Premier ouvrage de science-fiction de ce petit éditeur rennais, Réalité 5.0 regroupe cinq nouvelles d’anticipation (dont quatre inédites), assez parisiennes dans l’ensemble.
Après la préface d’Antoine Mottier, qui se paye parfois de mots et de formules dispensables, Thomas Geha ouvre le bal avec Ma Douce Colombine, une belle histoire d’amour qui rappelle que la réalité virtuelle ne vaut pas la vraie. Si la fin est prévisible, l’auteur a su pousser le dénouement un peu plus loin, non sans égratigner au passage les vices de notre société, et c’est tant mieux.
Elena Avdija nous fait visiter dans Les Passerelles un Paris en partie sous Dôme, où la population des mutants et laissés pour compte de l’extérieur organise des combats au bord de la Seine, que des nantis viennent reluquer en bateaux mouches. Un récit qui multiplie les points de vue et doté d’une forte charge critique. Narrativement intéressant.
Immersion d’Aliette de Bodard se veut le texte phare du recueil (car gratifié des Prix Locus et Nébula, comme signalé sur la couverture). L’effet est partiellement gâché par une traduction inaboutie (faiblesses de style, coquilles et erreurs), ce qui est fort dommage. Mais une fois que l’on s’est immergé dans l’histoire, si je puis dire, on ne peut qu’en apprécier l’idée centrale. De la science-fiction qui ouvre des horizons et fait réfléchir : c’est bien.
Avec Plastique, Sébastien Degorce nous enferme aux côtés des malades parisiens atteints d’un nouveau virus terroriste dans le quartier de Quarantaine. Puis il nous plonge dans un cauchemar… À vrai dire, c’est un peu confus et ce texte aurait mérité plus de cohérence narrative pour que le lecteur puisse l’apprécier vraiment.
Malgré son titre, la mayonnaise n’a pas pris à la lecture du dernier texte, celui de Jean-Marc Agrati, Une petite mayonnaise de pur plaisir, cocktail de sexe, de violence et de vulgarité qui semble gratuit, alors même que l’idée de base n’était pas inintéressante, loin s’en faut.
Au final, un recueil en demi teintes, que l’on peut acheter pour ses trois premiers textes et pour la dimension critique qui l’irrigue, mais qui laisse une légère insatisfaction. Et c’est dommage, car les auteurs semblent avoir des choses à dire et des qualités d’écriture. Espérons que les prochains titres SF de l’éditeur sauront faire mieux et nous surprendront…
Nous en pensons ...
Notre avis
3.3
Au final, un recueil en demi teintes, que l’on peut acheter pour ses trois premiers textes et pour la dimension critique qui l’irrigue, mais qui laisse une légère insatisfaction. Et c’est dommage, car les auteurs semblent avoir des choses à dire et des qualités d’écriture. Espérons que les prochains titres SF de l’éditeur sauront faire mieux et nous surprendront…
C’est vrai que la préface est particulièrement indigente, mais j’ai bien aimé l’objet. J’ai cru comprendre (entendu aux utopiales avec un des auteurs) que l’anthologie devait comprendre plus de textes mais qu’il y a eu quelques accrocs… en tout cas, on peut (re)lire le texte de Aliette de Bodard dans l’antho des utopiales de l’année dernière.