Tchouri, tu es filmé !
Souvenez-vous, dans Les Masques du temps (The Masks of Time, 1968), roman de Robert Silverberg, lorsque l’on interroge Vornan-19, un visiteur qui prétend venir du futur, sur la façon dont la vie est apparue sur la Terre, il fait la révélation surprenante suivante : des visiteurs spatiaux auraient jeté des détritus sur la planète encore immaculée.
Bien sûr, aucun scientifique ne fait un lien direct entre l’apparition de la vie sur Terre et la découverte inattendue de la sonde Rosetta. Avec ou sans oxygène, il n’y a pas de vie sur les comètes bien trop froides pour cela. Mais l’existence d’oxygène en abondance (à des taux de 4 à 10% de la vapeur d’eau) sur la comète Tchouri (67P/Tchourioumov-Guérassimenko de son petit nom) montrerait en tout cas que de l’oxygène était présent dans le nuage primitif qui a donné naissance au système solaire. Il faudra sans doute repenser entièrement les conditions de formation du système solaire, notamment en terme de température.
Bien sûr, les scientifiques envisagent aussi les possibilités que l’oxygène se soit créé tout au long de la vie de la comète à partir des molécules d’eau. Ce serait d’ailleurs l’hypothèse la plus plausible si Rosetta avait aussi détecté la présence d’ozone, ce qui n’est pas le cas.
Lancée en 2004, il y a plus de dix ans, la sonde européenne Rosetta a effectué ces observations entre septembre 2014 et mars 2015 qui ont été dévoilées le 28 octobre 2015 dans la revue Nature.