« Tarzan parmi les fauves » d’Edgar Rice Burroughs

Seul le premier roman de la saga de Tarzan (celui qui raconte l’enfant sauvage depuis son enfance jusqu’à sa rencontre avec Jane Porter) semble avoir marqué la mémoire contemporaine.

Croire pour autant que les nombreuses suites n’apportent aucune nouvelle dimension à l’univers développé par Edgar Rice Burroughs serait une erreur, car les quelque 23 romans et 4 recueils de nouvelles ont offert à Tarzan la possibilité d’explorer de nombreux mondes imaginaires (mais toujours vraisemblables) et de rencontrer des personnages hauts en couleur.

Dans ce numéro trois, le seigneur des singes n’en est pas encore à voyager au cœur de la Terre ni à affronter des légionnaires ou des Amazones. Ici, les 180 pages relatent la traque de l’un de ses ennemis jurés : le russe Rokoff, après que celui-ci l’ait enlevé et abandonné sur l’île de Madagascar. Justicier implacable, notre héros va remonter sans relâche les traces laissées par sa proie en surmontant tous les obstacles que celle-ci ou la nature dressent sur son chemin.

Il domptera des bêtes sauvages, affrontera des tribus cannibales, traversera des forêts inextricables et luttera contre des marins belliqueux sans réaliser que son propre fils et sa femme sont eux-mêmes chassés par l’homme qu’il traque. Ce roman fait appel à un ressort souvent exploité dans les récits d’action, la course-poursuite. Bien sûr, époque oblige, l’expédition de Tarzan parmi les fauves n’est jamais décrite à la manière sanglante ou morbide d’un auteur contemporain et le lecteur sait d’emblée que la fin sera heureuse.

Les éditions PRNG consacrent une collection thématique à la réédition de romans d’aventures du début du XXe siècle dans laquelle les œuvres d’Edgar Rice Burroughs prennent une large place. Chaque tome reproduit les illustrations des premières éditions françaises et la maquette originale des couvertures donne du cachet à l’ensemble. Le collectionneur sera donc comblé, mais le lecteur peut-il espérer qu’un héros désuet créé voilà plus de cent-six ans l’interpelle encore en 2021 ?

Eh bien oui, tout d’abord parce que Lord Greystoke est un personnage précurseur : il représente à la fois le premier des survivalistes (Tarzan) et le premier super-héros milliardaire (sir John Clayton  III). Il nous rappelle également l’idéal masculin d’une autre époque. Son physique, sculptural, est l’incarnation de la mouvance occidentale du retour à la nature et de la libération du corps des années vingt.

Quant à son esprit, sa droiture dégage une honnêteté sans faille, une acceptation de la mort et une fidélité en amour à toute épreuve. Une telle perfection lui octroie un incroyable charisme auprès des animaux comme des hommes, au point d’en être agaçante.

Alors, même si cette vision de l’homme parfait et super-prédateur semble bien désuète aujourd’hui, force est de reconnaître que le cycle de Tarzan s’inscrit en tant que fondement incontournable de la littérature populaire. Après Tarzan parmi les fauves suivent le n° 4 Le Fils de Tarzan et le n° 5 Tarzan et le Trésor d’Opar, je crois que je vais me laisser tenter…

Chronique de Xavier ‘1762’ Fleury

A propos de Christian

L'homme dans la cale, le grand coordinateur, l'homme de l'ombre, le chef d'orchestre, l'inébranlable, l'infatigable, le pilier. Tant d'adjectifs qui se bousculent pour esquisser le portrait de celui dont on retrouve la patte partout au Club. Accessoirement, le maître incontesté du barbecue d'agneau :)

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