Rencontre avec Xavier Dollo – Les éditions Argyll

Éditions Argyll : Entretien avec Xavier Dollo 

Réalisé lors des Utopiales 2024 par François Manson & Xavier Fleury

Présences d’Esprits : Quelle est la place des éditions Argyll dans le paysage de l’Imaginaire français ? 

Xavier Dollo : Argyll est une maison d’édition qui est encore très jeune. On a trois ans. Trois ans, ce n’est rien. C’est une petite structure. En plus, on a créé la maison d’édition pendant le Covid, sur le principe d’une coopérative. Il y a une librairie et une maison d’édition. On devait créer la librairie avant la maison d’édition, mais avec le Covid, monter une librairie, ce n’était pas si facile que ça, et même impossible, donc on s’est focalisé d’abord sur la création de la maison d’édition. Argyll a publié son premier titre, en mars 2021, Le Crépuscule de Briareus de Richard Cowper, une réédition d’un roman post-apocalyptique anglais assez connu, assez chouette. On s’est fait plaisir. C’était une petite madeleine de Proust, pour être honnête, d’un livre qu’on avait adoré étant ados – surtout moi, d’ailleurs. 

PdE : Si tu devais résumer la ligne éditoriale d’Argyll, en une phrase ? 

X.D. : La ligne éditoriale des éditions Argyll, ce sont des textes d’imaginaire au sens large avec quelques petits crochets vers le roman historique, le polar de temps en temps et qui ont tous un contenu social. Il y a toujours un contenu social, plus ou moins à grande d’échelle, dans les livres qu’on publie. En tout cas, on essaie avec la collection principale (car on a d’autres collections aussi). Là encore, ce qui fait partie du processus initial, c’est d’avoir justement cette fonction de pouvoir créer du lien dans la chaîne du livre, entre tous les acteurs et actrices de celle-ci, d’être connecté à cet écosystème. 

 

PdE : D’où la coopérative… ? 

X.D. : Oui, tout à fait. C’est pour ça qu’on a la volonté de publier des textes qui sont parfois proches d’essais sociaux, très clairement, mais aussi de purs romans de distraction, avec un propos assez fort malgré tout dans ces récits-là. 

 

PdE : Tu as différentes collections : quelles sont-elles ? 

X.D. : Il y a une collection générale qui n’a pas de nom où l’on publie principalement des romans d’imaginaire. Donc, de fantasy, de SF, de fantastique, d’auteurs et d’autrices venus de tous les horizons, francophones et étrangers. C’est avec cette collection qu’a débuté la maison d’édition. On en a une autre, que j’aime beaucoup, qui s’appelle « Comment écrire de la fiction ». Et bientôt, d’ailleurs, on va devoir renommer cette collection, parce qu’on va publier Comment écrire de la non-fiction, par Stéphanie Chaptal. Cette collection est née de l’idée de pouvoir rendre l’écriture plus accessible aux gens, des essais qui ne soient pas fondamentalement écrits par des universitaires, mais par ceux qui vivent l’écriture et qui sont, globalement, des écrivains. 

La collection Comment écrire de la fiction s’enrichira en 2025 d’un 5ème chapitre.

PdE : Ici, avec le best-seller, de Lionel Davoust… 

X.D. : Alors, tu fais bien de le dire, parce que, effectivement, aujourd’hui, c’est notre meilleure vente chez Argyll. C’est une de nos plus mauvaises mises en place en librairie, mais c’est notre première vente. On a dépassé les 4 000 exemplaires allègrement. 

 

PdE : Qu’entends-tu par mise en place en librairie ? 

X.D. : Ce sont les représentants qui passent en librairie quelques mois avant les parutions et qui disent au libraire ce qui sort chez tel éditeur à telle date. 

 

PdE : Vous ne vous mettez pas en avant nécessairement ? 

X.D. : Les libraires choisissent ce qu’ils mettent en rayon – ce qu’on appelle les offices. Et cette sélection, pour la collection, comme on est dans de la fiction, ça ne se fait jamais très bien. On a des mises en place très faibles, qui montent très rarement au-dessus de 600 exemplaires en librairie. C’est quand même très faible. Sauf que, en fait, c’est la collection chez nous qui a le plus fort taux de réassort. C’est-à-dire que, une fois que le bouquin est paru, on a des réassorts extrêmement réguliers, et tout le temps, et qui vont augmenter. On n’a quasiment pas de retours sur cette collection. C’est du bonheur, en fait. C’est vrai que le livre de Lionel, on l’a édité une première fois, je crois, à 2000 exemplaires, puis on l’a réimprimé une deuxième fois et une troisième fois. Là, on a encore du stock, mais il part encore très régulièrement. Et le deuxième, un essai de Damon Knight, un vieux de la vieille, est formidable. Il touche beaucoup à la nouvelle, ce que vous connaissez bien chez Présences d’esprits parce que vous en publiez aussi. Le livre a très mal commencé, avec une mise en place à 600-700 exemplaires. Et là, il a largement dépassé les 1200-1400 exemplaires vendus, je ne sais plus, dans ces eaux-là. Le suivant, celui de Christophe Lambert, prend le même chemin. Et celui du collectif d’autrices, Le Cercle des Murmures, a un début timide, mais avec des réassorts extrêmement réguliers aussi. Donc, c’est une collection vraiment parfaite pour nous. Le but, c’est un jour d’avoir des librairies qui ont un rayon spécifique avec toute la collection. 

