Johan Heliot est un des pseudonymes de Stéphane Boillot-Cousin, qui a quitté son poste de professeur de lettres et d’histoire-géographie dans un lycée professionnel pour s’adonner à plein temps à l’écriture dans le registre de l’imaginaire (SF, fantasy, thrillers, polars). À son actif, plus de 80 nouvelles et une bonne trentaine de romans, dont beaucoup pour les jeunes. Avec Flibustière !, il attaque une nouvelle série : la saga d’Alexia Dumas.
On remarquera le clin d’œil à Alexandre Dumas, avec lequel l’auteur partage l’ambition de « faire de beaux enfants à l’Histoire », en mêlant aventures et héros fictifs aux événements et personnages authentiques de la grande Histoire. De la fantasy historique, en quelque sorte.
Les aventures d’Alexia commencent en 1797, en mer des Caraïbes, à bord de La Destinée qui navigue à destination de Saint-Domingue. L’héroïne n’a que 8 ans. Elle a embarqué avec son père, Aristide Dumas, et sa mère Éléonore, laquelle va accoucher alors qu’un flibustier prend leur navire à l’abordage. Aristide Dumas parvient à négocier avec le Capitaine Logan (devenu corsaire après avoir déserté la Royal Navy suite à une injustice) la libération des rescapés et la livraison de la cargaison à Toussaint Louverture.
À l’issue de cet épisode dramatique, Alexia, dont la mère est morte, veille sur son petit frère et son père, dont elle se sent responsable, et se passionne à la fois pour l’histoire de la flibuste et pour la libération des esclaves. Lorsque Logan est pris au piège, Aristide se fait son avocat, ce qui lui attire des ennuis avec les autorités en place. Il finit par se retrouver en prison. Alexia, qui a maintenant 14 ans, s’enfuit avec son petit frère et, déguisée en garçon, sous le nom d’Alex Bonny, se met sous la protection des frères Lafitte, flibustiers qui ont établi leur base dans l’embouchure du Mississipi.
Décidée à libérer son père coûte que coûte, elle va partir à la chasse au trésor, jouer les espionnes, et faire ses premières armes dans plusieurs batailles navales. Au fil de ces péripéties mouvementées, elle découvrira que les personnages auxquels elle a affaire, qu’ils soient ses alliés ou ses adversaires, ont le plus souvent « un avers et un revers comme les pièces de monnaie ». Au terme de ces épreuves (elle doit avoir alors entre 15 et 16 ans), elle est bien décidée à faire son chemin comme flibustière. Avec l’objectif de faire triompher les idées nouvelles d’émancipation.
C’est donc à la naissance d’une vocation que nous assistons et l’illustration de la couverture (signée Didier Graffet) évoque l’avenir de l’héroïne tel qu’il nous sera conté dans les prochains volumes, à raison d’un par an.
Un premier tome sympathique qui donne envie de connaître la suite. À travers des personnages attachants et des aventures pleines de rebondissements, une façon vivante de faire découvrir aux jeunes certains aspects méconnus de l’Histoire. Il s’agit aussi d’un « roman d’apprentissage » : non seulement Alexia apprend son futur « métier » de flibustière, mais surtout elle confronte ses rêves et idéaux à la réalité, découvre le sens de la responsabilité, la difficulté des choix et apprend à connaître les autres, à mieux les comprendre. Bref, elle devient adulte.
Marie-Renée Lestoquoy