L’âge noir de l’Empire est le second tome de La Geste du Halaguen.
Je me souviens très bien de l’instant où mon regard s’était posé sur la couverture du premier opus: Naalia de Sanar : « Quoi! De la Science-Fantasy ! Mais c’est de l’hérésie! », m’étais-je exclamé en posant le pommeau de mon épée sur mon cœur. Et bien, non, mes frères accros de fantasy pure, la science-fantasy n’est pas un blasphème, ni une voie ténébreuse à travers les recoins les plus obscurs de l’imaginaire. Lâchez vos saintes reliques et laissez-moi vous conter mon aventure.
Le monde de Naalia est un monde moyenâgeux dans lequel il existe des traces du passage d’une civilisation ancienne à la technologie très avancée. Le « Séquençaire », le chef d’une horde de barbare ennemie de l’Empire, a découvert certaines de ces traces et en particulier des portes inter mondes qui pourraient lui offrir gloire et suprématie. Une prophétie annonce que seul un enfant pourrait se dresser contre le tyran. C’est cet enfant, Silgan, que Naalia et les siens s’évertuent à protéger. Classique, me direz-vous?
En effet, mais c’est un plaisir de deviner les technologies décrites avec des mots de profanes que la plupart des personnages assimilent à de la magie. Toutefois, ce décalage de perception aurait pu être d’avantage eXploité. L’auteur aurait pu approfondir la crainte superstitieuse de certains devant des phénomènes qui les dépassent et ne pas se contenter d’en parler avec une ironie certes juteuse à souhait. De même, les témoins de ces phénomènes ne montrent pas une grande curiosité et font preuve d’un certain stoïcisme alors qu’ils devraient harceler de questions ceux qui en sont responsables. Mais ceci permet à l’auteur d’entretenir le mystère jusqu’au bout en emportant le lecteur dans un tourbillon de péripéties à l’issue incertaine.
Ce second volet reprend le même canevas de rédaction (tout aussi efficace) que celui du premier tome. Le récit est enrichi de mémoires de personnages, de légendes et de notes historiques sur l’Empire, ce qui lui donne une grande profondeur. De plus, l’auteur exploite de solides connaissances du Moyen-Age pour donner un grand réalisme à ses scènes de batailles et de sièges. L’écrivain laisse parfois sa plume déverser des torrents de pulsions humaines, il n’hésite pas à décrire de façon très crue certaines scènes de violence particulièrement pénibles ou certains actes sexuels peu communs. Certains diront que le récit gagne ainsi en intensité dramatique, d’autres apprécieront peut être moins.
La trame géopolitique est très fouillée, les intrigues et complots sont légions et le double jeu de certains personnages ainsi que leur psychologie audacieuse réserve d’énormes surprises. Mais je n’en dirais pas plus, je ne veux pas courroucer le Dieu du suspens, d’autant plus que ce suspens est également rythmé par un habile enchaînement de chapitres.
Pour conclure, je dirais que ce livre sera loin de vous laisser indifférent, je dirais même que vous pourriez bien vous découvrir de nouvelles pulsions de lecture. Pour ma part, ma seule frustration a été de me rendre compte que ce second volume n’allait pas répondre aux questions innombrables que je m’étais posées depuis le premier tome. Il faudra certainement attendre le troisième volet pour avoir des révélations sur l’origine de l’univers décrit avec tant de passion par Jean-Pierre Fontana.
Chronique de David Gibert
Editeur | L’Atalante |
Auteur | Jean-Pierre Fontana |
Pages | 496 |
Prix | 18€ |