Dans le cadre de leur nouvelle collection « Uchronie », les Éditions régionales PRNG auraient difficilement trouvé pire à rééditer que cette diatribe antirépublicaine, anti-scientifique et xénophobe (les Allemands qui attaquent la France sont des revanchards brutaux, et le nom de Hitler n’est cité que par hasard, comme un ex-dirigeant déjà oublié). Ne parlons pas de la tactique victorieuse des militaires royalistes (car tout bon soldat est royaliste, pour Daudet), elle ne tient pas debout. Laisser bombarder Paris évacué et attendre que les Allemands se ruent sur Brest pour les arrêter sur la Loire…
Quant à la moralité du héros qui terminera le livre en pleurs pour l’espionne allemande avec laquelle il trompait sans remords sa femme… J’avais essayé de lire Le Napus, autre « anticipation » anti-scientifique du même auteur, et avais calé au bout de quelques pages de diatribes antirationnelles voulant établir la confusion entre intelligence et foi aveugle en Dieu et dans le Roi. Ce long pamphlet dans lequel tous les républicains sont des bourgeois stupides, jouisseurs et lâches, et où la France sera sauvée par le retour d’un Roi de droit divin et le pouvoir des nobles militaires royalistes, vainqueurs des brutes stupides allemandes et des espions du même tonneau de saletés, n’apportera rien à la mémoire de son auteur. Et est-il besoin d’ajouter qu’une telle pseudo-anticipation périmée ne mérite pas le nom d’uchronie ? Comme indiqué en entrée, cette maison d’édition se veut traditionaliste. Mais exhumer les œuvres les moins réussies de Léon Daudet n’est pas vraiment rendre service à sa mémoire.
La réédition de SF et de fantasy anciennes court le double danger de republier des œuvres parfois mineures, voire ratées, et de n’intéresser que quelques amateurs nostalgiques. Je n’en crois pas moins que pour bien apprécier les œuvres actuelles il est bon de connaître les racines de ces arbres que sont la Fantasy et la Science-fiction modernes, et de lire, à l’occasion, avec le recul nécessaire, des œuvres en général intéressantes. Et j’espère que d’autres publications viendront compléter cette liste. Aux Forges de Vulcain, en particulier, il y a un certain nombre d’autres œuvres anciennes à découvrir, que je peux avoir critiquées (cf. PdE n°77 & 79), comme Un regard en arrière, d’Edward Bellamy. (Voir leur site http://www.auxforgesdevulcain. fr/). Vous pouvez aussi aller consulter celui des Éditions des régionalismes (http://www.auxforgesdevulcain.fr/) qui semble comporter d’autres livres que ceux signalés ci-dessus.
Chronique de Georges « 722 » Bormand
Nous en pensons
Notre avis
2.0
Exhumer les œuvres les moins réussies de Léon Daudet n’est pas vraiment rendre service à sa mémoire. La réédition de SF et de fantasy anciennes court le double danger de republier des œuvres parfois mineures, voire ratées, et de n’intéresser que quelques amateurs nostalgiques. Je n’en crois pas moins que pour bien apprécier les œuvres actuelles il est bon de connaître les racines de ces arbres que sont la Fantasy et la Science-fiction modernes, et de lire, à l’occasion, avec le recul nécessaire, des œuvres en général intéressantes.