L’histoire de Râma est une des plus anciennes légendes de la mythologie hindoue. Elle a été longtemps transmise oralement avant d’inspirer de nombreuses versions écrites en plusieurs langues. L’écrivain indien contemporain Ashok. K Banker s’est inspiré de l’épopée la plus ancienne (écrite en sanscrit par le sage Valmiki) pour rédiger en anglais sa propre version : une saga de fantasy en six volumes.
Le thème de base est simple, c’est la lutte du Bien et du Mal. Deux camps sont en présence : les Devas et les Asuras, autrement dit les Dieux et les Démons. Ces derniers ont pour chef Râvana, Seigneur de Lanka. Il s’apprête à conquérir les royaumes aryas. S’il réussit, il pourra dominer le monde et vaincre les Dieux. Pour mettre en échec Râvana, les Dieux ont choisi un champion : Râma. C’est le fils premier-né du roi d’Ayodiâ qui a repoussé victorieusement une précédente attaque des démons. Dûment averti par les prophéties, Râvana, avant d’envahir le continent indien, cherche à se débarrasser de Râma par tous les moyens : visions cauchemardesques destinées à terrifier le jeune prince ; tueur envoyé à la cour sous un déguisement ; intrigues de harem pour évincer sa mère, première épouse du roi, et pour empêcher celui-ci de désigner Râma comme son héritier.
Pour arriver à ses fins, Râvana a, de plus, une alliée dans la place : une sorcière, servante de la jalouse deuxième épouse… Heureusement, Râma peut compter sur des alliés sûrs. Ses demi-frères lui sont loyaux. Quelques sages brahmanes, qui sont dans le secret des Dieux, veillent sur le futur héros, le guident de leurs conseils et le dotent de pouvoirs magiques.
Dans le premier tome, le très sage Visvâmitra réclame l’envoi de Râma dans la forêt de la peur pour y affronter une géante maléfique. Une mission qui a valeur d’épreuve initiatique pour lui comme pour Lakshman, son frère et fidèle second. Ils en sortiront plus forts pour affronter Râvana.
Dans le second volume, le péril se rapproche. L’armée des démons débarque, détruisant tout sur son passage. À la cour d’Ayodiâ, la sorcière adepte de Râvana redouble d’intrigues et sème la zizanie. Visvâmitra persuade Râma de l’accompagner jusqu’à Mithilâ. Une double mission l’y attend : conquérir sa cousine Sitä et sauver une ville impossible à défendre, à moins de recourir à un terrible sacrifice…
Dans le troisième livre, alors même que le royaume de Ravana sombre dans la guerre civile, le roi d’Ayoda est contraint d’exiler Râma et de le déshériter en faveur du fils de sa deuxième épouse. Accompagné de Sitâ et de Lakshman, Râma part vers la jungle maudite du Dandaka-van. Le trio est averti : s’il respecte la non-violence, tout se passera bien. Sinon la guerre entre humains et démons reprendra…
Le Râmâyana ne s’arrête pas là. L’exil de Râma va durer quatorze ans… Pas question de dévoiler à l’avance ce qui va se passer dans les trois livres suivants. Même pour ceux qui connaissent la légende d’origine, il y aura des surprises. Si Ashok.K. Banker a conservé l’histoire de base, il en a changé la structure, rajoutant nombre d’événements et personnages de son cru, et prenant même quelques libertés avec la fin traditionnelle. Résultat : un foisonnement d’épisodes, une multiplicité de rebondissements et de personnages. On s’y perd parfois un peu. D’autant qu’il y a des digressions : discussions philosophiques sur le dharma, le karma ou le système des castes, récits édifiants de la vie de tel ou tel dieu du panthéon hindou ou des héros fondateurs des royaumes aryas. L’ambition de l’auteur est de faire revivre la civilisation des Aryâs dans toute sa complexité. Pour cette reconstitution, il s’appuie sur les recherches historiques, mais surtout laisse libre cours à son imagination. On est en pleine fantasy style « sword and sorcery » : combats surhumains, magie, monstres, métamorphoses. Les armes et les techniques de combat sont exotiques. Il est question de figures du yoga, de mantras, de rituels védiques. Les scènes de rues (fort colorées), les paysages sont ceux de l’Inde. Dépaysement garanti. La multitude de termes empruntés aux langues indiennes d’hier et d’aujourd’hui oblige le lecteur à consulter souvent le lexique final. Dans l’ensemble, l’histoire est prenante, les personnages attachants et complexes. C’est un univers fascinant, moins manichéen qu’on ne pourrait le croire au premier abord.
Conseil aux lecteurs qui voudraient en savoir plus sur l’Inde, sa mythologie et sa philosophie, pour suivre cette série avec plus de facilité : Catherine Clément résume fort bien les choses dans Promenade avec les dieux de l’Inde (Points. Collection Sagesses).
Chronique de Marie Renée ‘1366’ Lestoquoy
Éditeur | Pocket |
Auteur | Ashok K. Banker |
Pages | 715 |
Prix | 9,40€ |
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Notre avis
4.3
C’est un univers fascinant, moins manichéen qu’on ne pourrait le croire au premier abord.