J’ai déjà l’occasion de dire le plus grand bien de Fabrice Bourland (cf. Présences d’Esprits no71). Voici, avec Hollywood Monsters, les cinquièmes aventures de Singleton et Trelawney.
Passionné de littérature populaire, Fabrice Bourland invente un personnage qui lui ressemble, le détective Andrew Singleton, toujours un livre à portée de main, curieux dans ses goûts. C’est lui qui narre leurs exploits. Ce qui est logique, puisqu’on sait depuis le premier tome de la série (Le Fantôme de Baker Street) en quelle année James Trelawney va mourir et qu’Andrew Singleton a retranscrit leur histoire après le décès de son partenaire.
Ces enquêtes, ce ne sont pas n’importe lesquelles, mais celles où le duo a été confronté à des phénomènes ou des apparitions qui semblaient relever du paranormal. Andrew Singleton est plutôt sceptique sur ce genre de choses, mais son père est une figure importante dans le milieu du spiritisme, ce qui explique que certaines personnes fassent volontiers appel à lui et à son compagnon.
Attention toutefois, Singleton et Trelawney ne sont pas des détectives de l’impossible ou des chasseurs de créatures. Leurs enquêtes sont menées de façon traditionnelle et trouvent en grande partie des solutions rationnelles. Et pour le reste… Eh bien, disons que Singleton est bien plus ouvert d’esprits sur ce sujet au début d’Hollywood Monsters qu’il ne l’était dans Le Fantôme de Baker Street.
Le duo se complète et s’apprécie, malgré leur caractère très opposé. Singleton, nous l’avons signalé, est un intellectuel, Trelawney, un sportif, fêtard et volontiers dragueur. Ce qu’ils ont en commun ? Tous deux sont des migrants. Le premier est canadien, le second américain, et ils ont décidé ensemble de monter leur agence de détectives privés en Angleterre.
La très bonne idée de Fabrice Bourland est d’avoir choisi de placer sa série dans les années 1930 – l’époque est tourmentée, les sociétés secrètes fleurissent – puis de prendre un malin plaisir à confronter ses personnages aux créatures fantastiques les plus classiques (fantômes, morts-vivants, loups-garous…)
Si l’on peut se montrer réticent à entamer une série en cours de route, cela porte moins à conséquence pour les histoires de détective. Certes, il est parfois fait référence à des péripéties passées – affublées de titres énigmatiques qui éveillent la curiosité du lecteur –, mais – comme pour Sherlock Holmes – la plupart de ces enquêtes n’ont pas déjà été racontées.
De toute façon, Hollywood Monsters est un bon point d’entrée pour découvrir l’univers de ces deux fins limiers, car nos deux héros décident au début du roman de prendre un repos bien mérité. Ils sont encore fatigués par leurs dernières investigations. Singleton se remet d’une blessure. Le climat londonien n’est pas des plus apaisants. Nous sommes en 1938. La guerre approche à grands pas, les tensions s’exacerbent. Plutôt que de s’enterrer dans un coin tranquille en Angleterre, Trelawney choisit d’emmener son compagnon sur le sol américain. Ce sera l’occasion pour eux de revoir un de leurs amis communs qui travaille dans le milieu du septième art.
On s’en serait douté : une rencontre inopportune, et voilà notre duo entraîné dans une enquête à risque. Hollywood Monsters, le titre est parlant. C’est bien une histoire de monstres dont il est question, et qui obligera Singleton et Trelawney à s’intéresser au milieu du cinéma d’horreur, pas celui des gros producteurs et des stars – ou des starlettes que Trelawney rêve de connaître. Non, mais à celui des petites mains, des figurants et des phénomènes de foire.
Bref, une enquête trépidante, un bel hommage aux séries B de l’avant-guerre, de quoi passer un bon moment à bouquiner dans son canapé. Que vouloir de plus ?