Et puis nous avons une troisième collection, toute nouvelle, qui s’appelle RéciFs. RéciFs, c’est un mot valise qui contient à la fois récit et féminin. Ce sont des novellas, des récits courts, exclusivement écrits par des femmes. On ne s’interdit pas des recueils de nouvelles non plus. Nous avons commencé avec un texte de Margaret Killjoy, une autrice qu’on avait déjà publiée dans notre collection principale. On a continué avec Le bracelet de Jade de Mu Ming qui est une autrice chinoise, d’ailleurs présente aux Utopiales cette année [2024]. Ces deux ouvrages sont parus en même temps. Et le troisième, en avant-première, c’est Foodistan de Ketty Steward, qu’on est vraiment ravis d’accueillir dans cette collection RéciFs. On prévoit 5-6 titres par an, à peu près. Si c’est une novelette, on essaie de l’accompagner soit d’une interview, soit d’une potentielle autre nouvelle de l’autrice. Mais globalement, oui, on ne veut pas que ce soient des textes trop longs. En plus, on veut que ce soient des textes accessibles, financièrement. Ce sont des livres qui ne coûtent pas trop cher, entre 9,90 et 12,90 euros. La collection est très bien lancée. 

C’est un format semi-poche. Le même format que la collection Une heure lumière, pour donner une idée. Et les mises en place, là, pour le coup, sont excellentes en librairie. Et ce qui est plutôt enthousiasmant, c’est que les réassorts sont excellents aussi. Ce qui veut dire que les titres mis en place se vendent. 

La collection Récifs est entièrement consacrée à des novellas d’autrices de l’imaginaire

PdE : Qu’est-ce qui t’a amené travailler dans ce domaine ? 

X.D. : Le hasard. Et, je pense, la fan-édition, tout simplement. À 17 ans, je suis abonné à des fanzines. Et j’ai fait moi-même des fanzines. À l’époque, en 96, cela remonte donc au siècle précédent – j’adore dire ça ! –, j’avais un fanzine que j’avais fait avec mes camarades de terminale L qui s’appelait BYXTEND. On avait fait un numéro. Et j’ai publié un autre fanzine qui s’appelait The CJFFC. C’était le fanzine du fan club de Jacky Ferjault, un écrivain que j’aimais particulièrement bien, qui publiait beaucoup dans les fanzines. C’est une époque aussi où j’étais extrêmement tourné vers ces cultures-là, justement, celles de la fan-édition. Et j’étais abonné à des dizaines de fanzines. 

 

PdE : Il n’y avait pas internet… 

X.D. : Non, il n’y avait pas internet. Je faisais avec mon budget. C’est peut-être pour ça que je n’étais pas abonné à Présences d’Esprits qui était peut-être d’une gamme d’impression un peu plus chère. 

 

PdE : À l’époque, non, on en était encore à la photocopie noir et blanc ! 

X.D. : Alors, ça reste une énigme, pourquoi je ne me suis pas abonné à Présences d’esprits, car j’étais abonné à plein de fanzines, comme Dragons et Microchips, La Geste, Micronos, Octa, Xuensé, qui était gratuit. Alain le Bussy me l’envoyait gratuitement de Belgique, donc forcément oui, j’étais abonné à celui-là. Il me l’envoyait un peu quand il voulait, mais bon, après… Donc oui, j’ai cette culture-là. Et c’est vrai que j’ai commencé à écrire aussi, donc à publier dans ces mêmes fanzines. J’ai commencé à publier de façon plus professionnelle après. Je suis resté tout le temps dans ce milieu, finalement. Un peu en marge, peut-être, parce que je n’y participais pas activement, n’étant pas à Paris… Je ne participais pas non plus aux rares festivals de l’époque ou aux Conventions. Donc, j’ai fait mon chemin un peu à côté, jusqu’à ce que j’arrive à Rennes où j’ai découvert une librairie où se tenaient les mercredis de la SF. J’ai connu un milieu de la SF rennais qui a été très actif à la fin des années 90 et jusqu’en 2005-2006. Mes premières Utopiales, c’est avec eux que je les ai faites. Et effectivement, de fil en aiguille, j’ai travaillé aussi en librairie – parce que, justement, comme je fréquentais les mercredis de la SF, j’ai été embauché à la librairie Critic pour développer le rayon SF et imaginaire, parce qu’il n’y avait pas grand-chose quand je suis arrivé, tout au plus une petite armoire rikiki. C’est ce que j’ai fait sur une dizaine d’années : j’ai développé tout un rayon et un espace dédiés à l’imaginaire, et qui a pris de l’ampleur, qui s’est finalement fait connaître au niveau national. Parce que les librairies spécialisées étaient quand même encore – ou étaient redevenues – extrêmement rares. Donc Critic a été l’un des jalons de ce parcours. Après mon départ forcé – j’ai été licencié –, j’avais un projet de création de maison d’édition.

