« La Voix du feu » d’Alan Moore

Le scénariste de bandes dessinées (From Hell, V pour Vendetta, Watchmen) et romancier britannique Alan Moore est né à Northampton. Au travers de douze nouvelles, il rend hommage à sa ville.

Chaque nouvelle s’y déroule, durant une période historique et avec un personnage principal qui lui sont propres. On commence ce livre à l’âge de pierre et on le finit à la période contemporaine. Les narrateurs sont tour à tour un homme des cavernes, un homme-oiseau, un enquêteur romain, un ancien croisé, une tête sans corps, un juge, une sorcière condamnée au bûcher et un VRP spécialiste des jarretelles.

Chaque personnage a sa voix à lui, la plus compliquée à comprendre étant celle de l’homme des cavernes, la façon dont il s’exprime étant assez décousue, toutes les tournures de phrase étant esquissées et brouillonnes, ce qui correspond à l’idée que se fait l’homme moderne d’un homme des cavernes. Passée cette première nouvelle au style littéraire assez ardu, on prend un plaisir réel à découvrir ces courtes histoires de folies, de magie, de vérité, de mensonges et de morts.

Il est assez difficile de tracer une frontière entre la réalité historique et ce qui relève de la fiction. La petite histoire y rencontre souvent la grande, nous permettant de croiser de manière furtive Oliver Cromwell, Mary Stuart ou l’incendiaire Guy Fawkes. L’histoire réelle en devient même fantasmée et subjective, car elle est vécue au travers du prisme de personnes réelles vivant leurs petites et grandes histoires personnelles.

On voit ainsi le déclin de Rome par les yeux d’un enquêteur italien envoyé sur place par l’empire. Neil Gaiman, l’ami écrivain d’Alan Moore, conseille de lire ces nouvelles sans se fier à l’ordre présent dans ce livre. Malgré l’immense respect que je porte au père de Sandman et de Coraline, je pense qu’il est préférable de suivre cette histoire chapitre par chapitre. D’une nouvelle à l’autre, Moore fait souvent référence à un ou plusieurs récits précédents, ce qui donne de la richesse à sa trame globale.

Ce cher Alan se livre dans ces pages à la géographie fictionnelle de sa ville, se donnant même le rôle final dans la dernière nouvelle, essayant ainsi d’expliquer et de faire comprendre sa démarche à ses lecteurs. Northampton est un personnage à part entière du récit. On voit l’évolution de cette ville au cours des siècles grâce à la vision surréaliste et onirique d’Alan Moore.

Chronique de Christophe ‘1416’ Colin

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L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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