Dans cette anthologie, Stephen King et Bev Vincent ont réuni des textes se rapportant au voyage en avion, ou plutôt à la peur du voyage en avion. Seize nouvelles de longueurs et d’horizons différents, contemporaines ou plus anciennes, d’auteurs célèbres ou moins connus, composent le volume.
L’introduction est de Stephen King, ainsi que la présentation de chaque texte et de son auteur. La postface reste à Bev Vincent, essayiste et critique littéraire, notamment d’ouvrages de Stephen King. L’ouvrage s’ouvre sur La cargaison de E. Michael Lewis, une cargaison étrange produit des bruits bizarres. Puis, on découvre L’horreur des hauteurs d’Arthur Conan Doyle, au temps où l’aviation débutait et où l’on pouvait imaginer le pire au-delà des nuages.
Cauchemar à vingt mille pieds de Richard Matheson nous entraîne crescendo vers les hallucinations et la folie, à moins que… Par contre, Ambrose Bierce est plus sarcastique avec La machine volante où il se moque de l’aviation, puis on retombe à nouveau dans l’angoisse avec Lucifer de E.C.Tubb, où il ne fait pas bon jouer avec des objets que l’on ne comprend pas, surtout en avion. La cinquième catégorie de Tom Bissell mélange espionnage et vengeance sur fond de torture et de terrorisme, dans un texte qui met un peu mal à l’aise.
Par contre Deux minutes quarante-cinq secondes de Dan Simmons est dans la pure tradition d’apprentis sorciers dépassés par leur création, réjouissant. Diablitos de Cody Goodfellow nous replonge dans l’horreur, il ne faut pas voler des antiquités dont on ne comprend pas le pouvoir. John Varley nous propose Raid aérien, mêlant avion en péril et voyage temporel, captivant. Ensuite, Vous êtes libres de Joe Hill, histoire à la fois humaine et terrifiante, émouvante.
Oiseaux de Guerre de David J. Schow mélange histoire (la Seconde Guerre mondiale) et légende fantastique, alors que La machine volante (même titre que la nouvelle d’Ambrose Bierce) de Ray Bradbury pose le problème de l’invention. Une fois réalisée, à quoi va-t-elle servir ? Un peu de réjouissance avec Des zombies dans l’avion de Bev Vincent, une bonne histoire de… zombies.
Meurtre dans les airs de Peter Tremayne est plutôt un polar avec assassin à confondre, une enquête intelligente. Stephen King apporte sa pierre à l’édifice avec L’expert en turbulences, un don peut être épuisant. Le dernier texte est un poème de James Dickey, La chute, une hôtesse de l’air et un avion en perdition.
Étrange. À première vue, tant d’auteurs et d’époques différents devraient donner une anthologie un peu décousue, voire une suite de textes sans rapport entre eux, mais c’est plutôt le contraire, car le thème de l’avion et de la peur est bien respecté. Évidemment, on ne pense pas l’aviation de la même manière à l’époque d’Ambrose Bierce et de Conan Doyle qu’à celle de Dan Simmons, mais c’est justement l’intérêt de ces textes.
Pareillement, les nouvelles n’ont pas la même longueur, deux pages pour celle de Bierce et plus de cinquante pour celle de Joe Hill, mais là encore ce n’est pas un concours et les deux textes sont intéressants. Un seul bémol pour le poème de James Dickey qui aurait mérité une grandeur de police égale à celles des autres textes. Elle est si petite qu’il m’a fallu une loupe pour le lire correctement.
C’est donc un ouvrage agréable à lire, avec de bons auteurs et des textes parfois horrifiques, parfois énigmatiques ou critiques, mais toujours intéressants dans leur registre particulier. Un bon moment de lecture.
Chronique de Jean-Pierre ‘931’ Binet