Je travaillais au Forum du livre, une autre librairie rennaise et, en parallèle, j’ai donc monté une maison d’édition qui s’appelait Ad-astra, qui était ma première maison d’édition à moi. Et que j’ai conçue un peu comme un fanéditeur au départ. J’ai tout appris sur le tas : c’est en éditant qu’on devient éditeur, aurait dit Philippe Ward. On peut se former de cette manière, on acquiert les outils, c’est sûr. C’est beaucoup plus difficile et beaucoup plus sur le long terme, mais en même temps, ça a été très formateur. Cette maison d’édition a publié seulement treize bouquins, parce que je ne voulais pas publier beaucoup. Et elle a eu pas mal de succès, finalement. On a même gagné un GPI (Grand Prix de l’Imaginaire). Si la maison d’édition a été remarquée, c’est qu’on n’avait pas fait un si mauvais travail que ça. Notamment en rééditant le cycle de Lanmeur, de Christian Léourier, un cycle que j’affectionne particulièrement. Et puis j’ai arrêté cette maison d’édition quand je suis retourné travailler, justement, à la librairie Critic, qui avait aussi lancé sa propre maison d’édition. Je suis devenu alors éditeur pour Critic, où j’ai lancé des auteurs comme Romain Benassaya, François Baranger, David Khara, par exemple, à l’époque. Ce sont des manuscrits que j’ai apportés à la maison d’édition. 

 

PdE : David Khara, c’était leur best-seller ? 

X.D. : Oui. Il doit s’en être écoulé 20 000 exemplaires. C’était assez monstrueux, pour une toute petite structure qui se lance. Après, c’est un processus tout naturel, vers Argyll. C’est comme si, au fur et à mesure des années, tu affinais ton programme, et tu finissais par bâtir vraiment la structure qui est la plus adéquate pour toi, la plus adaptée, et puis celle que tu as vraiment envie de défendre le plus. Eh bien, pour moi, ça s’est vraiment orienté vers ce système coopératif des éditions Argyll. Voilà. J’ai ces trois « casquettes », en fait, de libraire, auteur et éditeur, qui m’ont permis aussi de mieux cerner ce projet, qui, au départ, il ne faut pas l’oublier, est un projet monté en réaction à la façon dont on traitait les auteurs et les autrices dans l’écosystème de la chaîne éditoriale. L’auteur, c’est son premier maillon. Le premier maillon, mais la cinquième roue du carrosse. Donc, on a très vite évalué notre projet par rapport à une meilleure rémunération des auteurs et des autrices, avec une refonte du contrat qui n’est plus un contrat traditionnel. Il y a tous les éléments d’un contrat traditionnel, mais c’est un contrat collaboratif, où les auteurs et les autrices choisissent en cochant les cases – ou en ne les cochant pas, d’ailleurs. S’ils ne veulent pas quelque chose dans leur contrat, ils décochent la case, et puis voilà. S’ils ne veulent pas qu’on garde les droits cinéma ou les droits poche, on ne les garde pas. C’est un système qui plaît beaucoup. 

On a aussi supprimé l’à-valoir, par exemple, qui peut être contraignant, parce que c’est un système de banquier. C’est-à-dire qu’on t’avance de l’argent pour un projet, mais d’une certaine façon, tu dois le rembourser. Imagine, on te donne par exemple 3000 euros à-valoir. On va devoir rembourser ces 3000 euros d’à-valoir en ventes avant de redistribuer des trois d’auteurs. Alors, c’est bien, d’une certaine façon. Mais quand un auteur ne touche jamais un droit d’auteur, c’est quand même très déstabilisant, ce n’est pas toujours agréable. On a remplacé cela par un forfait, qui est moindre, de 500 euros, mais est acquis. Et le premier livre que tu vends en librairie, c’est un livre sur lequel l’auteur va toucher des droits. Pour nous, c’est un système qui est beaucoup plus vertueux. 

PdE : Des éditeurs font la même chose, mais avec le crowfounding. Celui-ci finance l’auteur et après l’auteur touche ses droits d’auteur… 

X.D. : Oui, les éditions Projets Sillex font cela par ailleurs. 

 

PdE : Et, du coup, combien de personnes collaborent avec toi dans ta maison d’édition et combien sont salariées 

