Alexia Tarabotti est une vieille fille bas-bleu, ainsi que sa propre famille ou les gens du monde désignent avec mépris toutes les femmes qui affichent des prétentions littéraires ou intellectuelles. Il faut dire qu’Alexia n’a pas sa langue dans sa poche, et que sa cervelle fonctionne très bien. Elle a beau adhérer parfaitement aux valeurs de la bonne société victorienne à laquelle elle appartient, elle détone pas mal dans le décor, avec son physique d’italienne, son caractère vif et surtout son indépendance d’esprit qui la pousse à s’intéresser à ce qui ne concerne pas les dames. Comme par exemple les sciences et les techniques. Pour couronner le tout, Alexia est une « Sans-âme », l’une des rares personnes capables de rendre par un simple contact leur mortalité à un vampire ou un loup-garou1.
Dans le tome 2, Sans Forme, la vie d’Alexia change du tout au tout. Tout en participant au conseil secret de la reine, elle doit s’habituer à vivre avec la meute de Woolsey en tant que femelle Alpha. Elle se voit même obligée de suivre son époux en Écosse. Dans le même temps, des vampires isolés disparaissent, tout comme des Sans-Meute, ce qui devient inquiétant.
Dans le 3e opus de la série, Alexia a dû retourner vivre chez sa famille (laquelle fait penser à celle de Cendrillon, même si c’est son père biologique qui est mort) et tout le monde lui bat froid depuis qu’elle a annoncé qu’elle était enceinte (fin du t. 2). En effet, loups-garous et vampires sont des êtres morts vivants. Par conséquent, personne n’arrive à croire que l’enfant puisse être de Conal : un mort ne peut donner la vie. La situation devient intenable quand l’information se répand : les vampires semblent décidés à la tuer comme si elle était devenue une menace insupportable et celui qui est son meilleur ami, Lord Akeldama, a disparu avec tous ses clones. Alexia décide d’aller en Italie chercher des preuves pour convaincre son mari borné. Mais en Italie, les Templiers mènent depuis des siècles des recherches sur les paranaturels, qu’ils veulent éradiquer. Elle ne se doute pas qu’elle se jette dans la gueule du loup, si on peut dire…
D’ordinaire, j’ai plutôt du mal avec la Bit-lit (genre surtout axé sur les émois adolescents contrariés par la nature souvent vampirique et peu recommandable de l’être aimé), mais il faut reconnaître que cette trilogie, très bien traduite par Sylvie Denis, est un petit bijou d’humour et d’ironie. Les personnages sont bien campés ; ils évoluent, même les personnages secondaires. Les intrigues prennent la forme d’enquêtes policières et tiennent la route. La société décrite est la fois familière et décalée, sorte d’uchronie qui nous plonge dans une fantasy urbaine qui fait son miel du personnel fantastique traditionnel et de l’époque victorienne. Bref, on ne s’ennuie pas, même si le style volontairement passéiste dans certaines de ses tournures peut parfois agacer… Une bonne surprise, quoi.
Note :
(1) Voir chronique du tome 1, Sans Âme, dans le PdE n°69.
Éditeur | Orbit |
Auteur | Gail Garriger / trad. Sylvie Denis |
Pages | tome 2 : 318 tome 3 : 309 |
Prix | tome 2 : 16,50€ tome 3 : 16,90 |