Aquitaine, quatrième siècle de notre ère. Entre la décadence de ses élites persuadées qu’il est éternel et l’arrivée d’une flopée de peuplades, l’Empire romain agonise. Dans la villa de son père, la jeune Thya reçoit la vision de ce dernier, le grand général Gnaeus Sertor, blessé par des barbares ; c’est son frère aîné, Aedon, qui a fomenté une embuscade pour pouvoir hériter et ainsi se rapprocher du pouvoir. Elle dépêche les domestiques, qui récupèrent le vieux militaire mourant.
Thya ressent ses visions comme une malédiction ; elle est la descendante d’une longue lignée d’oracles, représentants de l’ancienne mythologie romaine, et son père et elle cache ce pouvoir aux institutions chrétiennes qui la considèreraient comme une hérétique. Mais pour sauver son père, Thya fait appel à son don ; ses visions l’incitent à quitter sa terre d’adoption. Poursuivie par les sbires de son frère, elle entame un long voyage qui au fil de ses pérégrinations la conduit à Brog, vieille forteresse au cœur de la Forêt Noire, qui fut prétendument le théâtre des exploits guerriers de son père face aux Vandales : la jeune fille y découvrira que la véritable histoire de sa famille est bien différente de celle qu’elle croyait connaître.
Durant ses aventures, Thya rencontre assez vite Mettius, un ancien soldat de son père au lourd passé, et Enoch, un jeune homme qui semble surtout beau parleur… Les chemins de tous ces personnages s’imbriquent, les visions de Thya l’amènent à rencontrer des gens qui ont influé sur son destin. Les coïncidences sont telles que, très vite, on devine que des forces plus grandes sont à l’œuvre. Plus grandes même que les dieux des vieilles mythologies comme Hécate, Nodens ou Culsans, qui voient en elle un moyen de reprendre le monde à ce Dieu qui vient de leur voler la vedette.
Les romans qui constituent le cycle sont orientés pour un lectorat adolescent : les personnages principaux sont un jeune homme et une jeune femme autour de laquelle une romance se construit, le rythme est très étudié, les rebondissements nombreux et réguliers, le récit adopte le point de vue d’une pléthore de personnages – outre ceux précédemment cités, nous suivons les pas d’un faune, d’une ondine, d’un devin, et de divers autres, rencontrés au fi l des tomes, qui vont mourir ou juste disparaître…
Mais La Voie des oracles est bien plus qu’un page turner : il s’en distingue par l’originalité du monde décrit et la grande diversité des civilisations abordées, le détail apporté au monde. Et surtout par les choix scénaristiques adoptés, qui surprennent et donnent au bout du compte un
récit atypique qui n’hésite pas à bousculer les certitudes du lecteur. Parfois peut-être un peu maladroitement. Ainsi, vers le milieu du deuxième tome, Enoch, où les événements s’enchaînent, le lecteur se demande quelle est la véritable motivation de Thya. Elle se pose des questions sur son rôle dans l’histoire, et sa quête des dieux voilés, enrobée de destin et de prophétie, reste un peu floue. Mais sa rencontre avec ces mêmes dieux à la fin du volume chamboule tout le récit et le relance de façon brillante.
Seul bémol peut-être : vu tout ce qui arrive à plusieurs des personnages principaux, on devrait pouvoir ressentir un peu plus d’émotion lors de certains moments clefs, s’attacher davantage à eux. Peut-être n’ont-ils pas suffisamment de corps, sont-ils un peu trop archétypaux… Ceci mis à part, La Voix des oracles est une pleine réussite.
Chronique d’Olivier ‘1091’ Bourdy
Nous en pensons
Notre avis
3,5
La Voie des oracles est bien plus qu’un page turner : il s’en distingue par l’originalité du monde décrit et la grande diversité des civilisations abordées, le détail apporté au monde. Seul bémol peut-être : vu tout ce qui arrive à plusieurs des personnages principaux, on devrait pouvoir ressentir un peu plus d’émotion lors de certains moments clefs, s’attacher davantage à eux. Ceci mis à part, La Voix des oracles est une pleine réussite.