marie-Renée ‘1366’ Lestoquoy
Nous en pensons
Notre avis
4,0
Une anthologie que j’ai lue avec passion et qui m’a conduite à m’interroger sur la nature humaine. Il y a en effet de quoi méditer sur notre fascination pour le monstre. À en juger par tous ces textes, non seulement nous sommes fascinés par ceux que nous appelons « monstres », mais nous avons de quoi douter de nous-mêmes : ne sommes-nous pas tous des monstres, nous qui traitons si cruellement ceux qui nous semblent différents de nous ?