« American Gods » de Neil Gaiman

americangods-gaimanAu sortir de trois ans de prison, Ombre apprend qu’il a perdu sa femme, Laura, son meilleur ami et son travail. Mais notre « looser » est embauché comme homme à tout faire par Voyageur, arnaqueur doué d’étranges pouvoirs, qui fomente de mystérieux complots impliquant les Dieux américains.

Qui sont-ils ? Siècle après siècle, ils ont débarqué avec les émigrants qui apportaient leurs coutumes et croyances. Au fil des siècles, les divinités exilées ont sombré dans l’oubli. Les survivants sont devenus des marginaux que Voyageur appelle à s’unir contre les nouvelles idoles auxquelles croit désormais la société américaine : la ville, la technologie, la télévision, le show-biz, l’argent,…

Sous l’œil désabusé du Pays, incarné par un homme à tête de bison, la tension monte entre les anciens Dieux et les nouveaux, d’autant plus arrogants vis-à-vis de leurs prédécesseurs qu’ils craignent d’être oubliés à leur tour, au bénéfice des modes futures. Tous les coups sont permis, Ombre l’apprend à ses dépens. Mais pourquoi les deux camps se le disputent-ils avec acharnement ? Est-il un pion sacrifiable, le joker qui fera gagner son camp ou le grain de sable qui grippera les engrenages d’une machination diabolique ? Quelle chance ce « costaud au grand cœur », que certains jugent « pas très malin », a-t-il de déjouer les pièges tendus par les Dieux ? Même s’il a des intuitions fulgurantes, de curieuses capacités météorologiques et un don pour se gagner les amitiés, voire la protection de déesses. Sans oublier Laura qui continue de veiller sur lui et qu’il espère ramener à la vie.

Dans ce roman baroque, il y en a pour tous les goûts. Vous aimez la mythologie et les contes ? Les cultes et les légendes de tous pays et de tous temps sont en rendez-vous : du shamanisme aux rites vaudous, du panthéon scandinave aux femmes renards japonaises, en passant par les djinns, le « petit peuple », Kali la sanglante ou les dieux slaves. Avec eux, vous traversez le voile des apparences, chevauchez au sein d’un océan d’étoiles ou descendez aux enfers. Vous préférez l’histoire ? Vous la vivrez comme si vous y étiez, à travers les chroniques de Monsieur Ibis où la démystification ironique se marie au souffle épique. Pour les amateurs de polars et de romans d’espionnage, voici une enquête policière sur des disparitions d’enfants et des affrontements de services secrets. D’autres lecteurs verront, dans ces Dieux américains, une allégorie satirique de la société américaine (culte du pouvoir, de la réussite, du paraître, de la nouveauté à tout prix ; élimination de la diversité culturelle du « melting pot » d’origine au profit d’un modèle standardisé). Nul doute que tous goûteront les formules percutantes et l’humour décalé et iconoclaste propre à Neil Gaiman. Quelques exemples : les églises « aussi significatives que des cabinets dentaires », Dame Liberté avec « des rats sous la robe et du foutre froid qui dégringole le long de la jambe », Thot et Anubis recyclés dans une petite entreprise familiale de pompes funèbres, spécialisée dans les enterrements de gens de couleur, …

Pas étonnant si, en 2002, ce livre a collectionné les distinctions : meilleur roman de SF (prix Hugo et Nebula), de fantasy (Locus) et fantastique (Bram Stoker Award).

Chronique de Marie-Renée Lestocoy

Editeur J’ai Lu
Auteur Neil Gaiman
Pages 605
Prix 8,50€

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