On connaît (ou pas) le drame historique qui s’est joué au 13e siècle : sous couvert de croisade anti-hérétique prêchée par la Papauté d’Avignon contre les Cathares répandus dans le Sud Ouest de la France, les barons du Nord se sont lancés à la conquête d’États autrement plus raffinés, riches et prestigieux que le modeste royaume de France. Dans notre ligne temporelle, cette alliance avant la lettre du sabre et du goupillon l’a emporté.
Or voici qu’une équipe d’écrivains (trois « trouvères », un « trobador ») a construit, via le bienheureux postulat des mondes parallèles, une uchronie dans laquelle le gâteau savoureux est autrement plus difficile à digérer. Et où l’épopée se marie sans problème à des éléments fantastiques ou de SF. Car il ne fallait pas moins d’un miracle pour que Montségur ne soit pas pris.
Revenons donc non pas à nos moutons, il n’y en a guère dans cette épopée, mais à nos vampires, loups-garous, minotaures, morts-vivants, alchimistes, sorciers et sorcières pour le côté fantastique. Et pour le côté SF aux méchants pas beaux lézards extraterrestres, animaux composites et androïdes. Les auteurs s’amusent beaucoup à retourner les connotations et idées reçues habituelles. Loups-garous, minotaures et vampires combattent pour la liberté. Sorciers et sorcières se partagent entre les deux camps.
Dans le monde des Krétiens, bien qu’il existe des cardinales, aussi perfides que leurs homologues masculins (l’Église est présentée comme une puissance maléfique), on méprise les femmes, et ce n’est pas le cas dans le monde musulman, auquel vont s’allier les Occitans et Catalans. Le vaillant Roland ressuscité par magie est au service du Mal et la fameuse Durandal une épée de ténèbres opposée au Glaive de Justice manié par Xavi El Valent. Le Graal n’est plus le vase de la légende christianisée, mais le Grazal, gigantesque émeraude, vecteur du Dieu bon sur Terre. Les discussions théologiques ne font pas, rassurez-vous, l’essentiel du récit.
Très courts, les chapitres suivent en alternance l’un ou l’autre des héros et héroïnes ou des méchants et méchantes lancés dans un combat ou une quête. Car les personnages féminins sont loin d’être des princesses captives, qu’elles manient la hache, la magie ou la diplomatie. Ou les trois. Tous les auteurs gèrent très bien le récit d’action. On ne s’ennuie pas une seconde, d’autant que, jusque dans la nomenclature, l’humour ne perd pas ses droits.
Mais il faut reconnaître qu’on n’a guère le temps ni d’admirer le paysage ni de s’attacher aux héros. Très typés, ils apparaissent plus comme des fonctions que comme des personnages. Parfois on a l’impression de se retrouver dans un jeu vidéo. Une exception peut-être : Xavi, qui commence à s’interroger sur sa fonction de héros positif et en a plus qu’assez de tuer et tuer encore et que nous abandonnons dans cette incertitude et dans le deuil d’une femme aimée à la fin du deuxième tome.
Nous en pensons ...
Notre avis
4.0
Ou les trois. Tous les auteurs gèrent très bien le récit d’action. On ne s’ennuie pas une seconde, d’autant que, jusque dans la nomenclature, l’humour ne perd pas ses droits.