« Ad Noctum » de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait

"Ad Noctum" de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait
« Ad Noctum » de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait

Dans un avenir plus ou moins lointain, l’entreprise globale Genikor fait en sorte que son slogan « Chaque jour nous donnons la vie » soit une réalité du quotidien. Grâce à la génétique, elle régit la vie de chaque citoyen/consommateur en repoussant les limites de la mort. Elle fabrique des super-soldats pour mener la guerre, des clones pour toutes les tâches domestiques, surtout les plus inavouables. Même l’ennui est géré par cette entreprise qui a tout prévu : la filiale Zaroff organise des chasses aux animaux préhistoriques issus de manipulations génétiques…

En ces temps sombres où des esprits chagrins nous annoncent une Science-fiction moribonde, délaissée par le lectorat au profit de littératures plus faciles d’accès comme la Bit-lit ou la Fantasy, que penser de ceux qui continuent à en publier ? Que penser de ces éditeurs qui publient non pas un, mais bien deux auteurs totalement inconnus, français de surcroît ? Est-ce de l’inconscience, du courage, de l’abnégation, ou juste une bravade face à un système qui réclame toujours plus de rentabilité ? Depuis que je suis régulièrement (sans pouvoir tout lire, à mon grand regret) les publications de la collection Lunes d’encre, j’ai eu le temps de me faire une petite idée. Et c’est seulement en achetant mon exemplaire de ce livre paru en janvier 2012 que cette petite idée est devenue pour moi une évidence : les quatre à la fois !

AD Noctum n’est pas un roman à proprement parler. Il s’agit plutôt d’un recueil de nouvelles, neuf pour être précis, divisé en trois parties inégales. Sur un peu plus de 300 pages, les deux auteurs bordelais nés tous les deux en 1972 nous offrent neuf visions d’un futur tout à fait crédible, où la gestion de la société dans son ensemble a été privatisée. Genikor est une société transnationale qui, grâce aux manipulations génétiques, régit absolument toute la vie des gens, du moment que ceux-ci sont prêts à perdre leur liberté. Après tout, si on nous offre la fin des maladies, des désagréments de la grossesse, l’immortalité (ou presque), pourquoi pas ? Et pour ceux qui ont été traumatisés par la guerre, Genikor est même en mesure de leur effacer la mémoire, histoire de repartir de zéro…

La grande force de ce livre réside dans le fait que les auteurs nous donnent à lire neuf nouvelles totalement différentes les unes des autres, tant dans la forme que dans le fond, ainsi que par les genres abordés. Cette diversité contribue grandement au plaisir que l’on prend à lire ce livre. Bien sûr, toutes les nouvelles ne se valent pas. Si la qualité des textes est globalement assez haute (je pense notamment à la nouvelle FTA qui ouvre de façon assez fracassante le recueil), j’en ai trouvé une ou deux qui m’ont particulièrement ennuyé. Pour ne prendre qu’un seul exemple, Sexus machina est une nouvelle érotique plutôt bien troussée, mais à la fin beaucoup trop prévisible. Cependant, même les nouvelles un peu faibles servent à la compréhension de l’ensemble. En tout cas, ces petites réserves ne doivent surtout pas vous détourner de ce livre. Tout comme la couverture, à mon avis pas très heureuse car un peu trompeuse.

AD Noctum fut réellement pour moi une bonne découverte, de celles qui vous font voir ce que doit être la SF aujourd’hui, et vous donnent encore un peu d’espoir dans le monde de l’édition.
À signaler que la société Genikor possède un site internet, ainsi que sa propre page FB.

Chronique de Antoine Chalet

Editeur Denoël
Auteurs Ludovic Lamarque et Pierre Portrait
Collection Lunes d’encre
Pages 322
Prix 20,50€

 

Nous en pensons ...

Notre avis

3.9

AD Noctum fut réellement pour moi une bonne découverte, de celles qui vous font voir ce que doit être la SF aujourd’hui, et vous donnent encore un peu d’espoir dans le monde de l’édition.

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