X.D. : Il faut voir vraiment la structure en tant que coopérative, donc avec la librairie et la maison d’édition, en tout, il y a quatre salariés. Simon, le « chef » de la maison d’édition, même s’il n’y a pas de chef chez nous, en soi, parce que c’est un système très horizontal. Mais c’est lui qui s’occupe le plus de la maison d’édition. Les autres salariés sont principalement sur la librairie. On a Anne, qui est aussi la directrice artistique du festival des Intergalactiques à Lyon, et qui est notre libraire principale à l’Astrolabe. On a embauché Morgane en CDD à la librairie et on a une alternante, Lucie, qui est là pour deux ans. Et moi, je ne suis pas salarié de la coopérative. Je suis salarié de l’Université Rennes 2 pour le festival Sirennes. Mais, par contre, je suis président mandataire de la coopérative Argyll. Ce qui fait que je touche un mandat très faible. Soyons transparents. Je touche 500 euros par mois pour tout ce que je fais dans la coopérative. Ce n’est pas un salaire, c’est un mandat. Mon salaire vient de l’université. Et on a cette volonté que tout le monde soit au même niveau dans la coopérative. Cela fait que mon mandat est de 500 euros parce que je touche 1000 euros de l’université. Donc tout le monde touche 1500 euros dans la coopérative. Si quelqu’un est augmenté, tout le monde sera augmenté. Ce sont vraiment des aspects pratiques très simples et très clairs, finalement, et beaucoup plus faciles à mettre en place. 

PdE : Argyll ne publie pas uniquement des auteurs francophones, vous avez aussi des textes traduits

X.D. : Oui, tu as vu que notre catalogue a beaucoup d’auteurices étranger.e.s. La dernière en date, c’était Mu Ming – et Margaret, mais on l’avait déjà publiée. On a pas mal de matrimoine aussi, et de patrimoine un tout petit peu, mais on explore le matrimoine, notamment américain, de la SF, décennie par décennie. Par exemple, on a Eleanor Arnason, pour les années 90, Carol Emshwiller avec La Monture – c’est le début des années 2000. On va publier l’année prochaine un magnifique roman de Judith Merril qui date de 1950. On veut montrer, justement, à travers ce catalogue matrimonial, que les femmes ont toujours publié de la SF, c’est juste qu’on ne les a pas forcément mises en avant. Et qu’il y a eu de grands textes. Les textes d’Eleanor Arnason et de Carol Emshwiller qu’on a déjà publiés, ce sont des grands textes pour moi. Des ombres sur le foyer de Judith Merril, c’est un chef-d’œuvre qui n’avait jamais été publié en France. 

PdE : Il y a tout un travail d’exploration matrimoniale ? 

X.D. : Il se trouve que j’ai quand même beaucoup travaillé sur l’histoire de la science-fiction. Pendant que je faisais cette bande dessinée, qui s’appelle justement L’Histoire de la science-fiction, j’ai énormément exploré l’aspect matrimonial de la science-fiction américaine, et un peu mondiale aussi, mais principalement américaine. Et c’est vrai que je me suis fait des listes d’autrices qui étaient extrêmement intéressantes, plutôt très connues et reconnues aux États-Unis, mais dont on ne parlait jamais en France. J’ai trouvé cela étrange, quand même, en faisant ma bande dessinée. Donc je me suis fait des listes. J’ai commandé les bouquins. Je les ai lus en anglais. Je les ai fait lire par d’autres aussi, qui gravitent autour d’Argyll. Et on a fait comme pour n’importe quel manuscrit : on a sélectionné ceux qui nous plaisaient le plus dans ces textes matrimoniaux. Sont ressortis Carol Emshwiller, Margaret Killjoy, qui pour moi entre elle aussi dans ce catalogue matrimonial. Certes, c’est les années 2010-20, mais comme on veut explorer les décennies, c’est vrai que ça a du sens aussi d’aller jusqu’aux modernes. 

PdE : Pour les autrices anciennes, vous devez retrouver des ayant-droit ou des agents américains et négocier des droits étrangers ? 

X.D. : Oui, ce n’est pas facile, notamment pour les textes les plus anciens. Je prends le cas, par exemple, du roman de Judith Merril dont j’ai voulu acquérir les droits. Je me suis tourné vers une agence qui s’appelle la Virginia Kidd Literary Agency. Virginia Kidd est une personnalité très importante de la SF américaine pour plein de raisons, notamment parce qu’elle a créé la première agence pour autrices et auteurs, mais principalement autrices, ce qui a permis l’émergence de grandes autrices comme Ursula K. Le Guin. Cette agence existe toujours et je me suis tourné vers elle pour le Judith Merril, parce que c’était eux qui géraient son patrimoine littéraire. Sauf qu’à tous tes mails, tu n’obtiens aucune réponse. Alors, tu essaies des biais divers et variés pour en avoir une. Tu finis à un moment donné par en obtenir une qui te dit qu’en fait, la Virginia Kidd, oui, techniquement, est bien l’agence qui représente Judith Merril, mais qu’elle a délégué les droits à une agence italienne. Tu les contactes, ils ne te répondent pas non plus… Enfin, c’est un vrai bordel. Ce sont des procédures qui sont vraiment très lentes en règle générale. Je pense que j’ai attendu à peu près un an et demi entre la demande de droits à la Virginia Kidd Agency et la signature du contrat avec l’agence italienne. Donc ça peut être long, comme ça peut être rapide aussi, effectivement.

Quand on cherche à obtenir les droits, par exemple, de Sofia Samatar. Elle a un agent, mais, pour certains textes, elle traite elle-même ses droits. C’est très simple, et ça va assez vite. Mais pour les textes les plus anciens, c’est beaucoup plus compliqué. Pour Eleanor Arnason, c’était la même agence italienne, et là aussi c’était très compliqué avec eux de faire en sorte que ça aille vite et bien. Pour eux, ce ne sont pas des catalogues et des auteurs prioritaires, ce sont de petites sommes, donc ça n’a pas énormément d’intérêt, et on se retrouve avec des cheminements vers l’acquisition des droits qui sont très longs.

