Les Éditions Sombres Rets publient une nouvelle anthologie qui a pour thème l’animal fabuleux qui, dans la littérature de l’imaginaire, a toujours eu une place de choix. Les dix-neuf auteurs sélectionnés nous emmènent dans un sacré voyage. Le bestiaire est fourni, avec des classiques – sirènes, dragons ou licornes –, mais avec des surprises, comme le fameux dahu ou un cochon savant. Tous les genres sont abordés, aussi bien la fantasy, le fantastique, le conte, la SF, le post-apo ou le steampunk cette variété est très plaisante.
Dans La chasse du baron Richecourt d’Aurélie Genet, on découvre un conte humoristique autour d’un improbable animal : le dahu ! Un texte qui raconte sérieusement et avec brio une histoire complètement loufoque. Plus sérieuse et même dramatique, La Valse de la sirène de Bleuenn Guillou met en scène la fameuse créature qui, pour le coup, ne nage pas dans le bonheur. Les personnages y sont très réussis.
On part au Japon avec Inari no Shiden par Ophélie Hervet. Dans ce conte philosophique, on assiste à une belle rencontre entre un jeune garçon et un kistsune (esprit, ici sous la forme d’un renard). Original, et poétique. Tepthida Hay, quant à elle, nous transporte dans la jungle indochinoise avec À la poursuite du khting voar. Du steampunk exotique qui étonne – la créature recherchée n’étant pas celle qu’on croit. On fait un tour sur le continent nord-américain avec Phil Becker, dans un texte qui sent la testostérone et dont le titre, Ganiagwaihegowa, est un excellent exercice de diction.
Plus près de nous, Le Dernier des Massafides par CD Inbadreams, aborde le genre de l’horreur, mais à la sauce provençale. Les dialogues, fort drôles, valent le détour. Peu de SF dans cette antho. Malgré tout, Le Chat de Shrodinger d’Anne Goulard crée une ambiance bien sombre dans un cadre post-apo. Le chat très spécial est le seul élément rassurant.
La palme de l’originalité peut aller à deux nouvelles. D’abord, Propensia animis spongiasis par Emmanuel Ardichvili, où un plongeur découvre une étrange entité sous-marine qui va prendre possession de lui. Du fantastique avec un fond d’écologie revancharde. Très original. Et puis, Comme les rois mages, de Jean-Marc Sire, qui est difficile à définir. Disons que c’est un délicieux délire qui rappelle l’ambiance du film L’Âge de glace.
Cyril Carau a réussi à rassembler des textes très différents les uns des autres et qui sortent des sentiers battus. L’exigence de qualité fait que l’on prend plaisir à parcourir cette anthologie. Au fi l des pages, le lecteur peut apprécier ce qui fait tout le charme de la lecture : être surpris. Bravo aux auteurs pour leur imagination fertile.
Chronique de Philippe ‘1540’ Goazempis