An 8215, un groupe d’humains traverse la pelle sur l’épaule l’ancienne région de la Meuse accompagnés par une petite troupe de chats. Des panneaux aux trois quart effacés, que plus personne n’est capable de lire, parsèment le chemin.
Ils s’arrêtent sur un plateau dégagé et commencent à travailler le sol. Les chats se baladent tranquillement autour des travailleurs et viennent se frotter à leurs jambes à la recherche de caresses et d’attention.
Un cri de terreur retentit lorsqu’un des humains voit le pelage du chat perché sur un rocher à ses côtés devenir fluorescent. Le groupe d’ouvriers récupères ses affaires sans tarder et quitte le secteur au pas de course à la recherche d’un coin plus sûr.
Ceci c’est l’histoire du radio-chat, une solution imaginée par le sémiologue Paolo Fabri et ses collègues au problème de signalisation des zones dangereuses. La question initiale était comment prévenir les générations futur sur plusieurs milliers d’années que dans le sol est enfoui des déchets nucléaire et que ce serait une très mauvaise idée de creuser pile à cet endroit.
La solution imaginée par ces chercheurs envisageait donc de créer un animal « compteur Geiger ». Et c’est le chat qui a été choisi, animal mythique de la culture égyptienne, mais aussi de la nôtre à croire tout ce qui tourne sur le net.
Découvrez l’histoire de cette solution à travers le documentaire réalisé par Benjamin Huguet.
En lisant la présentation du sujet, j’ai cru qu’il s’agissait d’un film d’anticipation poétique un peu barré pour mettre en garde contre l’enfouissement des déchets radioactifs. Mais en fait, je découvre qu’il s’agit d’un projet bien réel! Si tout cela était un délire d’artiste voué à rester dans le domaine de la fiction, je trouverais ça génial. Mais puisque c’est réel, ça me semble irresponsable. Répondre à un problème généré par la folie scientiste par un remède qui est en fait une autre folie scientiste…
Des chats fluorescents, si j’écoute ma part enfantine et naïve, c’est vrai que ça fait rêver. Mais alors, pourquoi est-ce que nos descendants de l’an 8000 ne trouverez pas ça eux aussi sympathique et mignon, au lieu de trouver ça inquiétant? Et si ça les poussait à rester sur ce lieu maudit plutôt qu’a le fuir?
Des chats fluorescents, si j’écoute en moi une autre part enfantine, celle qui est attachée aux animaux, qui lit dans leur regard et dans leurs attitudes des émotions et des réactions quasi-humaines, cela suppose des expériences cruelles sur ces bêtes innocentes, et combien de morts parmi elles?
Et puis, autre possibilité, les chats pourraient muter de façon inattendue à cause de leurs gênes bricolés, rendus encore plus instables par la pollution des lieux. Là, le scénario « repoussoir » fonctionnerait à 100%, pour le coup. Cependant, nos descendants pourraient inventer une machine à remonter le temps pour venir nous dire – les yeux dans les yeux – tout le mal qu’ils pensent de nos cadeaux empoisonnés.
Tiens, voilà une piste d’atelier d’écriture SF pour Présence d’Esprit. 😉