Le dossier de ce numéro porte un nom à priori un peu, non pas barbare, mais ésotérique : Cosmanthropie ! De fait, il s’agit tout simplement de l’acclimatation de l’être humain au vide spatial. Comme quoi, on trouve des termes savants pour tout. Le dossier se réservant pas moins de quatre textes illustrant le thème, nous n’avons droit en guise de horsd’œuvre qu’à trois nouvelles, très différentes, mais il en faut pour tous les goûts !
Le Guide ultime pour une Stratégie gagnante de Formation des Prix sur le Marché des Paris extraterrestres de T.R. Napper est finalement plus sage que son titre pourrait le laisser supposer. Si tant est que la vie d’un parieur puisse être sage ! L’Article 3,14 de T’jores Bloontje pourrait tourner en rond sur le sujet des arcanes administratifs de la législature. Eh bien, pas du tout ! Non sans humour noir, bien sûr. Douze milliards d’artistes permet de retrouver Gulzar Joby et sa plume si particulière. Ici, il nous concocte un univers futuriste où la redécouverte de la lecture n’est pas sans risque pour celui qui s’y adonne. Le dossier consacré à la Cosmanthropie s’ouvre sur un panorama de lecture par le porteur du projet : Jean-Pierre Laigle. Avec le sous-titre un aspect du transformisme cosmique chez l’homme dans la science-fiction, il laisse déjà présager de l’usage final généralement prosaïque de cette adaptation. De fait, dans l’histoire moderne de la SF, ce thème, voire sous-genre, n’a guère été abordé que par une poignée d’auteurs et, très souvent, dans un but pragmatique, dans le sens de l’économie libérale : celle d’avoir des ouvriers aptes à bosser dans n’importe quel environnement ! Une petite bibliographie complète cette approche pertinente. Les témoignages de Jorge Luis Calife (Brésil), Laurent Genefort (France) et Linda Nagata (États-Unis), trois écrivains ayant profité de ce sujet, apportent un éclairage plus sensible.
Si les nouvelles relatives au thème cosmanthropique ne sont guère joyeuses dans l’ensemble, leurs auteurs nous offrent cependant de bons moments de lecture. Je suis le parcours de Pavel Amnouel propose une bien belle aventure scientifique dont un des buts est une mission de sauvetage sur Uranus. Hélas, l’essai sur Vénus ne va pas se dérouler sans drame ! La cousine Entropie de Michèle Laframboise nous emmène dans les pensées d’un « décollé » à la fin de l’univers. Froid et chaud à la fois ! La chanson de l’infini de Domingo Santos a des apparences pessimistes puisque, là encore, le personnage principal assiste à une fin, la sienne en plus, dans un petit véhicule de travail perdu dans l’espace. N’y a-t’il d’autre espoir hors la folie ? Jean-Pierre Laigle montre qu’il est sensible à ce thème en fournissant le texte Les Larves. En plus de rendre hommage à H.G. Welles, il aborde le sujet de manière plus… évolutive – mais guère plus positive ! Viennent ensuite les habituelles, nouvelles et toujours bienvenues, rubriques : Croisière au long du Fleuve évoque des auteurs de la célèbre série noire en commençant avec Henri Bessière, Musique et SF s’intéresse à l’italien Kirlian Camera, Le Coin du Bouquineur découvre La Mer souterraine (1912) d’Édouard Keyser, alors que les Notes de lectures (parmi lesquels un hommage à Hal Clément par Georges Bormand) et Strips détaillent les parutions de ces derniers mois. Encore un excellent numéro de Galaxies.
Chronique de Vincent ‘1379’ Delrue
Nous en pensons
Notre avis
4,2
Le dossier de ce numéro porte un nom à priori un peu, non pas barbare, mais ésotérique : Cosmanthropie ! De fait, il s’agit tout simplement de l’acclimatation de l’être humain au vide spatial. Encore un excellent numéro de Galaxies.