PdE : Combien de manuscrits recevez-vous en moyenne chaque année, et répondent-ils à ce que vous attendez ? 

Il y a bien 95% de manuscrits qu’on refuse très rapidement. Pour des raisons différentes : parce qu’on voit tout de suite que ce n’est par un bon texte, que c’est une resucée de Harry Potter ou du Seigneur des anneaux, que c’est un essai sur les lamas au Tibet, qui n’a rien à voir avec ce qu’on fait. Les gens, en fait, ne regardent pas les lignes éditoriales. Ils ne regardent pas les sites internet des éditeurs. Ils voient juste l’adresse mail à laquelle envoyer leur manuscrit, donc ils tentent leur chance. Et puis on voit aussi très bien ceux qui ne correspondent pas tout à fait à cette fibre sociale qu’on a aussi à Argyll et qui tentent quand même leur chance. Ce sont des texte qu’on refuse très vite et auxquels d’ailleurs on ne répond même pas, parce que, malheureusement, on est une petite équipe, et s’il y a vraiment un truc moins bien, là, où le bât blesse, c’est qu’on n’arrive pas à gérer tout cet afflux de manuscrits.

PdE : Vous en recevez combien, en moyenne ?

X.D. : Par an, peut-être quatre cent. Entre trois cents et quatre cents, je pense. C’est beaucoup et c’est peu, par rapport à d’autres éditeurs qui en reçoivent bien plus. Et on voit d’ailleurs beaucoup d’éditeurs qui interrompent et ferment leurs appels à textes et qui ne l’ouvrent qu’une fois dans l’année. En plus, quand on voit le pourcentage de textes dont on accepte le manuscrit, c’est extrêmement faible. Par exemple, chez Argyll, on a accepté exactement deux manuscrits en trois ans, dont celui d’Anouck Faure, La Cité diaphane, et un roman qui n’est pas encore paru, une saga viking. On adore le roman historique aussi, on aime bien en faire de temps en temps. Mais c’est deux manuscrits ! On en a vu d’autres, qui étaient intéressants. Mais on veut des coups de cœur, des textes qui soient une révélation pour moi, pour Simon, pour les autres lecteurices d’Argyll. Celui d’Anouck, on l’a ouvert, j’ai commencé à le lire… J’envoie un mail directement à Simon, qui adore. En un mois, c’était bouclé. On l’avait signé, le bouquin. Mais quelque part, ça ne nous est jamais arrivé depuis, de retrouver cet état de grâce, quand tu ouvres un manuscrit, tu commences à lire… et tu ne le lâches plus !

J’ai lu d’excellents manuscrits, de très bons manuscrits, mais qui n’ont jamais fait totalement l’unanimité chez tous les membres d’Argyll et de notre comité de lecture. Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bien, qu’ils ne vont pas trouver leur chemin ailleurs, et sans doute même que ces textes-là, qu’on a trouvé excellents, vont trouver une maison ailleurs, ça veut juste dire qu’ils n’étaient pas pour nous. C’est très dur de faire l’unanimité, mais c’est aussi une ligne directrice chez nous qui s’est faite naturellement. On fonctionne comme ça, tout simplement. Et on continue de le faire. La plupart des autres manuscrits, la plupart des autres livres qu’on publie, ce sont des livres qu’on a adorés, qu’on a envie de publier. Et les auteurices francophones qui sont au catalogue sont des auteurs et autrices qu’on adore et qu’on a sollicités aussi, avec qui on voulait travailler. C’est important pour nous, la personne avec qui on va travailler. Il est extrêmement important qu’elle adhère au projet, parce qu’un auteur qui n’adhère pas au projet coopératif qu’on a avec Argyll, c’est sûr que sur le long terme, ça va être difficile, et on a eu des cas où on se rendait compte que ce serait difficile de leur faire comprendre ce qu’est notre fonctionnement collectif – un esprit collectif de travail notamment.

PdE : Sollicitez-vous directement beaucoup d’auteurices par an ?

