Avant de parler du contenu de cette anthologie, impossible de ne pas dire quelques mots sur la magnifique couverture de Mathieu Bablet. Il y représente une vision futuriste de Nantes « recodée » pour prendre en compte « Les défis que les villes vont devoir relever dans quelques décennies en se transformant : montée des eaux à la suite de la fonte des glaciers, urgence climatique, transition écologique… » Comme vous l’aurez compris, le thème de cette anthologie est coder/décoder.
14 autrices et auteurs y ont contribué avec brio. Même si tous les récits ne m’ont pas enthousiasmée, j’ai été plus que séduite par l’originalité des diverses approches de la thématique proposée.
Christian Léourier ouvre la marche avec Une faute de goût. Par un concours de circonstances, Mlle Hong, jeune diplomate solarienne, se retrouve intronisée seule à la table des négociations avec les Wagaï. L’enjeu est de taille : elle doit obtenir la libre circulation des vaisseaux solariens dans leur secteur. Après six mois d’entretiens stériles, Orth, son interlocuteur, lui offre un délicieux breuvage. Sa dégustation se révèle être une sorte d’examen que Mlle Hong réussit. Sur les conseils de son supérieur, elle tente de rendre la pareille avec une salade de fruits. S’ensuivent de nombreux échanges de plats où il n’est pas question de rater la cuisson et/ou l’assaisonnement ! Toutes les subtilités de goût et de texture sont prises en compte lors de ces négociations où une phrase peut être interprétée de façon totalement différente, en fonction du plat qui l’accompagne. Une nouvelle des plus savoureuses !
Avec Sublimation, Mel Andoryss nous plonge dans un procès. Celui d’Alba. Elle est accusée de terrorisme génétique et de crime contre l’humanité. Un flash-back nous permet de comprendre comment cette généticienne de rue a découvert la raison de la disparition presque totale de toute forme de crime et de pauvreté. Une histoire émouvante où complot et manipulation épigénétique s’entremêlent.
Ophélie Bruneau nous raconte l’aventure palpitante de Rob Veloso qui s’est inscrit à La Grande Course au noyau-mémoire. S’il la remporte, il recevra deux millions d’unités monétaires standard. Pour cette somme, il est prêt à affronter seul tous les dangers. En effet, il ne peut se reposer sur aucun copilote ni aucune aide extérieure. L’alliance des Douze Disques veille en ce sens. Pour assurer leur sécurité, chaque participant a été doté d’un brassard sur lequel des commissaires envoient des pictogrammes pour les guider. Encore faut-il comprendre les codes employés…
Dans La Pièce au panda, Jo Walton nous fait suivre le parcours d’une pièce de monnaie sur Hengist, un vaisseau divisé en 12 secteurs au nom des douze mois de l’année. Alors qu’il fait doux vivre en juin, février s’avère des plus mal famés. Grâce au trajet de cette pièce, on découvre petit à petit tous les codes qui régissent ce riche univers. Humains qui triment pour survivre, Candros qui veulent s’émanciper, Œils qui surveillent tout ce beau monde… Une très belle anthologie qui vaut le détour ! À décoder sans modération !
Chronique d’Agathe ‘1808’ Tournois