C’est la débâcle sur la Terre, les gouvernements et les organismes explosent, les terroristes et révolutionnaires de tout poil s’emparent du pouvoir et génèrent de multiples entités territoriales qui s’affrontent en permanence. Dans ces affreux bouleversements, les hommes résistent vaille que vaille et notre héros, Tom Costa fait comme tout le monde, mais il se débrouille avec un avantage sur la multitude : il sait piloter un aéronef ou plutôt des zincs volants construits à l’aube de l’aviation.
La ville de Pontault en Seine-et-Marne assure une relative sécurité à ses habitants, non sans mal et à l’aide de trafics en tous genres. Là-bas, il est préférable de plaire au maire dictateur et à sa clique si l’on veut conserver quelque chance de survivre correctement. C’est ce que ne fait pas Tom, notre héros plutôt tête de lard.
Le narrateur, car ce roman de quatre cents pages est écrit à la première personne, est presque un anti-héros. Accroché à San, l’amour de sa vie, notre aviateur nous conte ses malheurs, ses souffrances et les coups qu’il reçoit sans jamais perdre sa gouaille habituelle, preuve que rien ne peut entamer son optimisme teinté de fatalisme. Il opère tant bien que mal dans une zone délimitée par les villes de Pontault-Combault, Meaux, Melun et Provins. Bardées de fortifications et entourées de ceux des plaines dits les Hors-Murs, ces cités communiquent et commercent par air, d’où l’inestimable valeur de Costa. Ce jour-là, son retour de Melun est catastrophique. Son ULM s’écrase avant d’atteindre Pontault et il doit terminer son trajet à pieds parmi les embûches qui entourent la ville. L’échec de sa mission déplaît au maire qui, en guise d’accueil, envoie ses sbires lui passer une raclée mémorable. Ce ne sera pas la dernière, notre héros en prend une presque toutes les dix pages, mais son tempérament pourtant rétif acceptera les coups du sort pour mieux les rendre. Ainsi, frôlera-t-il la mort une bonne vingtaine de fois.
Le personnage évolue dans une atmosphère de bons copains où, malgré sa guigne immuable, il aide toujours ses amis. Hélas, lorsqu’il découvre une caverne d’Ali Baba, matériel militaire dernier cri, il se fait tout de même flouer. La nature humaine n’a guère de secrets pour lui et il prend l’arnaque avec philosophie.
L’intrigue du roman est plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Partant d’une découverte qui détruit la capacité masculine de reproduction, des amazones veulent prendre le pouvoir. Descendues du Nord de l’Europe, elles envahissent peu à peu la France en abattant les civils qu’elles rencontrent, femmes et enfants compris, comme le constate Tom Costa lors de ses survols et de ses nombreux atterrissages de fortune. Les affrontements font rage. Dans les airs, Costa utilise habilement ses aptitudes de pilote liées à son instinct combatif pour abattre des appareils bien plus performants que le sien. Batailles aériennes, voltiges en tous genres, avions en difficulté : l’auteur fait une assez jolie démonstration dans ce domaine, il a indéniablement payé de sa personne, comme indiqué dans ses remerciements en tête du livre.
C’est en Seine-et-Marne, nimbée dans un brouillard de trahisons, parjures et autres débordements humains, que la première bataille va s’engager. Le carnage sera à son comble lorsque le héros décidera que « les étoiles s’en balancent ».
Laurent Whale aime les situations dangereuses, parfois absurdes, jusqu’à faire naître, dans un assortiment de drames en tout genre, un certain parfum d’optimisme qui n’est pas sans charme. Dans son ouvrage Les Pierres du Rêve (Éditions ÉONS Ailleurs), il avait déjà utilisé le même procédé assorti d’un humour clin d’œil à la Peter Cheyney.
Il pousse parfois le bouchon un peu loin et le lecteur se demande, jusqu’à la fin du roman, comment Tom Costa, probablement protégé des dieux, pourra retrouver sa bien aimée San dans une Terre plus apaisée.
Chronique de Gérard Bouyer
Éditeur | Critic1ère éd. chez Black Coast Press/Rivière Blanche – 2011 |
Auteur | Laurent Whale |
Pages | 396 |
Prix | 23,50 € |