X.D. : Non, ça se fait aussi au feeling. Estelle Faye, par exemple, quand elle a publié Les Seigneurs de Bohen chez Critic, cela a découlé d’une discussion que j’ai eue avec elle au bar des Imaginales. On était bien joyeux. Je lui dis, si tu veux, tu viens chez Critic quand tu veux, j’adorerais avoir un bouquin de toi. Ça se fait comme ça, c’est tout simple. Floriane Soulas, par exemple, c’est une autrice que j’adore, et avec qui j’avais vraiment envie de collaborer. Et j’ai même envie d’écrire avec elle… Ça devrait pouvoir se faire. Oui, quand elle aura du temps et moi aussi… Mais c’est vraiment une autrice que j’adore, particulièrement : je me sens bien quand je lis ses textes, comme à la maison, et c’est avec ce genre d’auteurs et d’autrices que j’ai envie de travailler, et avec qui ça se fait finalement assez naturellement, quand on élabore des projets ensemble. Et comme on laisse aussi quelque part cette liberté aux autrices et aux auteurs de nous amener le projet dont ils ont envie, eh bien, ça facilite beaucoup de choses. Floriane voulait faire un post-apo, un peu body horror. Mais on sait bien que l’horreur en France, c’est compliqué. En fait, le projet, on le porte à fond, on a envie qu’elle le fasse chez nous. C’est ce qui s’est passé, et pas une seconde, on ne regrette de faire un livre chez Argyll. C’est ça aussi, au final, qui est important : que jamais on ne regrette de faire un livre. On ne ferme la porte à personne, bien entendu. On peut très bien évoluer dans nos processus, ça va venir en grossissant, si on grossit. Mais là, c’est vrai qu’on ne publie pas beaucoup de bouquins par an. C’est un but qu’on s’est fixé aussi, de ne pas trop publier. 

 

PdE : Vous n’avez pas de comité de lecture autre que le noyau de la coopérative ?

X.D. : Simon et moi faisons le premier filtre avec une éditrice anciennement de chez Nathan, Florence Bouriot, et qui collabore toujours avec Nathan et nous aide aussi beaucoup. Quand on a repéré un manuscrit qui nous semble intéressant, on passe alors à une deuxième phase, qui est de l’envoyer à des lecteurs du premier cercle. Floriane en fait partie, par exemple, Anouck aussi. C’est l’aspect vraiment collaboratif. Anouck fait la charte graphique de la collection RéciFs, parce qu’on lui a proposé de le faire. C’est un maillage, une coopération. C’est super intéressant de fonctionner comme ça. Et puis, peut-être qu’un auteur, une autrice qui arrivera bientôt chez Argyll deviendra aussi ce genre de lecteurs-lectrices pour nous, de coopérateur aussi. On a d’autres cercles de lecture, très proches, des gens de l’ombre. Christophe Duchet, par exemple, alias Sneed, qui lit énormément pour nous et notamment pour RéciFs. Il y a Patrick Dechesne qui a initié la collection RéciFs, qui est un gros lecteur de textes en anglais venus d’un peu partout. C’est presque une dispersion, comme sur un papier buvard. Tu as ces « comités » qui s’étendent et qui trouvent leur créneau respectif chez nous et qui savent à quoi ils vont coopérer aussi au bout d’un moment. Et comment ils vont le faire et puis à quel rythme, et s’ils ont envie, pas envie… 

 

PdE : Comment se passe le processus de retravail avec les auteurices ? 

X.D. : Je pense qu’ils décèdent avec le retravail que leur infligent Simon et Florence, en particulier. Il y a vraiment énormément de travail sur les textes chez Argyll. On demande des textes exigeants. On veut aussi que le processus d’édition soit exigeant. Le travail éditorial est un processus en règle générale long entre la signature et la publication du livre. Ce sont principalement Simon et Florence qui retravaillent les manuscrits directement avec les autrices et les auteurs. À quelques exceptions près, quelqu’un de l’extérieur peut le faire quand Simon et Florence sont débordés. 

 

PdE : Une anecdote à nous raconter ? 

X.D. : Non, car ce sont plutôt des procédures qui se passent bien. En règle générale, les auteurs et les autrices finissent fatigués, les éditeurs aussi. Mais au final, tout le monde est très content. Il y a un ravissement quelque part, car quand le livre arrive, tout le monde se réunit, tout le monde est hyper content, ce qui rajoute de l’importance à chaque livre qu’on publie chez Argyll. Ce sont des livres qu’on veut défendre en plus sur la longueur, donc on sait pourquoi on a ce processus. 

 

PdE : Vous publiez combien de nouveautés par an ? 

X.D. : Je dirais entre sept et huit dans la collection principale, plus un « Comment écrire de la fiction » pendant l’année et, maintenant, 4 ou 5 RéciFs par an. On ne dépasse pas dix sorties annuelles. On ne veut pas aller au-delà pour l’instant. On n’est pas contre lancer de nouvelles collections à l’avenir, mais ces processus sont lents. RéciFs, par exemple, est une collection envisagée depuis le début d’Argyll. Il y a eu une longue maturation et une longue préparation aussi. Quand les RéciFs sont sortis, on était extrêmement prêts. On a quasiment notre programme jusqu’à fin 2026. 

 

PdE : Quels sont vos tirages moyens ? 

X.D. : On va dire entre 2000 et 2500. Ça peut être plus, ça peut être moins. Mais c’est rarement sous les 2000. Pour les recueils de nouvelles – on a fait quelques recueils –, c’est plutôt un tirage à 1500. Sinon, on est toujours entre 2000 et 2500, avec des tirages plus importants pour certains titres. Le prochain, en janvier, Aatea d’Anouck Faure sera un tirage à 4500. La Cité diaphane a été un gros succès chez nous. Il y a des grosses attentes autour de ce nouveau titre d’Anouk. On reste sur des tirages relativement modestes, d’une certaine façon, mais ce n’est pas si mal, avec de très bonnes mises en place en librairie. 

