A l’origine, je souhaitais aller chercher des contenus – voire même idéalement en produire – quels que soient les supports, ce qui incluait aussi le support papier. J’avais en tête une œuvre en particulier, La Grande Guerre de Charlie, BD oubliée que je souhaitais faire redécouvrir aux lecteurs francophones.
Et tout est parti de là, grâce notamment à Serge des « Éditions ça et là », qui m’a aidé à acquérir les bases du métier d’éditeur de BD que je découvrais entièrement, et qui m’a soutenu jusqu’à ce que je sois capable de me débrouiller seul, avant de retourner se consacrer totalement à son propre catalogue en 2013, qui commençait déjà à devenir sacrément riche.
Quand on fait une activité de ce type, on doit avoir des convictions éditoriales, ce qui va généralement à l’inverse du fonctionnement habituel au sein de grosses structures, où la prise de décision éditoriale s’appuie aujourd’hui très souvent sur des considérations marketing, des études (de marché, de lectorat, d’audiences, etc.), ou sur l’exploitation de « franchises » déjà identifiées et ayant démontré leurs capacités consensuelles.
De mon côté, j’aime faire ces choix librement, prendre les risques qui vont avec, certes, mais qui définissent précisément une identité éditoriale, pour peu que l’on parvienne à développer un catalogue.
Ainsi, La Grande Guerre de Charlie est typiquement une série en laquelle personne ne croyait et que des « études » auraient rejetée. Mais elle a tout de suite trouvé un lectorat et une visibilité avec une sélection d’entrée au festival d’Angoulême et une belle presse, ce qui m’a ainsi permis de lancer Delirium un peu plus sereinement.
De mon côté, ayant pris un plaisir immense et savouré pleinement la réalisation de cette première édition, j’ai tout simplement continué, un titre après l’autre.
Suite de la série d’entretien demain même heure 🙂