Chidera est une petite fille malheureuse dont la mère est tout le temps triste et le père en colère. Elle voudrait tant voir un sourire sur leurs visages et qu’ils soient fiers d’elle !
Mais elle n’est ni très jolie ni très intelligente, et, malgré sa bonne volonté, elle ne parvient pas à s’en faire aimer, et c’est surtout le chagrin qui marque sa vie. Un jour, Chidera s’enfonce dans la forêt où elle rencontre des esprits, qui tracent sur sa main un tatouage, un Uli. Son don, jusque-là endormi, peut alors s’exprimer : désormais, ses dessins vont apporter la joie à tous ceux qu’elle croise.
L’histoire, comme dans la plupart des textes de l’autrice, se déroule au Nigeria, et elle est imprégnée de la culture, des paysages et des croyances de ce pays. Nnedi Okorafor s’attache à décrire le quotidien, par petites touches sensibles, avec son écriture incroyablement visuelle : nous sommes au marché avec Chidera, nous écoutons les discussions des femmes au puits, nous humons l’odeur des plats… Les femmes ont la part belle dans ce récit entre fantastique et légende, dans cet univers onirique et réaliste à la fois.
Son sujet est universel et offre une très jolie leçon de vie : la magie est en nous et s’épanouit avec de l’amour et de la confiance. Chacune possède des talents qui permettent de transformer une fillette triste en une adolescente fière qui apporte de la joie à tous ceux qui l’entourent. L’art, la créativité, la sororité sont le vecteur de cette transformation.
La Fille aux mains magiques réchauffe l’âme et le cœur des lecteurs, comme les dessins de Chidera donnent la gaieté. L’histoire se lit avec plaisir et, sans être d’une grande originalité, on y retrouve ce qui fait le talent de l’autrice : une écriture très visuelle, un enracinement dans une culture, des personnages féminins forts, une indéniable poésie, des sujets importants abordés avec subtilité.
Dans cet ouvrage, tout est sublimé par les illustrations de Zariel, qui donnent vie et corps à ce joli texte, et lui apportent une dimension supplémentaire. On a d’ailleurs la sensation d’une vraie évidence, tant les mots et les dessins tissent ensemble une histoire puissante, intelligente et sensible, qui offre une morale formidable : les artistes ont tous un peu de magie en eux, nous avons tous un peu de magie en nous, écoutons-la !
La collection Graphic s’enrichit donc d’un nouvel opus, encore une fois, superbe ! La qualité de l’impression, le soin apporté à la mise en page sont un écrin pour les mots et les illustrations. Accessible aux jeunes lecteurs, comme aux adultes, La Fille aux mains magiques est une bouffée de joie et de tendresse, à partager.
Chronique de Sylvie ‘822’ Gagnère