On a fait deux très bonnes années puis une troisième année un peu moins bonne. C’était presque à l’équilibre. Mais c’était assez logique, car ça a été une année compliquée à plein de niveaux, y compris parce qu’on a beaucoup axé notre travail sur le montage de la librairie. Il y a beaucoup de choses qui entrent en compte là-dedans, mais on sait pertinemment que la nouvelle année comptable, qui va de août à août, va être largement meilleure que la précédente. Une année beaucoup plus forte que l’année qui s’est écoulée. 

 

PdE : En tant que maillage coopératif, comment est externalisée la production ? Qui fait la maquette, les corrections, les illustrations ? 

X.D. : Je n’ai pas dit au départ que nous sommes quatre associés à avoir monté la coopérative. Et parmi ces quatre associés, il y a Simon et moi, mais aussi Frédéric Hugot, qui est un spécialiste du numérique et qui nous fait nos livres numériques. Ce sont de superbes livres numériques avec des versions pour dyslexiques, des versions pour malvoyants aussi, il fait un super taf. Et puis on a un graphiste, Xavier Collette, qui fait toutes nos couvertures, hormis les RéciFs, puisque c’est Anouck qui s’en charge. Colliandre, il est connu aussi sous ce nom-là, est donc le graphiste qui fait nos couvertures pour tous nos livres. Cela donne une unité importante pour moi. Ces coopérateurs associés nous aident sur cette partie-là. Xavier fait les maquettes extérieures des bouquins, Simon fait les maquettes intérieures. 

Un soin particulier est apporté à l’identité graphique de chaque collection d’Argyll

PdE : Vous avez des relecteurs ? 

X.D. : Tout à fait. On embauche pour chaque livre une correctrice ou un correcteur en free-lance. On a une correctrice principale, qui est géniale, je l’adore. Camille Mathieu est une très grande pro, qui est connue pour avoir beaucoup traîné sur le Forum de l’association Elbakin. C’est une excellente correctrice. On externalise aussi parfois la direction littéraire. On l’a fait avec un éditeur vraiment chouette, Raf Gandini, qui collabore aussi avec d’autres éditeurs, notamment Critic. Cela nous arrive d’externaliser ces choses-là. Mais effectivement, tout ce qui est correction, par contre, on externalise tout le temps. On relit aussi les manuscrits, on relit les BAT, etc., mais on ne peut pas avoir l’œil d’une correctrice ou d’un correcteur. Et même parfois, avec un correcteur ou une correctrice, il y a des choses qui passent. 

 

PdE : Quelles sont les stratégies de diffusion de votre maison d’édition ? 

X.D. : On a un diffuseur-distributeur qui joue ce rôle, Harmonia Mundi, choisi pour ses qualités éthiques, très clairement. Ce distributeur partage beaucoup des valeurs initiales d’Argyll. On est hyper content d’Harmonia Mundi. C’est un super distributeur-diffuseur. On n’a jamais été déçus avec eux. Nos livres sont très bien diffusés par les représentants en librairie. Dans la distribution, il y a encore des petites anicroches, surtout en fin d’année, parce qu’ils n’ont pas une logistique aussi performante que Hachette, mais globalement, ça se passe très bien. On est très content de travailler avec eux main dans la main. 

 

PdE : Ils ont plus de mal avec les essais, si j’ai bien compris ? 

X.D. : Ce sont les libraires qui ne veulent pas de cette collection. Ils ne savent pas trop dans quel rayon la mettre. Et puis après, en termes de stratégie, on est comme tout le monde. On a un site internet, on a des réseaux sociaux qu’on essaie d’animer le plus possible. On vend en ligne. Quand j’ai des commandes en ligne, je fais les paquets moi-même. Cela se fait assez « facilement », parce que d’une, on n’a pas quarante-six commandes par jour, malheureusement. Et de deux, on est la plupart du temps à la librairie, donc pour la logistique des envois, c’est facile. On a La Poste juste à côté. Honnêtement, ça se gère très bien et si cela représente 1% de nos ventes totales, je suis déjà très content. C’est très faible pour l’instant. On n’est pas très performants sur le site Internet… 

 

PdE : Et en numérique ? 

X.D. : Oui, bien sûr, on peut acheter les versions numériques sur notre site Internet. En numérique, nous sommes diffusés aussi par Harmonia Mundi. On vend sur notre site, mais Harmonia le fait aussi via ses réseaux de diffusion. Depuis quelques mois, on est en progression très nette sur les ventes numériques qui étaient relativement faibles chez nous. Bizarrement, les lecteurs et lectrices préfèrent avoir nos livres physiques, je ne sais pas pourquoi. Mais il y a quand même plus de ventes maintenant. 

 

PdE : Quelle est la présence d’Argyll sur les salons et les festivals ?

