La jeune Anyelle Corrage vit dans une profonde forêt qu’elle connaît comme sa poche. Normal : son père Elliort, un colosse qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et que tout le monde respecte, possède un don : antibûcheron. Il fait repousser les arbres coupés par les tenants de cette profession dont l’arrivée dans les parages lui provoque immanquablement une éruption cutanée. Un jour, elle découvre son propre don, encore plus puissant, le Renfort : elle peut renforcer ceux des autres. Sur les conseils d’un mage local, Elliort conduit Anyelle à l’École des Magies Utiles et Laborieuses d’Hasturget, la capitale du Kathtorn (un des Troyaumes – carte ici : http://www.enigmesdelaube.fr/), pour qu’elle y apprenne à contrôler son pouvoir. Sauf qu’on n’y accepte pas les filles…
Vous l’aurez compris, ce roman en deux parties nous offre une histoire qui fait un peu trop penser à celle du petit sorcier de J. K. Rowling. On y retrouve le même schéma narratif, celui d’un roman initiatique. Un jeune, « étranger » au milieu des magiciens plus que réactionnaires et très secrets, dont il va devoir assimiler les us et coutumes byzantins, doit faire ses preuves et survivre à ses études de magie dans une école très spéciale (où se pratique un sport magique complètement barré) et en même temps furieusement proche du milieu scolaire que l’on connaît. Pour cela, il va s’entourer des autres exclus et se mettre à dos les snobinards et les ambitieux, qui sont aussi les plus forts et les plus populaires.
De nombreux autres motifs et caractéristiques nous confortent dans l’idée qu’il ne s’agit que d’une resucée surfant sur la déferlante Harry Potter. Et malgré son intérêt et ses rebondissements, on se prend à regretter que le tome 2 ne soit qu’une version bis du tome 1 (autre école, autres profs, autres camarades, autres punitions, mais au fond, c’est un peu le même plat, en plus épicé).
Alors pourquoi ne peut-on pas lâcher les livres dès lors qu’on s’y est plongé ?
Sans doute parce que l’auteur a su s’amuser avec les stéréotypes qu’il reprend. D’abord, on a l’humour du narrateur omniscient, qui n’est pas tendre avec les mages et qui n’hésite pas à verser dans la caricature et la satire. Ensuite, il sait rendre ses personnages attachants, surtout Anyelle, les seconds rôles restant malgré tout assez schématiques (le père, c’est l’Obélix du Domaine des Dieux !). L’inventivité est au rendez-vous, que ce soit dans l’onomastique, la géographie délirante de l’école d’Ithtir (les escaliers d’Escher, transformés en ponts entre des pitons rocheux perchés au-dessus du Labyrinthe des Failles, ce qui renvoie ceux de Poudlard au rang de promenade de santé bien abritée) ou dans les détails du quotidien, les diverses sortes de magie, les accoutrements des mages, etc.
Et puis, de temps en temps, le narrateur nous offre une récréation en nous ramenant dans la forêt d’Arzain aux côtés d’autres personnages plus ou moins proches d’Anyelle. Les thèmes de la solitude (et pas seulement enfantine) et de l’exclusion sont plutôt bien traités. En somme, on ne s’ennuie pas. Le récit enchaîne les péripéties, petites ou grosses, selon un rythme soutenu, avec pour fils conducteurs une enquête (ou deux) mêlée à une énigme, le tout devant bien sûr décider de l’avenir d’Anyelle.
Bref, malgré les coquilles qui déparent surtout le premier tome, on passe un excellent moment de lecture, une vraie détente, en terrain connu, mais qui réserve de petites surprises.
Nous en pensons ...
Notre avis
3.7
Bref, malgré les coquilles qui déparent surtout le premier tome, on passe un excellent moment de lecture, une vraie détente, en terrain connu, mais qui réserve de petites surprises.