Chaque année, Stéphanie Nicot s’attelle à la publication de l’anthologie officielle du festival des Imaginales, qui se tient à Épinal.
Elle s’est attachée à choisir seize auteurs francophones aux univers différents, mais au talent indéniable. Ils nous dépeignent pour la plupart un futur sombre, où pandémie, destruction de la flore et de la faune, disparition de l’humain et dystopies cruelles sont au rendez-vous.
Loïc Henry, dans Malaria, nous rappelle que jouer avec les équilibres de notre écosystème, même avec les meilleures intentions, a un prix, et peut se révéler extrêmement dangereux. Sa nouvelle est parfaitement construite et parvient à maintenir un fragile espoir tout du long, même si le lecteur devine l’enchaînement de catastrophes.
Claire et Robert Delmas, avec Seigneur de Colère, proposent un texte brutal et très sombre, où l’humanité ne résiste que dans de petites enclaves au mode de fonctionnement totalitaire. Le héros a intégré ces préceptes, et il faudra une succession d’évènements pour l’encourager à les remettre en cause. Efficace, avec un personnage fort, c’est un récit marquant.
Changement de registre avec La Lumière de Malia, une nouvelle poétique et tendre, malgré sa dureté, à la nostalgie poignante, qui évoque une Terre aride et dévastée, où le souvenir d’un éléphant permet de vivre… Une louve à qui l’on donne la chasse, une chasseuse aux motivations généreuses, l’histoire de L’âme et le cœur d’Estelle Vagner n’est pas banale. Sous sa simplicité apparente, elle cache de beaux personnages pour lesquels l’empathie est immédiate.
Encore un texte violent et souvent glauque : Comme ça de Grégory da Rosa. Une gamine est maltraitée et ostracisée dans son village aux allures de Moyen-Âge. Elle survivra pourtant, peut-être, tandis que les villageois ignorants mourront dans une guerre qu’ils ne comprennent pas.
Philippe Tessier a choisi une tonalité plus légère avec son récit postapocalyptique, Qui se souvient des hômlas ? Les animaux vivent en paix sur la Terre depuis la disparition des hommes, et chacun a trouvé sa place. À moins que ? La fin de cette nouvelle est particulièrement bien amenée et surprenante.
Enfin, voici mes coups de cœur de cette anthologie ! Armée d’un livre et d’un crayon, de Jean-Laurent Del Socorro, est un très bel hommage à Malala Yousafzai, Prix Nobel de la paix et infatigable défenseuse du droit des filles et des femmes à l’éducation. Son histoire, à peine « science-fictionnisée », est aussi un vibrant plaidoyer sur le pouvoir des mots.
Je suis forêt de David Bry décrit le combat titanesque que se livrent une forêt et la ville qui s’étend à ses côtés, dans une ambiance médiévale fantastique. Un très beau texte, poignant et poétique, très bien écrit, qui embarque le lecteur.
Et enfin, La mer monte, d’Aurélie Wellenstein, est un prequel à son dernier roman, Mers Mortes (dont je ne saurais trop vous recommander la lecture !). Elle dépeint ici, dans un futur proche, une Terre où les océans ont quasiment disparu. Apparaissent alors des « marées fantômes », qui déferlent sur les humains, avec leurs cohortes d’animaux marins décimés par les activités humaines. L’idée est formidablement originale, et l’autrice réussit, avec une écriture affûtée et tendre à la fois, à faire passer un message fort, sans leçon de morale, juste avec humanité.
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère
Nous en pensons
Notre avis
4,2
Stéphanie Nicot s’est attachée à choisir seize auteurs francophones aux univers différents, mais au talent indéniable. Ils nous dépeignent pour la plupart un futur sombre, où pandémie, destruction de la flore et de la faune, disparition de l’humain et dystopies cruelles sont au rendez-vous.