
En entamant ce roman, je n’ai pu m’empêcher de me souvenir d’autres œuvres qui l’ont précédé, et qui abordent certains des thèmes importants de ce livre : la séparation entre les pilotes spatiaux et l’humanité planétaire liée aux effets desdits voyages, et leurs conséquences psychologiques et sentimentales.
J’ai donc repensé à Helva du roman Le Vaisseau qui chantait d’Anne McCaffrey, et à la novella Tin Soldier de Joan D Vinge. Comme chez Anne McCaffrey, Laenea n’a pu devenir pilote spatial qu’au prix d’une opération, « Elle n’avait pas hésité à renoncer à son cœur ». Et, quand elle rencontre Radu, qui n’est pas un pilote, sa transformation les séparera à jamais et leur interdira même d’être amants…
Mais il y a plusieurs autres thèmes de réflexion importants dans ce roman. D’abord le fait que Laenea va atteindre des capacités exceptionnelles : la possibilité de voler plus loin qu’aucun autre pilote. Même si les théories cosmologiques utilisées dans ce roman font assez deus ex machina, l’aspect « hard science possible » du roman n’est pas négligeable.
Ensuite, que ce soit dans le personnage de Radu, lui-même mutant à la suite d’une épidémie qui a ravagé sa planète, ou dans ceux des « plongeurs », humains adaptés à la vie sous-marine et capables de communiquer avec les baleines, Vonda McIntyre, elle-même biochimiste, nous interroge sur les possibilités d’évolution dirigée de l’espèce humaine.
C’est un autre volet hard science du roman. Ensuite, il y a les réflexions sociales, sur les conflits entre pilotes et administration, sur la situation des équipages, traités en prolétaires tant par l’administration que par les pilotes, sur la guerre entre plongeurs et terrestres… Vonda McIntyre nous décrit un monde possible, différentes formes de société possibles, et des conflits qui prolongent ceux actuels.
Et enfin, il y a dans ce roman un féminisme universaliste optimiste. Même si au moins un personnage, un pilote, est un modèle presque archétypal d’orgueil, c’est d’abord aux non-pilotes qu’il exprime son mépris, plus qu’aux femmes pilotes. Il n’y a pas de séparation entre mâles et femelles parmi les personnages, les divisions se font entre groupes sociaux, mais pas entre les deux sexes.
C’était l’espoir des générations de l’époque. Parce que ce roman date de 1983, avant que les différences sexuelles et raciales ne deviennent une séparation, un conflit, une compétition générale, permanente et éternelle… Lire aujourd’hui ce roman ravive le désespoir d’avoir vu abandonner cette vision universaliste… Ou laisse espérer sa renaissance ?
Chronique de Georges ‘722’ Bormand
Nous en pensons
Notre avis
4,1
Ce livre aborde la séparation entre les pilotes spatiaux et l’humanité planétaire liée aux effets desdits voyages, et leurs conséquences psychologiques et sentimentales ainsi que les possibilités d’évolution dirigée de l’espèce humaine. . Nous suivons les aventures de Laenea qui n’a pu devenir pilote spatial qu’au prix d’une opération.
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