X.D. : Elle est extrêmement importante. On essaie d’en faire le plus possible, car pour être honnête, avec le système que l’on porte, la vente en direct est ce qui nous rapporte le plus de marge. On doit être présents aussi en termes d’image de la maison d’édition. Là, pour les Utopiales, on a une table ronde sur la collection RéciFs. C’est super. On a besoin d’avoir des choses comme ça pour développer l’image de la maison d’édition, mais aussi pour la faire connaître, parce que comme je le disais, on n’a que trois ans d’existence. Alors, certes, on a l’impression qu’Argyll est très bien installée dans le paysage actuel maintenant et ce n’est pas faux, parce qu’on s’est fait connaître assez vite, mais on a toujours besoin de se faire connaître davantage à des lecteurs et des lectrices qui tous les jours nous découvrent. Donc cette présence en salons et en festivals est primordiale. On va en faire plein encore cette année et des salons plus généralistes aussi. On va développer cet aspect. Là, on a la double casquette au festival Rue des livres à Rennes (15 et 16 mars 2025 aux Cadets de Bretagne, entrée gratuite, NdlR) : on le fait en tant qu’éditeur et on le fait en tant que libraire. 

 

PdE : Pour terminer, une info exclusive sur des publications à venir, sur des évolutions de la maison ? 

X.D. : Les évolutions sont déjà en place avec RéciFs. On va beaucoup axer notre travail de communication sur la collection dans les mois à venir. On a de super autrices qui arrivent au catalogue dont on est hyper fiers. Déjà, Katia Lanero Zamora. Elle avait publié La Machine chez ActuSF qui avait gagné le prix Sirennes et elle va publier une novella à la Black-mirror chez nous, un texte que je trouve grandiose, il s’appelle Re:start. On va avoir des autrices étrangères aussi. Notamment Cassandra Khaw, qui publie des textes très queer et très lovecraftiens en même temps. Les lecteurs et lectrices de Djeli Clark (publié chez L’Atalante, NdlR) vont adorer, c’est sûr et certain. Et on va avoir une jeune autrice américaine d’origine indienne qui axe sa science-fiction sur les neurosciences. J’ai trouvé ce texte, Submergence, remarquable, publié à l’origine dans la revue Clarkworlds. Cette autrice s’appelle Arula Ratnakar. C’est Jean-Daniel Brèque, qui va traduire la novella. Voilà pour la collection RéciFs. 

 

PdE : Il n’y a pas tant de science-fiction, finalement… 

X.D. : C’est vrai qu’on était un petit peu retard, côté science-fiction, chez Argyll. En novella, on trouve beaucoup plus facilement de la science-fiction que de la fantasy. On aimerait bien trouver de la fantasy en novella, parce que ce type de récits n’existe pas tant que ça. En tout cas, si des autrices lisent ces lignes : les portes ne sont pas fermées. On n’a pas lancé d’appel à textes, mais on n’a pas fermé les soumissions non plus. On peut toujours nous proposer des choses, ce n’est pas un souci. 

Aatea, dernier titre d’Anouck Faure, est paru en janvier 2025

 

Et puis le gros livre de début d’année, je ne peux qu’en parler. Aatea, d’Anouck Faure. C’est son deuxième roman, ce n’est pas du tout une suite à La Cité diaphane. Et ce n’est pas du tout de la dark fantasy, comme elle a écrit. On est plus proche du planet opera, du grand roman d’aventures, extrêmement inspiré des légendes et des mythes calédoniens. C’est une épopée incroyable. Anouck a encore augmenté son niveau de 10 000 %. Je trouve que c’est vraiment un très, très grand roman. Je n’ai pas participé au travail éditorial. J’ai eu simplement le plaisir de lire une fois qu’on l’avait imprimé. J’ai été ébloui par ce texte. Donc, c’est un gros enjeu de cette année, mais je trouve que c’est un type de romans qu’on ne trouve nulle part ailleurs, qui est vraiment atypique et qui correspond bien à ce qu’est Anouck aussi, et à ce qu’elle veut faire comme romancière à univers très personnel, ce qu’on retrouve pleinement avec Aatea, et c’est remarquable. Toutes les questions qui traversent Aatea sont en lien aussi avec des valeurs qu’on défend. Anouck s’est particulièrement bien fondue dans le collectif d’Argyll. C’est un roman extraordinaire, et comme je le disais, il inaugure ce qu’on voit comme une belle année, jalonnée de récits incroyables ! Nous aurons aussi, notamment, une autrice américaine qui s’appelle Jade Song, qui a écrit un body-horror, Chlorine, récit de transformation juste exceptionnel : l’histoire d’une jeune fille, une nageuse, qui rêve de devenir concrètement une sirène. C’est un livre du passage de l’âge adolescent à adulte et… quelque chose d’autre. Mais c’est un récit qui est très symptomatique des fonctionnements de la société américaine, et il est extrêmement brillant de ce côté-là, avec des scènes parfois quand même assez dures, une scène en particulier – on mettra peut-être un petit avertissement pour cela. 

Bref, on a un programme pour l’année prochaine riche et varié, dont on est très fiers. 

 

PdE : Merci beaucoup pour cet entretien ! 

X.D. : Merci. Toujours sympa de pouvoir répondre à vos questions. 

Les éditions Argyll sont situées à Rennes

 

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